« L'historien n'a rien d'un homme libre. Du passé, il sait seulement ce que ce passé même veut bien lui confier. »
L’historien et résistant Marc Bloch (1886-1944), grand résistant et grand historien fut exécuté le 16 juin 1944, tombant sous les balles d'un peloton d'exécution allemand.
C'est pendant la cérémonie commémorative du 80e anniversaire de la libération de Strasbourg que fut décidé le transfert de ses cendres au Panthéon. A côté de ses ouvrages historiques, Marc Bloch a également écrit un texte original intitulé L’étrange défaite, description lucide des faiblesses qui ont précipité la débâcle de 1940.
/image%2F0404379%2F20241229%2Fob_6fdc30_bloch-carole-fink.jpeg)
/image%2F0404379%2F20241229%2Fob_d44f42_marc-bloch.jpg)
/image%2F0404379%2F20241229%2Fob_127916_marc-bloch-defaite.png)
Il
fut l'un des plus grands historiens du XXe siècle, un héros de la
résistance et un témoin lucide de son temps. Ce médiéviste fondateur
avec Lucien Febvre de l'École des Annales a laissé plusieurs ouvrages d'un intérêt considérable sur cette époque : Les Rois thaumaturges (1924), Les Caractères originaux de l'histoire rurale française (1931), La Société féodale (1940), qui font toujours référence.
Dans cet article, nous nous pencherons sur un livre écrit à Guéret-Fougères dans la Creuse entre juillet et septembre 1940. À partir de ses souvenirs encore tout frais relatifs à la Campagne de France
(10 mai au 22 juin 1940) à laquelle il a participé, à des observations
sur le milieu militaire, il procède à un analyse sans concession du pays
et de sa situation à un moment crucial de son devenir. Et par certains
côtés, il est encore d'actualité.
L'historien et le guerrier
Responsable des approvisionnements de la 1ère armée engagée en Belgique sous les ordres du général Blanchard, il constate la désorganisation du commandement et note le décalage entre la Wehrmacht et l'armée française : « Les Allemands ont fait une guerre d'aujourd'hui, sous le signe de la vitesse. » Il raconte que le commandement français n'a pas compris le rythme imprimé par la guerre moderne, ayant de ce point de vue "une guerre de retard". Il concevait la guerre comme la conquête des colonies, « la sagaie contre le fusil. Mais c'est nous, cette fois, qui jouions les primitifs. »
/image%2F0404379%2F20241229%2Fob_331416_bloch-temoin.jpg)
/image%2F0404379%2F20241229%2Fob_c0c6c6_apologie-2.jpg)
Tous les officiers s'en doutaient. D'où cette anecdote, le général Blanchard confiant : « Je vois très bien une double capitulation. Et nous n'étions que le 26 mai 40. Et nous avions encore les moyens, sinon de nous sauver, du moins de nous battre longuement, héroïquement, désespérément, comme, en juillet 1918, les îlots de combat encerclés, sur la ligne avancée du front de Champagne... »
Il n'hésite pas à dénoncer un certain pacifisme de gauche qui ont eu des conséquences très négatives, « Je
n’ai jamais cru qu’aimer sa patrie empêchât d’aimer ses enfants ; je
n’aperçois point davantage que l’internationalisme de l’esprit ou de la
classe soit irréconciliable avec le culte de la patrie. »
Sa conclusion : « Il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l'histoire de France : ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims ; ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération. »
Notes et références
* Carole Fink, Marc Bloch Bio -- Lucien Febvre, Annales --
* Jacques Le Goff , le médiéviste -- La pensée de Fernand Braudel -- * Lucien Febvre créateur de L’École des Annales - Emmanuel Le Roy Ladurie - Georges Duby, Sur les traces de nos peurs --
------------------------------------------------------------------------------
<< Christian Broussas • Marc Bloch © CJB ° 29/12/2024 >>
------------------------------------------------------------------------------
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire