Salvador Dalí, "Une seconde avant l’éveil", Joann Sfar, septembre 2016/mars 2017, à l’Espace Dalí, 11, rue Poulbot, 75018 Paris
Autoportrait "mou" "Galarina" Dali, La salle du trône
C’est Joann Sfar, conteur, auteur de la bande dessinée Le Chat du Rabbin et du film Gainsbourg, Vie Héroïque, qui a imaginé cette rencontre artistique avec Salvador Dali. Lassé des censeurs, le peintre avait écrit en 1939 une "Déclaration d’indépendance de l’imagination des droits de l’homme à sa propre folie". Son but est de représenter, d’illustrer sa puissance imaginative en jouant sur les associations d’idées et d’images spontanée.
Musée Salvador Dali à Figueras Le patio de l’entrée
L’exposition nous entraîne dans un monde "dalien" étrange, une espèce de recherche initiatique, une perception renouvelée des concepts du maître plasticien.
Salvador Dalí
(1904-1989) a embrassé bien des domaines artistiques, tour à tour
peintre, sculpteur, graveur, scénariste et écrivain. Rompant avec les
expositions précédentes, celle-ci exposition se veut aussi en décalage
par rapport aux approches classiques de Dali et de son œuvre.
Le jeune Dali constitua un illustre trio avec ses "complices" étudiants le poète Federico García Lorca et Luis Buñuel, avec qui il écrira le scénario du film Un Chien andalou, s’adonnant aussi à une étude approfondie des textes de Freud.
Sur les conseils du peintre Joan Miró, il s’installe à Paris en 1927
pour y rejoindre très rapidement la mouvance surréaliste où il rencontre
sa future femme, muse et galeriste Gala, qui abandonna pour lui le poète Paul Éluard.
"Chez Gala" à Pubol
« Dali, l’explorateur aussi hardi que lucide de l’irrationnel. » Brassaï
Salvador Dalí
élabora peu à peu son propre style, aussi bien dans son comportement,
son aspect extérieur avec ses célèbres moustaches en crocs empruntées au
peintre Vélasquez vers 1929, que dans son style artistique basé comme il le définissait lui-même sur la méthode paranoïaque-critique.
Dans
les années trente, il fut exclu (comme tant d’autres) du groupe des
surréalistes, il passa les années de la guerre civile espagnole dans
différents pays d’Europe puis quitta la France occupée pour s’installer à New-York pendant huit ans où il s’imposa comme un des meilleurs peintres de son époque.
Athlètes cosmiques Autoportraits au miroir Guillaume Tell
Même
s’il est difficile de séparer le personnage de son œuvre, cette
dernière fut saluée comme une étape marquante dans l’évolution du
surréalisme et des mouvements picturaux ultérieurs alors que l’homme,
très marqué par le narcissisme et la mégalomanie, avait tendance à
irriter fortement le monde de l’art qui appréciait peu son comportement.
À sa décharge, il faut souligner le poids familial qu’il porta, celui
qui passait pour la réincarnation de son frère éponyme mort à l’âge de
deux ans, aux conséquences multiples comme cet enfant mort recouvert
dans l’Angelus de Millet dont il pressentit la présence.
Son imagination débridée, difficile à définir, tranche avec un style pictural assez classique, assez proche de la peinture de la Renaissance, surtout après son retour en Catalogne
à partir de 1949 quand il renoua avec le catholicisme et aspira à une
espèce de synthèse qu’il nomma, selon ses formules tarabiscotée, « le mysticisme corpusculaire. »
Ses thèmes favoris tournaient autour du rêve et de la sexualité, avec sa femme Gala
comme sujet préféré, la religion et des sujets plus spécifiques comme
le comestible. On lui doit en particulier des toiles célèbres comme La Persistance de la mémoire ou à motif religieux Le Christ de saint Jean de la Croix.
Gala en "Leda atomica" Sa célèbre "Persistance de la mémoire"
De retour en Catalogne en 1949, il s’orienta vers le catholicisme, son style le rapprocha de la peinture de la Renaissance et il s’inspira des évolutions scientifiques de son temps pour faire évoluer son style vers ce qu’il nomma « mysticisme corpusculaire ».
Joann Sfar, formé aux Beaux-Arts de Paris, nous invite à l’accompagner dans une navigation à travers le cerveau de Dali.
Pari risqué autant qu’entreprise exaltante d’imaginer ce qui pouvait
bien se passer dans le bouillonnement cérébral du célèbre peintre. Une
espèce de conte qui invite à participer, dans le dédale des figures
recomposées par le pinceau de l’auteur.
Portrait de Mae-West
On a dit qu’elle représentait une sorte d’invitation au "voyage immobile", vers des horizons oniriques et les obsessions "daliennes"
à travers des thèmes et ses modèles. On y découvre plus de 200 dessins
originaux, des croquis et des esquisses dans un ensemble ponctué par les
sculptures et objets surréalistes de Dalí ainsi que les créations Haute Couture de Schiaparelli qui ont inspiré l’artiste. Le tout couronné par le trait de Sfar très influencé par le dessin de dessinateurs et d’illustrateurs comme Sempé ou Hugo Pratt.
Et justement, Joann Sfar publie un récit en bande dessinée en hommage à Dalí, intitulé Fin de la parenthèse, dont les dessins originaux sont présentés dans l’exposition.
Voir mes fiches sur Dali :
* Salvador Dali, Figueras et Pubol-- Salvador Dali à Port-Lligat --
Voir aussi mes articles :
* Le poète Paul Eluard - Federico Garcia Lorca - Pablo Picasso et les femmes -
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