Jacques Lacan né à Paris le 13 avril 1901 et décédé le 9 septembre 1981 est avant tout psychiatre et psychanalyste qui a voulu 'renouveler' l'œuvre de Freud.

Influencé au départ par le surréalisme, il soutient en 1932 une thèse de doctorat en psychiatrie. Après une psychanalyse avec Rudolph Loewenstein, il devient membre de la Société psychanalytique de Paris (SPP) en 1934, et en est élu membre titulaire en 1938. A partir des travaux de Françoise Dolto, il conçoit le stade du miroir en psychanalyse. [1]

C'est à partir de la Libération qu'il acquiert vraiment une dimension internationale. Il surprend le monde de la psychanalyse par son retour à Freud, ses idées structuralistes, sa manière de concevoir sa thérapie,, jusqu'à la scission avec les instances internationales. Il va dès lors combiner ses recherches avec son enseignement successivement à l'hôpital Sainte-Anne, à l'École normale supérieure, puis à la Sorbonne.

Jacques Lacan, rejetant le foisonnement de la psychanalyse qui s’égarait dans toutes les directions, traversée de querelles incessantes entre courants concurrents, n’a cessé de revenir aux fondamentaux, aux sources du freudisme. Dans les années 60-70, ses séminaires furent célèbres, de véritables institutions.

         

Féru de linguistique, cherchant sous les mots, à travers le style la vérité du sens profond, des signes révélateurs, il pensait que l’inconscient était structuré comme un langage et qu’il faut en pénétrer les règles pour découvrir la vérité de l’être. Sa morale partait du principe qu’il fallait d’abord se respecter soi-même, refuser la facilité et céder à ses désirs. Aller au cœur de l’homme, c’est explorer son inconscient, rechercher cette vérité profonde qu’exprime l’inconscient et qu’il nomme le signifiant primant sur ce qui est plus ou moins clairement signifié.

L’essentiel est donc bien la recherche du ‘’’signe’’’, d’où pour lui l’importance du langage. Il défendra ses pratiques d’abord de 1953 à 1963 à l’hôpital Saint-Anne puis rue d’Ulm et enfin pendant dix ans jusqu’en 1979 à la faculté de droit de la Sorbonne. Il n’aura de cesse d’oublier le milieu catholique et bourgeois dont il est issu, le conformisme familial pour être « esthète, nihiliste et cosmopolite » écrira dans sa biographie Élisabeth Roudinesco  [2]

              

Ses relations avec le monde de la psychanalyse sont compliquées, conflictuelles. En fait, il dérange. Malgré ses travaux d’abord sur la paranoïa d’autopunition pour sa thèse en 1932 (le cas Aimée) puis dans sa recherche sur ‘l’image de soi’ à travers l’enfant, dans le processus d’identification qu’il présente au congrès psychanalytique de Marienbad en 1936, il n’est pas reconnu par la profession. Après sa rupture avec la Société Psychanalytique de Paris (SPP), il fonde en 1953 la Société Française de Psychanalyse (SFP) avec son amie Françoise Dolto.

Nouvelle crise dix ans plus tard quand il est exclu du mouvement psychanalytique, condamné par l’Association mondiale de psychanalyste. Il fonde alors l’École Freudienne de Paris (EFP) qui connaît aussitôt un immense succès qui le surprend et finit par l’interroger : sa pensée mouvante, toujours habitée par le doute, ne » va-t-elle pas être déformée, transformée en dogme et devenue une vérité ? Être une doctrine figée, garder jalousement par des disciples défenseurs de la loi, ce contre quoi il a toujours lutté. En 1978, presque trois ans avant sa mort, déjà malade et en proie au doute, il décide brusquement de dissoudre l’EFP qui compte alors plus de 600 analystes.

Mais il n’y peut plus rien, le lacanisme se répand et son gendre Jacques-Henri Miller transcrira l’essentiel de ses séminaires entre 1973 «et 1995, publiant cette immense somme de travaux constitué d’une douzaine de volumes.

                  

Bibliographie

  • Ouvrages de Jacques Lacan :

o "Écrits", textes rédigés entre 1946 et 1960, collection Points, éditions du Seuil, deux volumes, Paris, 1966, réed. 1999, ISBN 2020380544)
o "Le Séminaire", éditions du Seuil, 12 volumes réunis par Jacques-Alain Miller
o "Autres écrits", éditions du Seuil, un volume, Paris, 2001 (ISBN 2020486474).

  • Ouvrages sur Jacques Lacan :

o Élisabeth Roudinesco : "Jacques Lacan, esquisse d'une vie, histoire d'un système de pensée", Fayard, 723 pages, 1993, ISBN 2213031460
o Philippe Sollers, "Lacan même", postface de Jacques-Alain Miller, Navarin éditeur, 2005
o Françoise Wolf, "Jacques Lacan parle, la conférence de Louvain", 1972, DVD, Arte vidéo

Références

  1. ↑ Selon sa biographe Élisabeth Roudinesco, « le stade du miroir est ainsi le moment ou l'état durant lequel l'enfant anticipe la maîtrise de son unité corporelle par une identification à l'image du semblable et par la perception de son image dans un miroir. »
  2. ↑ Élisabeth Roudinesco, « Jacques Lacan, esquisse d’une vie, histoire d’un système de pensée, éditions Fayard, 1993
  <<< Christian Broussas - Feyzin - juillet 2011 - Jacques Lacan <<< © • cjb • © >>>