Exposition Auguste Renoir 2018-19

 
Autoportraits 1899 et 1910      Autoportrait au chapeau blanc par Lucas 1919


Dans la dernière partie de sa vie, Auguste Renoir se partage entre Essoyes, le village natal de sa femme, et Cagnes-sur-mer où il découvre l’univers méditerranéen. Il délaisse alors le style impressionniste qui a fait son succès pour un rendu plus personnel, des « œuvres tardives » que certains ont jugé avec sévérité.

    
Cagnes, vue de la poste, 1907                                   Grand nu, 1907


Ses nombreux séjours à Cagnes-sur-mer seront l'occasion pour celui qui est surtout considéré comme un portraitiste, de se consacrer aussi à la peinture de paysages.
La rétrospective que lui consacre le Grand Palais, [1] à défaut de réconcilier tout le monde, aura au moins la vertu de faire le point sur l’évolution de celui qui a marqué le mouvement impressionniste.

          
Fleurs & fruits, 1889 
                 Danse à la campagne  1883, Orsay (détail)


Si Monet a ouvert la voie à l'abstraction et Cézanne au cubisme, qu’en est-il de Renoir ? Il a en tout cas influencé la jeune génération. Certains décors de Matisse, certains nus de Bonnard, de Picasso, comme la Grande Baigneuse de 1921 doivent beaucoup à Renoir. Si un tableau comme Le Bal du moulin de la Galette de 1876) est bien représentatif de sa période la plus féconde, l'exposition à travers les 110 œuvres qu’elle propose, s'intéresse au Renoir du xxe siècle, celui qui prend ses distances avec ses amis impressionnistes et cherche désormais sa propre voie.  

             
Cagnes : la maison Collettes 1909            Terrasse à Cagnes-sur-mer 1907


Sa dernière période  a souvent suscité autant d'enthousiastes que de détracteurs. Si, pour Apollinaire par exemple, « le vieux Renoir est le plus grand peintre de ce temps », d'autres pointent ce qu’ils appellent « sa touche cotonneuse » ou ses « nus vineux »

 
Baigneuse assise 1914              Les baigneuses, version de 1916

« L'exposition, explique la commissaire  Sylvie Patry,
[2] est née de la perplexité suscitée par le fossé entre la déconsidération qui entoure aujourd'hui le "dernier Renoir" et le prestige dont il jouissait au début du XXe siècle. »


        
Madeleine Bruno 1916             Les baigneuses, version de 1918-1919


Un nouveau peintre
Après les tableaux sur " des enchantements atmosphériques ", il a une autre vision de son art dès la fin des années 1870. « J'étais allé jusqu'au bout de l'impressionnisme, dira-t-il à Ambroise Vollard, l'un de ses marchands. Et j'arrivais à cette constatation que je ne savais plus ni peindre ni dessiner. En un mot, j'étais dans une impasse. »
 
En 1881, lors d’un voyage en Italie, il découvre les fresques de Raphaël, sa palette devient plus simple, plus concise. Il continue à évoluer vers un style plus aérien, avec des paysages (surtout à Cagnes-sur-mer) et de nombreux portraits, développant aussi, comme le dit Sylvie Patry, [2] une « obsession du corps féminin. »
 
                     
Gabrielle aux seins nus 1907             Gabrielle aux bijoux, 1910              

Nus et baigneuses
Alors que la peinture évolue vers le cubisme, Renoir peint rageusement des nus voluptueux aux chairs opulentes ou des nymphes intemporelles s’ébattant dans la nature.
C’est d’autant plus curieux que Renoir vit alors une période très difficile, atteint de rhumatismes qui le mèneront peu à peu à la paralysie. Il se fait aussi beaucoup de soucis pour ses deux fils Pierre et Jean qui seront grièvement blessés sur le front. Sa femme Aline meurt en 1915 en revenant de rendre visite à son fils Jean alors hospitalisé.


Et pourtant, rien ne transpire dans ses tableaux qui représentent des scènes idylliques, bien loin de la maladie et de la guerre.
Mais peut-être était-ce sa façon à lui de transcender la réalité en montrant l’intemporalité de l’art ?


             
Autoportrait  1910                     Jeune fille à la mandoline 1918 


Même si sa dernière période est très critiquée, Mary Cassatt évoquant même « ses énormes femmes rouges », sa réputation s'est étendue jusqu’en Amérique et les expositions se multiplient, grâce aux marchands Durand-Ruel, Vollard et les Bernheim.

En 1923, les fils Renoir veulent offrir à l'Etat Les Baigneuses, l'un des derniers tableaux de leur père, qu’il refuse dans un premier temps alors que le mécène américain Barnes en propose 800 000 francs.

        
Paul Durand-Ruel   1910                                    Les deux baigneuses 1919

Notes et références
[1]
Une précédente exposition sur Renoir avait eu lieu au Grand Palais en 2009-2010 sur le thème « Renoir au XXe siècle »[2] Voir aussi Sylvie Patry, Renoir au XXe siècle, éditions Découvertes/Gallimard

Voir mes fiches * Renoir à Essoyes et Montélimar, De Renoir à Picasso --

          
Femme nouant son lacet 1916              Le concert 1919 


Voir aussi
* Le bouquet de tulipes, musée de l’Orangerie, Florilège Renoir Le peintre & l’homme --* Présentation de Vikidia -- Sa période dite nacrée --
*
Pascal Bonafoux, Renoir, éditions Perrin

* Anne Distel, Renoir, éditions Citadelles & Mazenod

        
Mme Renoir avec Bob, 1910             Graziella 1910


 
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