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dimanche 29 décembre 2024

Marc Bloch au Panthéon

 « L'historien n'a rien d'un homme libre. Du passé, il sait seulement ce que ce passé même veut bien lui confier. »

L’historien et résistant Marc Bloch (1886-1944), grand résistant et grand historien fut exécuté le 16 juin 1944, tombant sous les balles d'un peloton d'exécution allemand.
C'est pendant la cérémonie commémorative du 80e anniversaire de la libération de Strasbourg que fut décidé le transfert de ses cendres au Panthéon. A côté de ses ouvrages historiques, Marc Bloch a également écrit un texte original intitulé L’étrange défaite, description lucide des faiblesses qui ont précipité la débâcle de 1940.

     

Il fut l'un des plus grands historiens du XXe siècle, un héros de la résistance et un témoin lucide de son temps. Ce médiéviste fondateur avec Lucien Febvre de l'École des Annales a laissé plusieurs ouvrages d'un intérêt considérable sur cette époque : Les Rois thaumaturges (1924), Les Caractères originaux de l'histoire rurale française (1931), La Société féodale (1940), qui font toujours référence.

Dans cet article, nous nous pencherons sur un livre écrit à Guéret-Fougères dans la Creuse entre juillet et septembre 1940. À partir de ses souvenirs encore tout frais relatifs à la Campagne de France (10 mai au 22 juin 1940) à laquelle il a participé, à des observations sur le milieu militaire, il procède à un analyse sans concession du pays et de sa situation à un moment crucial de son devenir.  Et par certains côtés, il est encore d'actualité.

    

L'historien et le guerrier

Responsable des approvisionnements de la 1ère armée engagée en Belgique sous les ordres du général Blanchard, il constate la désorganisation du commandement et note le décalage entre la Wehrmacht et l'armée française :  « Les Allemands ont fait une guerre d'aujourd'hui, sous le signe de la vitesse. » Il raconte que le commandement français n'a pas compris le rythme imprimé par la guerre moderne, ayant de ce point de vue "une guerre de retard". Il concevait la guerre comme la conquête des colonies, « la sagaie contre le fusil. Mais c'est nous, cette fois, qui jouions les primitifs. »

    

Tous les officiers s'en doutaient. D'où cette anecdote, le général Blanchard confiant : « Je vois très bien une double capitulation. Et nous n'étions que le 26 mai 40. Et nous avions encore les moyens, sinon de nous sauver, du moins de nous battre longuement, héroïquement, désespérément, comme, en juillet 1918, les îlots de combat encerclés, sur la ligne avancée du front de Champagne... »

Il n'hésite pas à dénoncer un certain pacifisme de gauche qui ont eu des conséquences très négatives, « Je n’ai jamais cru qu’aimer sa patrie empêchât d’aimer ses enfants ; je n’aperçois point davantage que l’internationalisme de l’esprit ou de la classe soit irréconciliable avec le culte de la patrie. »

Sa conclusion : « Il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l'histoire de France : ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims ; ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération. »

Notes et références
* Carole Fink, Marc Bloch Bio -- Lucien Febvre, Annales --
*
Jacques Le Goff , le médiéviste -- La pensée de Fernand Braudel -- * Lucien Febvre créateur de L’École des Annales - Emmanuel Le Roy Ladurie - Georges Duby, Sur les traces de nos peurs --

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<< Christian Broussas • Marc Bloch  © CJB  ° 29/12/2024  >>
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mardi 13 août 2024

Autour de l’an mil

 

Restructuration européenne

Si les invasions ont une vertu, c’est celle de procéder à un brassage d’idées, de cultures et de savoir-faire techniques qui peuvent déboucher sur des innovations qui permettent le développement économiques. Vont ainsi apparaître les prémices de l’art roman avec les premiers monastères clunisiens dont le style va essaimer dans toute l’Europe chrétienne.

   Cluny III

Cette période va donner naissance à ce que les historiens ont appelé « la deuxième Renaissance médiévale » avec la naissance de deux pouvoirs forts en Occident, l’avènement en France de la dynastie des Capétiens avec Hugues Capet (987-996) et en Germanie avec le règne de la dynastie des Otton (936-1040), ce qu’on appelle parfois Renaissance ottonienne.

Parallèlement, on assiste à l'apogée de l'âge d'or de la culture arabo-musulmane qui s'étend sur trois continents alors qu’en Chine commence une période de prospérité avec la dynastie Song.

