Lyon, capitale de la Résistance, dit-on fréquemment. Ce que confirme l’écrivain Paul Morand écrivant : « Aujourd’hui, remontant la vie à contre-courant, je demande à Lyon d’être un refuge, un Hôtel-Dieu où se faire panser, un bivouac dans le siècle en désordre. » 

       
Plaque commémo à Lyon-Montchat                      Musée de la Résistance [1]

Lyon, capitale de la zone libre,  accueillit en effet malgré les foudres de la censure vichyste, la presse parisienne repliée sur la ville. On en trouvait un peu partout, par exemple les futurs membres de l’Académie Goncourt André Billy place des Terreaux et Alexandre Arnoux à côté de l’église Saint-Nizier.
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      L'église Saint-Nizier & la place des Terreaux


Ils se rencontraient le plus souvent dans la presqu’île, rue de la Poulaillerie (quel beau nom, n’est-ce pas !) dans l’immeuble qui héberge maintenant le musée de l’imprimerie, avec à l’entrée sa magnifique cour carrée renaissance baptisée Cour Maurice Scène, du nom du grand poète lyonnais, maître es poésie de Louise Labbé. [2]

               
La cour Maurice Scève                                  Francis Ponge


Cette maison de la presse était du genre ruche bourdonnante, on y rencontrait des gens qui ont compté en leur temps, le journaliste Émile Henriot, les deux "figaro" Vladimir d’Ormesson et Louis Gabriel- Robinet, les deux "Paris soir" Françoise Giroux et Roger Vailland, quelques "jeunets" comme Kléber Haedens ou Michel Déon, ceux de L’Action française avec le lyonnais Henri Béraud comme chef de file, dont l’anglophobie donnait des boutons à beaucoup de ses confrères. Autant dire que ça grenouillait fort et qu’on ne s’y ennuyait pas.  

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Henri Béraud                     Michel Déon                           Roger Vailland


La poésie était aussi présente avec Pierre Emmanuel qui migra pour le reste de la guerre dans la Drôme à Dieulefit, « admirable village dont le nom est à lui seul une promesse et qui fut, dans l’extrême division des consciences, une image de l’unité de la patrie », Francis Ponge qui lui aussi migra à Roanne où il écrivit "Souvenirs interrompus".  René Leynaud, un autre poète et résistant lyonnais, compagnon d’Albert Camus à Combat, qu’il rencontrait  rue Vieille Monnaie sur les "Pentes" devait être fusillé quelque temps plus tard.

        
Pierre Emmanuel                     René Leynaud                   André Billy 


En ces temps difficiles, Lyon put s’enorgueillir d’avoir vu naître deux revues littéraires remarquables. L’arbalète parut en mai  1940 avec des moyens rudimentaires, une presse à bras dans l’appartement du 8 rue Godefroy avant de s’adresser à l’imprimerie Audin, rue Davout (depuis, devenue rue Audin). [3] Confluences, la revue du poète et romancier René Tavernier qui parut un peu plus tard en juillet 1941, fut un grand foyer de résistance, suspendu un temps par la censure. Sa maison Chambovet, disparue depuis,  recevait des Résistants venus s’y réfugier quelque temps, comme par exemple Elsa Triolet et Louis Aragon.


      
    
René Tavernier           Marius Audan            Alexandre Arnoux

Notes et références
[1] Voir "Lyon, quartier libre", Centre d’histoire de la déportation, 14 avenue Berthelot 69007 Lyon
[2] Voir ma fiche Terre des écrivains sur Maurice Scève --
[3] Voir L'imprimerie de Lyon et le fonds Audin --

* Voir aussi mes fiches sur la Catégorie Lyonnais --
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