Référence : Catherine Logean, Confessions à un ficus, éditions L'arbre vengeur, 216 pages, aôut 2022
Voilà le pauvre Geoffroy Despond
coincé dans un ascenseur comme il est coincé dans sa minable existence,
un travail épuisant puis sans grand intérêt pendant que dans le même
temps, tout sourit à Alexandre son jumeau.
Lui, sa fiancée Line l'a quitté et il a quitté sa boîte d'emballages, la New Packaging, pour aller ensuite trier des pommes.
Même s'il finit par taper dans l'œil de Sophie, une metteuse en scène d’avant-garde, qui monte une pièce intitulée Liberté et encodage, où ?, il continue de subir et s'interroge sur l'absurdité d'une vie qu'il réussit pourtant à supporter, disant : « Foulerai-je un jour la terre d'un pas léger, délesté du fardeau qui m'encombre, et que je peine à définir ? » Il
fait parfois pitié mais peut-être que quelque chose, un déclic ou un
ficus l'aiderait à comprendre les mystérieux ressorts de sa condition.
Avec Aurélien Delsaux Avec Maxime Maillard
L'ensemble est assez touffu, basé tout à la fois sur une critique du management et de la finance, du théâtre d'avant-garde, des mouvements psys, en passant par le Pavillon des cancéreux de Soljenitsyne… (p 78/137/161)
Mais elle manie si bien l'humour qu'on lui pardonne volontiers, par exemple le dialogue entre le psy et les lamentations de Geoffroy ou la traduction française des paroles que prononce en anglais le gourou. (p 196) [1]
Poésies et koans
Les "koans" de Jérôme ne manquent pas non plus de sel :
« J'éteins la lumière, où va-t-elle ? » p 168
« Quand le vent souffle vers l'ouest, le nuage va vers l'ouest. » p 168
« Le courant rapide n'a pas emporté la lune... La lumière existe dans l'obscurité. » p 179 [2]
Les livres aux ressorts comiques sont assez rares dans l'univers littéraire. Celui sur les confessions à un ficus en fait partie, sinuant entre les impasses et les angoisses propres à notre époque à travers la morne existence de Geoffroy et les errements dans l'Ashram du Devenir. [3] Elle utilise ainsi la puissance de l'humour pour narrer les heurs et malheurs de son héros qui serait plutôt un antihéros.
Ce n'est qu'à la fin que les rails d'Oleg en Russie et celles de Geoffroy en Normandie parviennent à se rejoindre. « Vas ! Vis ! Vas ! Vis. »


De l'écoute au repli sur soi Respect et manque de respect
La psy comme fil conducteur
* Le psychiatre Somme peut-il indiquer à Geoffroy une solution ?
--> Geoffroy et sa mère : névrose et psychose (p 71)
--> Dialogue de sourds avec le docteur : toujours positiver (p 147)
--> Geoffroy fait une fixette sur son frère, le psy sur sa mère (p 156-57)
neutralité bienveillante p 158 (cf non directivité, Rogers)
* Sophie Garèle
--> Liberté et encodage, où ? Concept de finitude et réalité du travail p 77
--> Sophie voudrait exprimer "une densité creuse, une présence absente" et "l'indéterminé interroge l'existence". (phraséologie p 88 et p 92)
* Geoffroy Despont
► Les 2 faces de Janus : Geoffroy & Alexandre son jumeau (échanges non/non)
Carmen et l'Ashram p 159-60
►Ses emplois : New packaging (les alvéoles) puis Pom d'or (retour à la terre)
- népotisme et paternalisme p 20
►stage Assertivité "affirmation de soi, cf les assiettes et apprendre à dire non
- se reconnecter à son corps (p 112) - les "vertus" de l'Ashram (p 122)
les "koans" p 168 179
- "Que dit-on après bonsoir ?" (p 100) cf Éric Berne
►participation/motivation = tâches supplémentaires p 26-27
- Le langage de la stratégie d'entreprise rejoint celui de Sophie sur "la mouvance du vide" (p 23-24) et concilier productivité/bien-être du salarié.


Assertivité, définition Dualité ok/non ok
Notes et références
[1] Échanges (extrait)
« — J'ai perdu un emploi respectable
— Vous avez eu l'intelligence de démissionner d'un poste qui ne vous convenait guère.
— J'ai un emploi provisoire d'ouvrier agricole
— Vous découvrez que le travail manuel vous apporte plus de satisfaction qu'un poste de cadre. »
[2] Autres koans :
« Si tu parviens au sommet de la montagne, continue de monter... mais Celui qui gravit une montagne doit en redescendre. » (p 169 & 182)
« Il est de la nature de l'eau de couler vers le bas. » (p 183)
[3] A l'heure où j'écris ces lignes, personne n'a encore retrouvé la tong du gourou que le chien Maharishi a piquée.
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<< Christian Broussas •• Logean Ficus •• © CJB °°° 22/10/2023 >>
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