Au début du Xe siècle, l'Europe est une mosaïque de principautés, nées de la faiblesse des pouvoirs centraux et les princes ont de plus en plus de pouvoirs, comme celui de nommer les évêques.
Mais les choses vont changer avec,  pour le
Saint-Empire, le sacre d'Otton Ier en 936. La continuation sera assurée par son fils Otton II puis son petit-fils Otton III.

Les relations entre l’Empire et la papauté

Le pape Jean XII est un homme de combat qui veut réformer l’Église et étendre le territoire du Vatican.
Premier temps, il sollicite Otton Ier, héritier de droits sur l'Italie par son mariage avec Adélaïde de Bourgogne pour lutter contre le roi d'Italie Bérenger. Pour cela, ils passent un accord : Jean XII le couronne empereur le 2 février 962 et Otton reconnaît les États pontificaux. Mais parallèlement, le pape prend des contacts avec le fils de Béranger et avec le pouvoir byzantin.

Deuxième temps, Otton l’apprend, part pour Rome et fait juger le pape pour apostasie. Il est déposé en décembre 963, ce qui représente une première. Désormais, l'élection pontificale devra être approuvée par l’empereur. Il fera ensuite élire son candidat en 999,  Gerbert d'Aurillac, pape sous le nom de Sylvestre II, précepteur de son fils. Il jouera un rôle important dans l'élection d'Hugues Capet, puis en Pologne et en Hongrie.

La mutation de l’économie

Pendant le règne d'Hugues Capet et de ses successeurs Robert II (996-1031) et Philippe 1er (1031-1060), la société s'est rapidement transformée. Avec la paix revenue, les hommes redeviennent agriculteurs, des hommes jeunes et libres (l’esclavage disparaît peu à peu), les rendements augmentent et les paysans peuvent vendre leurs surplus. Produire plus intéresse tous les agriculteurs. Les techniques s’améliorent, les surfaces exploitées s’étendent.

Le commerce est favorisé par la création du
denier d'argent, monnaie fiable qui booste les échanges et les grandes invasions de l’époque vont contribuer à « redistribuer les cartes, » des paysans serviles se réinstallant à leur compte en défrichant leurs propres parcelles. Les conditions furent ainsi réunies pour créer un « cercle vertueux » favorisant les échanges commerciaux et dégageant les fonds nécessaires pour édifier les grandes cathédrales romanes puis gothiques.

       Baptême de Rollon

L’influence viking
Paradoxalement, les invasions vikings ont eu des conséquences contradictoires. Si au cours du IXe siècle, l’action des Vikings fut néfaste, ils finirent pendant le Xe siècle, par s’installer dans les contrées qu’ils pillaient et d’y commercer. Par exemple, les Danois s’installent dans le nord est de l'Angleterre en 897 et le roi Charles le Simple accorde la Normandie à Rollon en 911. Ils s'intègrent peu à peu à  l'occident féodal, deviennent chrétiens, membres importants de ces sociétés en se sédentarisant comme en Normandie ou en Northumbrie.

L’enjeu méditerranéen

   OTTON III

Quand Othon Ier investit l'Italie du nord au Xe siècle, il obtient par la même occasion un accès à la mer méditerranée. Elle est alors très convoitée par les grandes puissances commerciales, les Vikings présents dans tout le bassin, la république de Venise et les Maures très actifs, particulièrement en Provence où ils se sont établis. L’Italie est très bien placée avec des ports comme  Gênes qui occupe une position centrale ou même des villes comme Pise ou Amalfi.

Cette effervescence économique va engendrer des conflits, avec les sarrasins par exemple  pour contester l’invasion de la Corse et de la Sardaigne, pour éviter qu’ils deviennent les maîtres en mer Tyrrhénienne. Les Croisades vont aussi participer à l’essor commercial et culturel en favorisant les échanges avec le monde arabe et indirectement, avec la péninsule indienne et l'Extrême-Orient.

La terreur millénariste
Tout part semble-il d’une interprétation de l'Apocalypse selon Jean qui voit Satan revenir mille ans après l'incarnation du Christ, mais démentie par Saint-Augustin qui en fait une lecture non littérale, tout comme le moine Raoul Glaber (Histoires, IV, v. 1048)  qui ne parle que de « signes où Satan sera "déchaîné" après mille ans accomplis. » Formulation qu’on peut interpréter de différentes façons.

Il est vrai que cette "terreur millénariste" a été relayée par des prêcheurs itinérants, la Révolution française qui voulait ainsi justifier la confiscation des biens du Clergé et surtout par
Jules Michelet dans son Histoire de France (livre IV) qui évoque le millénarisme comme la crainte de la fin du monde après les mille années de l’incarnation du Christ.  À contrario, Abbon de Fleury écrit au roi  Hugues Capet vers 994 : « On m'a appris que des prêtres dans Paris annonçaient la fin du monde. Ce sont des fous. Il n'y a qu'à ouvrir le texte sacré, la Bible, pour voir qu'on ne saura ni le jour ni l'heure. »

Les Terreurs ou Peurs de l'an mille reposent sur un mythe développé à la Renaissance à partir d’une  chronologie de
Sigebert de Gembloux écrite au XII
e siècle. Mais il faut aussi se souvenir qu’à l’époque les hommes se repéraient dans la durée au rythme des saisons et aux grandes fêtes du calendrier religieux, l'année commençant d’ailleurs selon les pays à Noël ou à Pâques par exemple.

L'Empire et le pouvoir ottonien
Othon Ier, roi de Germanie en 936, réussit à vaincre rapidement les ducs de Bavière, de Franconie et de Lorraine, ainsi que les hongrois en 955 à la bataille du Lechfeld.
Couronné empereur des Romains, il contrôle les élections au Saint-Siège et gère la nomination des évêques. Il fait introniser son fils Otton II le Roux dès 967 et confie son éducation au futur pape
Gerbert d'Aurillac.

   OTTON II

Otton II parviendra à maintenir tant bien que mal l'unité de l'empire qui se développe mais ses initiatives militaires sont des échecs et il mourra à 28 ans en 983. Son fils Otton III tout jeune est placé sous la tutelle du prince Henri le Querelleur puis sous la Régence de sa mère, la princesse byzantine Théophano. Après le décès de celle-ci en 991, c'est Adélaïde, grand-mère de l'empereur, qui assurera la tutelle.

Une fois majeur, Otton III fait élire comme pape son protégé
Grégoire V, premier pape germanique, qui le couronnera empereur en . Puis il s'installe à Rome, se rapproche de la Pologne et de la Hongrie mais les romains le chassent de leur ville. C'est la fin de sa politique en Italie et il meurt tout jeune en 1002.

La Catalogne et Al-Mansur

Al-Mansur vizir du calife de Cordoue est connu pour sa violence et son intolérance religieuse et les communautés persécutées, juifs et mozarabes fuient avec leur savoir, enrichissant en particulier les monastères catalans. Vers le milieu du IXe siècle, les paysans en surnombre dans les contrées montagneuses investissent les plaines et les remettent en valeur.

En 985, Al-Mansur, pille Barcelone, capturant nombre d’esclaves. Le comte en appelle vainement à son suzerain le roi Hugues Capet. Il réagit, traite avec Al-Mansur, fait reconstruire les fortifications de Barcelone et organise la défense de la Catalogne. Dans le même temps, vers 1010, le califat omeyyade est en crise et l’aide apportée à l’omeyyade Muhammad II enrichit Barcelone.

   Peinture romane catalane

Castillans et Catalans vont au cours du XIe siècle placer sous leur protection les petits royaumes musulmans nés du délitement du califat qui payent tribut au comte de Barcelone. C’est pour le comte un âge d’or qui se traduit par la suprématie de ses marchands en Méditerranée et le développement de l'art roman.

Dans l’Espagne andalouse du VIIIe, la conjonction d’une politique fiscale favorisant les rendements et d’une pratique active de l’irrigation, ont permis d’améliorer grandement les récoltes, autant en quantité qu’en qualité.
Les Catalans qui se louent comme mercenaires du calife de Cordoue prennent connaissance de ces techniques agricoles qu’ils s’empressent d’utiliser de retour chez eux. Ils construisent des moulins et des systèmes d’irrigation, ce qui permet d’accélérer les échanges commerciaux avec le califat.

Le processus de développement peut alors s’enclencher par la mise en valeur des mines de fer du Canigou, l’essor du commerce maritime sur une côte délivrée de la piraterie sarrasine, des échanges sur la route qui relie le Roussillon à l'Ampurdan, la renaissance des marchés avec des échanges monétaires multipliés. La Catalogne devient en peu de temps une puissance commerciale reconnue.

