Référence : Cynthia Fleury, Un été avec Vladimir Jankélévitch, Editions Equateurs parallèles, 2022
"Une approche décomplexée de ce grand classique" grâce à la présentation de Cynthya Fleury.
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Et pourtant, et pourtant… pourrait-on dire de Vladimir Jankélévitch,
ce philosophe atypique qui aurait pu être particulièrement pessimiste
sur l’humanité. De part ses origines, il a connu l’antisémitisme, il a combattu le nazisme, il a
ressenti la vie si difficile de ses parents dans cette Europe du nord
sujette aux pogroms, ce qu’il nomme « le malaise du semblable vis à vis du presque semblable. » Il aurait pu glisser vers le tragique de l’Histoire qui a tant marqué les années quarante et la guerre.
Et bien non ! Comme son compatriote Emmanuel Lévinas, contre vents et marées, il demeure un éternel optimiste.
Mais marqué malgré tout. Toutes ces années d'humiliation puis de
résistance pendant la guerre lui auront laissé une certaine réticence vis-à-vis de l'Allemagne. Il prend quand même la philosophie avec philosophie à travers ce qu'il appelait le « Je -ne- sais –quoi » et le « Presque-rien, », [1] fidèle à son maître Henri Bergson.
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Il fut toujours un grand mélomane, prisant des compositeurs aussi différents que Gabriel Fauré, Franz Liszt ou Maurice Ravel. Reliant intimement philosophie et musique, il a tenté de s’approcher de la virtuosité de Litzt avec ses mots et a développé ses concepts à partir des œuvres de Ravel et de Fauré.
« Dans une vie libre, il y a la permission d'espérer qui est tout. Car la liberté, c'est l'espérance permise. »
Cynthya Fleury propose une présentation en deux grandes parties :
ses domaines de prédilection (le temps, les vertus, l’amour, la
musique, l'engagement et l'Histoire), puis ses concepts essentiels pour "vivre le monde". Il est, dit-elle, « le grand maître des paradoxes. » Par exemple, la liberté ne peut être « quelque chose qui est » car il est impossible de la posséder, elle est « libératrice, une dynamique de libération. »
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Le temps, au sens du temps qui passe, peut être vu comme une répétition, un "éternel recommencement" mais « rien ne se répète, tout est inédit et inéluctable. » L’instant tel qu’il le définit est en même temps le premier (prima) et le dernier (ultima). Nouveau paradoxe pour cette notion insaisissable, autre facette du "presque rien" à laquelle il nous reste à donner du sens.
Cynthia Fleury nous fait partager son appétence pour Jankélévitch et s’efforce (avec succès) de le rendre accessible. Elle nous dit de l’homme qu’il aimait l'instant insaisissable, adorait la musique, détestait l'ennui, maniait avec délectation l’humour et l’ironie… et que le plus important restait l'amour. Une philosophie elle aussi paradoxale qui balance entre exigence et légèreté. Un philosophe qui ne se prend (pas trop) au sérieux.
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Notes et références
[1] « Seulement voilà, écrit-il, deux grands camps
s'affrontent en philosophie, qu'elle soit métaphysique ou morale : d'un
côté, ceux qui croient toucher du doigt la vérité et, de l'autre, ceux
qui sont conscients de ses multiples voiles, qui perçoivent non la
vérité mais le je-ne-sais-quoi et le presque-rien. »
Voir aussi
► Interview de Jankélévitch -- Emmanuel Lévinas --
► W. Marx, Un été avec Don Quichotte, 2024 -- C. Fleury, Un été avec Jankélévitch, 2023 --
► Mes articles :
► Sur Vladimir Jankélévitch, Biographie - L'aventure, l'ennui, le sérieux – Entre musique et philo -
► Sur Cynthia Fleury, Biographie, Ci-gît l’amer –
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< Christian Broussas – Jankélévitch - 20/08/2024 © • cjb • © >
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