Référence : Jean-Marie Rouart, Le goût du malheur, éditions Gallimard, 320 pages, 1993, Collection Folio 2734, juin 1995

« Entre le succès et l’échec, il y a une redoutable frontière qui elle-même est une énigme. Et cette énigme enveloppe nos vies dans le plus romanesque des défis. »
Jean-Marie Rouart, Discours de réception à l'Académie française.


      

Jean-Marie Rouart l'écrivain - Présentation

Il publie son premier roman La Fuite en Pologne en 1974. Puis il publie successivement La Blessure de Georges Aslo en 1975, Les Feux du pouvoir, prix Interallié en 1977 et Le Mythomane, en 1980, obtenant aussi le prix Renaudot avec son roman Avant-guerre, en 1983.
Six autres romans ont suivi : Le Cavalier blessé en 1987, fresque historique à l’époque du Premier Empire, La Femme de proie en 1989, Le Voleur de jeunesse en 1990, Le Goût du malheur en 1993, et L’Invention de l’amour en 1997.  


On lui doit également plusieurs essais : Ils ont choisi la nuit, prix de l’Essai de l’Académie française en 1985, sur le thème des écrivains qui se sont suicidés, Omar, la construction d’un coupable, en 1994, qui revient sur le procès d’Omar Raddad.
Académicien en 1997, il a publié ce dernières années. Une jeunesse perdue et Le psychodrame français, où il traite du lien entre politique et histoire, particulièrement en France avec ses contradictions, ses relations claniques.
 

« Comment faire soi-même son malheur ? » aurait dit le psychologue Paul Watzlawick à propos de ces gens qui avaient tendance à errer dans la vie àla recherche d'une espèce de graal, sans vraiment savoir ce qu'ils voulaient.  À priori, tous ces gens avaient tout pour être heureux mais il faut croire que le bonheur ne se mesure pas à l’aune de sa richesse.

On pourrait aussi se référer à cette citation de
Dostoïevski tirée des Possédés : «  Tout est bien... Tout. L'homme est malheureux parce qu'il ne sait pas qu'il est heureux. Ce n'est que cela. C'est tout, c'est tout ! » 


               

Des personnages qui ont ce goût-là, pour qui le malheur constitue une façon de brûler une vie qui, sinon, leur paraîtrait fade. L’amour est leur refuge, leur planche de salut et en même temps un antidote pour calmer leurs angoisses. 

Pendant une semaine, nous suivons ces personnages désenchantés, prisonniers de leur passé, entre Paris, Londres et Venise. Pour l'amour et le bonheur, ils ne sont pas vraiment doués, le recours au sexe serait le remède à tout, la panacée à tout leur spleen. Le problème, c'est que rien n'est gratuit et que le passé va revenir comme un boomerang.

         

« Tout obtenir afin de tout mépriser. » Maurice Barrès

Jean-Marie Rouart jongle avec ses personnages dans des histoires d'amour qui se font et se défont au rythme de leur passades et de leurs coups de cœur.
En gros, l'écrivain Julien Thomas aime Tina après avoir été l'amant de sa mère. Hugo Fortis, autre écrivain mais reconnu celui-là, trope sa femme avec Aglaé, une riche et superbe africaine, dans un palace vénitien. Édouard de Verres, responsable d'une grosse association humanitaire, est fort tenté de tromper sa femme Diane avec Sandrine, avec une jeune stagiaire qui travaille à l'association.


          

Ces trois intrigues vont ensuite s'entrecroiser au gré des rencontres entre les différents personnages.
Un livre bâti sur une trame en ellipse, ce qui ne facilite pas toujours la lecture, qui dégage souvent un goût acide, entre amertume et nostalgie.



Voir aussi
* JM Rouart, Un amour empoisonné --

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