   De Gerbert à Sylvestre

Sur le plan social, on assiste à de grandes transformations. Pendant les Xe et XIe siècles, la société devient féodale au détriment des petits paysans libres passant sous la coupe des seigneurs, avec  un pouvoir  militaire renforcé. La bourgeoisie villageoise gagne en pouvoir et en autonomie. De nombreuses villes obtiennent des chartes de franchise, les petits comtés ont tendance à fusionner et le serment de fidélité se généralise.

Par exemple, dès le XIe siècle, l'autorité du comte de Barcelone se renforce, et en 1111, le comté s'agrandit peu à peu de ceux de Besalù, de la Cerdagne et plus tard du Roussillon. C'est surtout par la catalogne que la culture arabe pénètre en Occident contribuant ainsi à cette nouvelle "Renaissance médiévale".


L’« âge d'or » de la civilisation arabo-musulmane

   L'Alhambra de Grenade

Cet âge d’or islamiste voit une grande expansion territoriale qui comprend  l'Arabie, s'étendant vers l'Indus, jusqu'en Égypte, en Afrique occidentale, et en Espagne. Les Abbassides règnent à Bagdad, y protégeant les sciences et les arts.

On situe cet "âge d’or" entre le VIIIe et le
XIIIe siècle. Longue période donc qui irradia dans maints domaines, aussi bien économique, commercial qu’artistique et développa rapidement à partir de l’an 850 une culture spécifique à partir de la langue arabe, de l’islam et la religion.

   Guerriers arabes

Son implantation sur trois continents lui permet de se développer et d’exporter ses connaissances surtout en matière de géographie, astronomie et de mathématiques et d’être un centre de la culture, (redécouverte d’Aristote par exemple) une culture a écrit Howard R. Turner « qui a directement et indirectement influencé les sociétés sur les autres continents. »

Mais cette civilisation qui dura presque un demi millénaire fut mise à mal à partir de 1206 par
Gengis Khan. L’Empire mongol conquit une bonne partie de l'Eurasie, dont la Chine et l'ancien califat. En 1258, Bagdad fut détruite par les troupes d'Houlagou Khan marquant la fin de l’âge d'or. 


La Chine et la dynastie Song

   L'empereur Song Taizu

La dynastie Song a dominé la Chine qui se développe autour de l’an mil,  entre 960 et 1279, succédant à la période des Cinq Dynasties et des Dix Royaumes et suivie par la dynastie Yuan.

Nous allons nous intéresser au royaume des Song du Nord entre 960 et 1127, avec comme capitale Bianjing (la Kaifeng actuelle). L'empire s'étend alors sur la majeure partie de la Chine historique.

L'empereur
Song Taizu (960-976) procède à une unification de la Chine par une série de guerres de conquête mettant fin à la dynastie précédente. Dans sa nouvelle capitale Kaifeng, il établit un gouvernement puissant qui assure une grande stabilité politique et administrative, formant des agents d'État réputés pour leurs compétences et leur attachement au pouvoir Song. Il aménage son territoire pour améliorer les communications à travers tout l’Empire, embauchant des cartographes qui créent des cartes provinciales réunies dans un grand atlas géographique. Il soutient aussi les innovations scientifiques et techniques en participant à des travaux comme la construction de la Tour d’horloge astronomique conçue par Zhang Sixun.

À partir 1127, commence son déclin. Le pouvoir perd tout le nord de son territoire au profit de la dynastie Jin. La cour impériale déménage alors au sud du fleuve Yangzi Jiang et s’installe dans sa nouvelle capitale Lin'an (l’actuelle Hangzhou).


