Référence : Didier Decoin, Louise, éditions Le Seuil, 378 pages, avril 1998

   Didier Decoin en 2009

« Imaginons que la vie ne soit pas tout à fait ce qu’on croit, imaginons qu’elle soit beaucoup plus étonnante… » Didier Decoin

C’est une île française isolée dans l’océan atlantique au large du Canada : Saint-Pierre et Miquelon qui sert de décor à cette histoire. Une île soumise au dur climat du lieu avec ses hivers interminables, son vent glacial et ses brunes givrantes qui s’infiltrent dans les maisons. 

Si la morue, les chalutiers ont longtemps été sa seule ressource, elle a connu un vif déclin dû à l’évolution des techniques, son renouveau lui vint un temps de la prohibition américaine. Gustin Guiberty s’était vite aperçu en 1923 de l’opportunité qui s’offrait à son île. Il en a bien profité pendant une dizaine d’années, le temps de la prohibition et on dit même qu’Al Capone en personne serait un jour venu y faire la fête et célébrer son rôle de plaque tournante du trafic d’alcool.

       

Mais de cette fortune, il ne reste rien, ses descendants Joanne Guiberty et sa mère Denise, maintenant très âgée, vivent comme elles peuvent, Joanne vivote de son salon de coiffure à l’enseigne Al’s qui rappelle la fameuse rencontre entre Gustin son aïeul et Al Capone. Elle vit seule, son petit ami américain ne venant la voir quelques jours que deux fois par an. Un jour, elle recueille une jeune fille Manon, une québécoise échouée à Saint-Pierre accompagnée d’une oie des neiges à l’aile cassée qu’elle a appelée Louise. Une attirance indicible que Joanne ne s’explique pas.

« Manon et son oie sauvage vont apporter à Joanne un nouvel élan vers la liberté, une nouvelle idée du bonheur. » Didier Decoin

Même si elle manque de moyens, Manon s’est mise en tête de se faire fixer une perle sur le bout de la langue, ce que Joanne se décide à faire, bien qu’elle n’ait aucune expérience en la matière.

Mais que fait cette môme, une québécoise apparemment, dans cette île où elle n’a aucune attache ? Mystère qu’elle entretient, ne se livrant pas facilement. Comment croire aussi à son histoire de ressuscitée, déclarée morte d’une crise cardiaque après une danse endiablée, revenue à elle dans les bois on ne sait combien d’heures plus tard ?
Manon n'est pas fille à rester longtemps au même endroit et après un tour au cap Tourmente, une balade à Miquelon, elle décide de repartir au Québec.

           
« Il ne mettait pas vraiment des idées dans ses livres. Juste des histoires. Il écrivait des bouquins pour partager ce qu’il imaginait et qui lui plaisait bien mais il ne cherchait pas à convaincre qui que ce soit et à faire bouger les choses. »
Didier Decoin, "Louise", page 347


Joanne et Manon profitent du grand envol annuel des oies sauvages dans les battures du Saint-Laurent du côté de Montréal, pour se retrouver. Elles veulent que Louise, rétablie maintenant et dont l’aile s’est bien ressoudée, puisse s’envoler avec ses congénères vers des cieux plus céments. Des dizaines de milliers de bêtes participent à cette envolée, suivie par des spectateurs dont certains ne rateraient pour rien au monde le spectacle.

Voir mes fiches sur Didier Decoin :
* Didier Decoin, "Docile" -- * Didier Decoin, "Une anglaise à bicyclette"
* Didier Decoin, "Lewis et Alice" -- Didier Decoin, "La pendue de Londres --
* Didier Decoin, "La femme de chambre du Titanic" -- Louise --
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