Référence Stefan Zweig, "Clarissa", éditions Belfond, traduction Jean-Claude Capèle, 1996
Clarissa, téléfilm de Jacques Deray, diffusé en 1998


          

C’est la dernière œuvre, restée  inachevée, qu’écrivit Stefan Zweig avant de mettre fin à ses jours. Une œuvre retrouvée dans ses archives où il décrit un monde situé entre 1902 et le début de la Seconde Guerre mondiale, comme il l’a dit lui-même, « vu à travers les yeux d'une femme ».



Il nous offre un délicat portrait de femme à l'aube du XXe siècle, à une époque donc de la montée des nationalismes qui conduira à la guerre. Elle est une jeune fille sérieuse et réservée qui, après la mort de sa mère, sera placée en pension dans une institution religieuse jusqu'à ses dix-huit ans. Stefan Zweig dit d’elle que « on sent à peine votre présence, et vous-même ne la sentez peut-être pas assez ». Elle étudie ensuite l'éducation et la médecine puis la psychiatrie en devenant l’assistant du professeur Silberstein.

Son héroïne Clarissa, née en 1894,  est la fille d'un militaire autrichien, rigide, campé dans les certitudes d’un autre temps, qui ne comprend ni son époque ni sa fille. 

 
                                                             Images du film

À la veille de la Grande Guerre, elle fait la connaissance au cours d’un congrès à Lucerne, en Suisse, d’un jeune socialiste français, Léonard, qui rappelle par certains côtés l’écrivain pacifiste Romain Rolland que Zweig admirait et dont il a publié une biographie. Mais la guerre et son père qui intercepte les lettres que Léonard lui a envoyées, vont les séparer pour de longues années. Clarissa tente de reprendre une vie normale mais elle est enceinte de Léonard. Cette maternité qu’elle va assumer envers et contre tout, y compris contre  l'hystérie nationaliste qui s’est développée dans tous les pays à la faveur de la guerre, va sceller son destin.

            

Roman posthume et inachevé dont le film éponyme qui en est tiré a préféré donner une fin plutôt optimiste, surtout si on pense à xx de Stefan Zweig à l’époque où il l’écrit, Clarissa finissant par retrouver un Léonard claudiquant mais épargné par la guerre. Le film s’achève par leur départ pour les États-Unis, comme lui-même avait fui l’Europe pour trouver refuge en Amérique du sud.  


Ce roman, véritable testament de Stefan Zweig qui disait que « tout homme qui refuse de hurler avec les loups se retrouve tout seul », symbolise bien sa conception d’un idéal humaniste confronté à une réalité qui le poussera au désespoir.

                           

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