Voir aussi
* Biographies : Al Fârâbi - Avicenne - Averroès - Ibn Khaldoun -


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samedi 10 août 2024

L’époque médiévale



1- Introduction au Moyen âge

11- Présentation
*
Le moyen âge : vision différente selon les époques --
* Féodalité : émiettement & faiblesse de l'État
* Place du Moyen âge dans l'Histoire : Antiquité (Thucydide, Tite-Live), Moyen âge=scolastique, Haute Renaissance.
12- La Haute Renaissance
- Alberto Mussato (1278-1329) Bio Henri VII en Italie, 1310-1313
- Guillaume de Machaut 1300-1377, ballade de Eustache Deschamp (1340-1404)
-
Christine de Pisan (1364-1431) Bio de Charles V (1404), Cité des dames [I]

13-
Les grands chroniqueurs
*
Grégoire de Tours (538-594) [Histoire des Francs, 572] [II]Frédégaire - Alcuin & Éginhard (bio Charlemagne, 830) [III]
* Abbé Suger (1080-1151), ministre de Louis VI le Gros & Louis VII le Jeune, basilique St-Denis
* Geoffroy de Villehardouin (1150-1215) : 3e croisade, 1190 "La conquête de Constantinople" + 4e croisade, 1204.                                
* Jean de Joinville (
1224-1317) : St Louis, 7ème croisade.
* Jean Froissard (1337-1410), Guerre de Cent ans de 1326 (Édouard II) à 1400


2-
Évolution et grandes périodes
* * De 476 à 1454/1492 -
21- Haut Moyen Âge : Vème-Xème siècles - servage - 476/395 - christianisme (scolastique)
   - marqué par déclin campagnes/essor villes
    - invasions barbares : les Huns (375) + Lombards (568)
    - En France : Mérovée (451) & Clovis (500), carolingiens (751-987) & Charlemagne/Empire puis vikings/sarrasins (880)
[
renaissance carolingienne 768-814/843]

22- Bas Moyen Âge : 
Renaissances médiévales : capétienne (987/1066) et ottonienne (963/1040), Cluny I (910-930, croisades (1095) 
 - du roman au gothique : Cluny II (963-81), Dijon 1001/Hildesheim 1010 + Conques 1041, Nevers-Moissac 1063, Pise 1093, Compostelle (1075) + Trèves 1160

- Littérature :
a) Chevalerie : Chanson de Roland, vers 1100, Chrétien de Troyes (1130-1185), 5 romans arthuriens, Marie de France (1160-1210), lais
[2] [IV]
b) littérature populaire :  roman de Renart 1170-1250 - roman de la rose Guillaume de Lorris 1230 et Jean de Meung 1270, Rutebeuf (1245-1285) -- [V]

3- Crise et évolution au XIV ème siècle 
31- La crise au XIV ème siècle (cf Guy Bois) Conjonction de phénomènes naturels et humains

311- Causes naturelles
- Les années terribles : pluies, froid persistants...
- Crises cycliques (1363, 1369-70, 1374, 1382), famines, maladies (pestes noire 1347-52 --> 1/3 pop européenne meurt)

312- Crise sociale
- La guerre maintient les revenus, 
augmentation charges, impôts
- Guerre de Cent ans (1337-1453), Crécy (1346), Poitiers (1356, Jean II), Révoltes : ex 1382, les Maillotins sous Charles V
313- Crise religieuse
- Grand schisme d'occident 1309-78/1378-1417 - Avignon - concile Constance

32- L'Italie du trecento

La littérature italienne au XIVème siècle (trecento)
1- Dante Aligheri
(1266-1321), Florence. Grande influence avec son ami Giotto (1266-1336) - "Guelfes blancs" exilé 1301
La Divine comédie, 1315 (selon Boccace) et Béatrice Portinati.

Voyage au royaume des morts guidé par Virgile, cheminant à travers les pièges des 9 cercles de l'Enfer menant au centre de la Terre, nombril de Lucifer. Après les 7 marches du Purgatoire, il voit Béatrice en rêve avant d'être aspiré vers les 9 sphères du Paradis guidé par St-Bernard.

2- François Pétrarque (admire Dante) et Jean Boccace, florentins et amis, initiateurs de l’humanisme. (recours à l’antique et au langage populaire)

* François Pétrarque (1304-1374) compose
Le Canzoniere (Chansonnier), recueil de 366 poèmes écrits en italien pour Laure de Sade ou de Noves, aperçue le 6 avril 1327, dans l'église Sainte-Claire d’Avignon pendant son exil.
- Valorise langue populaire et tente de concilier christianisme et antiquité.
- Adepte du style dit "dolce stil nuovo" (poésie courtoise) initié par Dante Alighieri. [1] Invente le
sonnet.

