« Il fut un homme de vastes ambitions et de grandes passions, un artiste dans son siècle et un magicien du rêve. »

               
Gary & sa femme l'actrice Jean Seberg         Gary avec son fils Diego


"Une histoire d’un amour fou entre une mère et son fils".

Après le film Jules Dassin sorti en 1970, le cinéma s’empare à nouveau de cette relation si particulière entre une femme Nina et son fils dont Romain Gary, le fils en question, s’est servi dans son "roman" La Promesse de l’aube paru en 1960 avant de devenir "double prix Goncourt".

L’auteur trace le portrait d’une femme pugnace qui a décidé que son fils devrait atteindre le sommet, qu’elle avait un fils exceptionnel promis à un destin fabuleux. Elle en est si persuadée qu’elle fera tout pour que sa volonté soit faite.

C’était tentant pour Éric Barbier de se saisir de cette histoire hors paire pour jouer sur tous les ingrédients qu’elle contient, sa puissance mélodramatique et son romanesque bâti sur une passion amoureuse hors norme. La tension dramatique, sa densité naît aussi d’un roman-témoignage qui mélange réalité et fiction introduite par le fils-écrivain, fiction rêvée par une mère qui fantasme sur le devenir de son enfant, médiatisée bien plus tard par une vision rétrospective qui module la réalité biographique.

« Il eut mille vies, sans compter celles qu'il s'inventa dans une œuvre qui tient du palimpseste et du mille-feuille » a écrit Le Figaro.

   
Nina-Charlotte Gainsbourg et Romain Gary-Pierre Niney


Aviateur, compagnon de la Libération, diplomate, l'écrivain était un homme multiple. Originaire d'une famille juive de Lituanie, sa soif de reconnaissance va déboucher sur ce qu’on a appelé une mystification littéraire : en écrivant plusieurs romans sous le pseudonyme d’Émile Ajar, il est le seul écrivain à avoir reçu deux fois le prix Goncourt, en 1956 pour Les Racines du ciel, puis en 1975 pour La Vie devant soi.

Pendant sept ans, c'est son petit cousin, Paul Pavlowitch, qui prête ses traits à Émile Ajar sans faillir. La "supercherie" sera cependant dévoilée à la mort tragique de l'écrivain. Mais Romain Gary, né Roman Kacew à Vilnius en Lituanie en 1914, a aussi écrit sous d’autres pseudonymes dont Lucien Brûlard qui n’est pas sans rappeler Henry Brulard, double de Stendhal dans son autobiographie éponyme. Dans sa dernière lettre découverte à sa mort, cet homme "incendié de songes" conclut : "Je me suis enfin exprimé entièrement." Et signe : "Romain Gary". [1]

        

Voilà pour le côté biographique. Mais pour Romain Gary la vérité est différente. « La vérité ? Quelle vérité? La vérité est peut-être que je n'existe pas. » [2] Pour lui, ce n'est pas simplement une formule, mais un profond désir d'échapper aux autres, pouvoir se fuir et se réinventer tout à la fois. Entre sa soif de vivre et son attraction pour le néant, Romain Gary se cherche et recherche une voie étroite comme un pionnier, il est, toujours selon Le Figaro, « une métaphore de la liberté. »

Notes et références
[1]
Sur son itinéraire biographique, voir le livre biographique écrit par son ex femme Lesley Blanch "Romain, un regard particulier"

[2] Voir Myriam Anissimov, Romain Gary, le caméléon, éditions Denoël

< • Christian Broussas - Romain Gary - 12/01/2018 -© • cjb • © >