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C'était l'occasion ou jamais : la mise aux enchères d'une œuvre unique. De généreux donateurs ont permis au Louvre d'acquérir ce joyau d'orfèvrerie et d'enluminure de la Renaissance.

           
Le livre d'heures : couverture et page d'exemple

C'est une œuvre exceptionnelle qui vient de rejoindre le patrimoine national, une œuvre « sans équivalent dans les collections françaises et étrangères », selon le président du Louvre, Jean-Luc Martinez, le Livre d'heures [1] est le seul témoignage que l’on connaisse des biens de la dynastie des Valois disparus à la fin du XVIe siècle. 

Manuscrit de petit format –il fait 8,5 cm de hauteur pour 6,5 cm de largeur-, il est composé de seize peintures et de nombreuses initiales décorées. Sa reliure en or émaillé est ornée de pierres précieuses, rubis et turquoises, et de deux grandes plaques de cornalines gravées (pierres fines de couleur rouge). 


       
                                        Dos de la reliure      Le roi en prière devant St Marculf


Il est aussi accompagné d'un signet ou marque-page en forme de colonne sertie de rubis et de turquoises. Acquis par François Ier en 1538, le Livre d'heures est en Angleterre depuis le XVIIIe siècle. Il a appartenu à Jeanne d'Albret, reine de Navarre (1555-1572), nièce de François Ier et mère d'Henri IV qui en hérita à son tour. Marie de Médicis le céda plus tard au cardinal Mazarin. Il aura donc fallu attendre de longues années pour qu’il revienne en France prendre une place d’honneur dans les collections du Louvre.

Le musée du Louvre avait d'abord lancé une opération visant à réunir un million d'euros. Devant le succès obtenu, il décida de la poursuivre en faveur de cette "œuvre d'intérêt patrimonial majeur". Finement, elle recueillit la participation de 8.500 personnes dont 55% de primo-donateurs, même si quelques gros donateurs eurent une contribution décisive dont LVMH, principal donateur des quelque 9 millions qu'il fallut réunir pour acquérir cette œuvre.
         
                                                                                                                    

François Ier et son image
C’est au XVIe siècle que la monarchie commence à construire des images, ses premiers discours, prémices d’une logique de "propagande", même si c’est un néologisme, pense à une communication monarchique qui ne prendra son plein essor qu’au siècle suivant. 
Si le roi songe alors peu à modeler son image, ses conseillers et les lettrés qu’il protège s’en chargent pour lui. Ainsi naît l’idée que le monarque, protecteur des lettres et des arts, doit s’en servir pour assurer la promotion de son image auprès de ses sujets et face à la postérité. 

François 1er utilisera ce moyen, surtout vers la fin de son règne, grâce aux nouvelles techniques disponibles comme la gravure et l'imprimerie. Pour lui, Claude Garamont créera les poinçons d'un nouveau caractère : les grecs du roi qui serviront à imprimer les éditions princeps [2] des manuscrits grecs de la bibliothèque du roi.

« On le sollicite, il acquiesce et la chose devient sienne » dira Bruno Petey-Girard [3], il se coule dans la silhouette que l'on donne de lui, finissant par l'entretenir de façon efficace, inconsciemment et sciemment. Son entourage lui en abandonne la gloire. Naturellement. ».
                                   
François 1er en habit de sacre       St Jean écrivant son évangile à Patmos


Notes et références
[1] Un livre d'heures est le livre de dévotion courant des catholiques laïcs qui date de la fin du Moyen Âge. On y trouve le texte des prières, le plus souvent des psaumes, prononcées au cours de la journée (les « heures ») en particulier lors de certaines fêtes liturgiques (celle de la Vierge par exemple). Il se compose en général d'un calendrier, des heures de la Vierge, des psaumes de la Pénitence et de l'Office des morts.
[2]
Première édition d'un ouvrage
[3] Auteur de Le
Sceptre et la plume, images du prince protecteur des lettres de la Renaissance au Grand Siècle, Éditions Genève, Droz, 2010



Voir aussi
* Vidéo de Présentation --


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