dimanche 21 janvier 2024

Amos Oz, Judas

 Référence : Amos Oz, Judas, éditions Gallimard, 352 pages, août 2016

         
« Je ne crois pas à la rédemption du monde. »
Amos Oz

En 2016, deux ans avant sa disparition, j'avais déjà publié une fiche sur son recueil Scènes de vie villageoise avec en complément la trame de trois autres de ses œuvres. Cette fois, c'est à travers l'un de ses derniers romans intitulé "Judas" que je me suis de nouveau intéressé à lui.

Le jeune Shmuel Asch désespère d'avoir assez d'argent pour pouvoir poursuivre ses études quand, ô miracle, il tombe sur une petite annonce assez inédite susceptible de
résoudre son problème : un homme d'un âge (70 ans), invalide et cultivé, recherche un "garçon de compagnie" auquel il offre, en contrepartie de 5 heures de lecture et de conversation, un petit salaire et un logement.
Une aubaine pour lui, démuni après la faillite de ses parents et malheureux depuis le départ de son amie Yardena qui l'a quitté pour un hydrologue.

        

Le voilà donc installé dans la maison de Gershom Wald, « dans cette maison dont les murs sont capables d'absorber la douleur, » confronté à cet homme bizarre avec lequel il a de longues discussions souvent enflammées sur la question arabe ou les idéaux du sionisme. Il va aussi y rencontrer la belle Atalia Abravanel, un peu plus âgée que lui mais si fascinante ! Elle habite également dans la maison de Gershom et est la fille d'une des grandes figures du sionisme.

     
 
Mais Shmuel va bientôt découvrir qu'un lourd secret la lie à Gershom...
Amos Oz nous offre un beau roman d'amour dans la Jérusalem de la fin des années cinquante, une réflexion sur la notion de traitre -d'où le titre du roman- et sur les différenciations entre
judaïsme et christianisme. Dans ce roman, Amos Oz mêle le destin de ce jeune étudiant et l’Histoire de la naissance d'Israël à partir d’un questionnement sur les textes religieux, judaïsme et christianisme en particulier, et la figure de Judas.

           
                Avec ses parents                              Avec Barbra Streisand

Amos Oz est assez pessimiste sur l'évolution de l'état d'Israël : « Je vous le dis, cher ami, deux hommes qui aiment une même
femme, deux peuples réclamant la même terre auront beau boire ensemble des fleuves de café, ceux-ci n'éteindront pas leur haine, et les eaux ne la laveront pas. »
Voilà qui est dit par un romancier de grande autorité et de grande lucidité.

 
          

Amos Oz : Œuvres, quarto, avril 2022
Conçu avec l'écrivain et publié à titre posthume en 2022, cet ouvrage, intitulé simplement Œuvres, fait le point sur son parcours, à travers un choix de ses écrits et se termine par quelques conférences. Complété par des documents personnels inédits et les contributions de son traducteur anglais, Nicholas de Lange et de sa fille, l'historienne Fania Oz-Salzberger, cette édition permet de découvrir le regard qu'Amos Oz portait sur le monde, en particulier Israël, la Jérusalem divisée de son enfance et le kibboutz, lieu contrasté de solitude et de vie collective, creusets de son engagement politique.

                    

Voir aussi
* Scènes de vie villageoise --
* Soudain, dans la forêt profonde -- Entre amis --

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<< Christian Broussas • Oz Judas  © CJB  ° 20/01/2024  >>
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