Hélène Grimaud, Brahms et la nature
pour s’attaquer au déluge de notes, aux explosions d’accords dont Johannes Brahms émaille ses compositions, Hélène Grimaud puise son inspiration dans la nature. Dans son beau livre Retour à Salem [1], qu’on peut lire tout en l’écoutant jouer ses concertos, elle évoque sa découverte d’un manuscrit de Brahms à propos d’un curieux voyage qu’il aurait effectué dans les forêts du côté des bords de la Baltique. Cette double rencontre à travers ce livre et les deux concertos pour piano de Brahms représente pour elle le meilleur exemple de son rapport à la nature.

« Brahms, dit-elle, est ce génie des nuages noirs, des ciels bas et des buissons mouillés de brume. Il m’est plus intime que n’importe quel autre compositeur et il est celui sans qui je ne pourrais vivre. Jouer sa musique c’est comme marcher entre deux abîmes et flirter avec le vertige ».
Belle profession de foi.


                             
Hélène Grimaud Retour à Salem


Une œuvre « aux complications rythmiques infinies, aux soubresauts complexes entre accords massifs et grands écartements ». déclare Hélène Grimaud à propos du second concerto de Brahms au début de son roman intitulé Retour à Salem. Elle s’est tellement investie dans cette partition qu'elle en a fait le point de départ de son récit.
Pour elle, être une interprète signifie d’avoir d’abord une réflexion personnelle, chercher à travers sa musique une résonance avec son propre travail, sa propre sensibilité. 

Il lui faut, comme elle l’exprime elle-même, « instaurer un contexte d'émotion partagée avec le public ». Son approche des deux concertos de Brahms, s'inscrit dans cette démarche. Le choix de Brahms n’a rien d’un hasard puisque le compositeur l’a toujours accompagnée. Son premier disque en 1996 lui était déjà consacré. Deux ans plus tard, c’est le premier enregistrement du Concerto n°1, avec la Staatskapelle de Dresde dirigée par Kurt Sanderling. C’est un succès, elle arrive à  faire passer la trame dramatique des années de jeunesse de Brahms.

        

 La route vers le Concerto n°2 sera encore plus difficile… une période de 5 ans marquée d’essais et de doutes. Enfin en 2012, elle se décide à le réaliser avec le Philharmonique de vienne dirigé par Andris Nelsons. 

Voyons ce qu’il en est dans les différentes phases d’exécution. Dans le premier mouvement introduit par une belle envolée du cor, elle utilise à merveille le rubato, c’est-à-dire sa capacité à faire varier la vitesse  d’exécution des notes selon son inspiration. La pluie d’arpèges qui suit conduit au célèbre scherzo (Morceau plutôt vif et gai) qui fit le succès de l'œuvre. 

Pièces pour piano op 118 et sonate n° 3

Le mouvement suivant, un andante, par nature plus méditatif, est fondé sur un échange avec le violoncelle qui renvoie d’ailleurs au duo entre Hélène Grimaud et Sol Gabetta dans la Première sonate pour violoncelle. [2]

Hélène Grimaud a aussi interprété d'autres œuvres pour piano de Brahms comme ses deux sonates (n°2 et 3 en la mineur op 2 & 5), les différentes pièces pour piano (op 76 & op 118-119), les fantaisies et intermezzi op 116-117 ou la rhapsodie n°2 op 79. [3]

                
Hélène Grimaud joue Brahms : Pièces pour piano et sonates 


Notes et références
[1] Hélène Grimaud, Retour à Salem, éditions Albin Michel, 256 pages, octobre 2013
[2] Album Duo, Johannes Brahms, Sonate pour violoncelle en ré majeur op. 78 
[3] Hélène Grimaud joue la rhapsodie n°2 de Brahms --


Voir mes différentes fiches :
* Hélène Grimaud, De Chopin à Water -- Perspectives --
* Hélène Grimaud, Musique en photos -- H. Grimaud joue Brahms --


< • Christian Broussas – H. Grimaud - 11/01/2018 -© • cjb • © >