3- Jean Boccace (1313-1375) – précurseur de la nouvelle.
Le Décaméron, le livre des 10 jours et des 100 histoires pendant peste Florence (1350)
Univers idyllique où « L'aurore déjà de vermeille qu'elle était, à l'apparition du soleil, devenait orangée … » s’opposant à la peste noire. (antithèse)
À travers des contes, Boccace traite de l'amour, la courtoisie, l'intelligence, la fortune (et leur contraires), attaque le clergé et promeut la femme.

Littérature médiévale, exemples
Christine de Pizan [I], Clovis [II] Éginhart [III], Marie de France [IV], Rutebeuf [V]

Notes et références
[1] Ce style atteignit son apogée au xvie siècle avec Bembo en Italie, les poètes de la Pléiade et les Lyonnais Maurice Scève et Louise Labé, au xviie siècle Clélie et l’Astrée (Urfé).
[2] Exemple de lai : Lai à l'amitié --

Voir aussi
* La littérature médiévale, exemples --

Le courant des Annales :
Maurice Agulhon, Emmanuel le Roy Ladurie, André Burguière, Georges Duby

Complément : Les mérovingiens après CLOVIS

Thierry I
511-34 + Clodomir 511-24 + Childebert I 511-58 + Clotaire I 511-61
Caribert 
561-567 + Gontran 561-592 + Sigebert I 561-575 + Chilpéric I 561-584
Clotaire II 584-629 --> Dagobert I 629-639 --> Clovis II 639-657
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Clotaire III (657-673) + Thierry III (673-691)
Clovis IV (691-95) + Childebert IV (695-711) + Chilpéric II (715-21)
Dagobert III (711-15) --> Thierry IV (721-37) + Childéric III (743-51)
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[Pippinides : Pépin II d'Herstal (680-714) + Charles Martel (714-741)

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mardi 6 août 2024

La littérature médiévale – Exemples

Christine de Pizan

[I] Christine de Pizan : Je te donne mon cœurvers 1400

Je te donne mon cœur en échange du tien.
- Grand merci, belle, aimons-nous bien.
- Cela vous plaira-t-il sans que vous soyez rassasié ?

- Quoi ? Maîtresse, la lumière de mon bien.
- D’avoir un baiser sans aller plus loin.
- Votre pleine volonté me suffit.
- Ami, soyez fidèle.
- Je vous l’ai promis.


[II] Grégoire de Tours : La conversion de ClovisNoël 498

En l’an 494, la reine Clotilde donna à Clovis un premier fils dont elle voulut qu’il reçût le baptême, adressant pour ce faire moult conseils au roi, disant : « Les dieux que vous adorez ne sont rien, puisqu’ils ne peuvent se secourir eux-mêmes ni secourir les autres ; car ils sont de pierre, de bois ou de quelque métal. Les noms que vous leur avez donnés sont des noms d’hommes et non de dieux, comme Saturne qui, dit-on, pour ne pas être chassé du trône par son fils, prit la fuite ; comme Jupiter lui-même, honteusement souillé de tous les vices, qui a déshonoré tant de maris, outragé les femmes de sa propre famille, et qui n’a pu s’abstenir de concubinage avec sa propre sœur. »
Mais le roi resta sourd à ses arguments.

Cependant la reine présenta son fils au baptême : elle fit décorer l’église de voiles et de tapisseries, pour que cette pompe attirât vers la foi catholique le roi que ses discours n’avaient pu toucher. Mais l’enfant mourut peu après.

 
Baptême de Clovis
Elle engendra ensuite un second fils, qui reçut au baptême le nom de Clodomir. [royaume d'Orléans 511-524] Cet enfant étant tombé malade, le roi pensait : « Il ne peut que mourir comme son frère, aussitôt après avoir été baptisé au nom de votre Christ. » Mais le Seigneur accorda la santé de l’enfant aux prières de sa mère.

Survint alors une guerre contre les Alamans. [Tolbiac, 496] Malgré les prières de la reine Clotilde, l’armée des Francs connut d’abord un cuisant échec et Clovis, dans un élan instinctif, en larmes, s’écria : « 
Jésus-Christ… accordes la victoire à ceux qui espèrent en toi, j’invoque avec dévotion la gloire de ton secours : si tu m’accordes la victoire sur mes ennemis et que je fasse l’épreuve de cette puissance dont le peuple dit avoir relu tant de preuves, je croirai en toi, et me ferai baptiser en ton nom ; car j’ai invoqué mes dieux, et, comme je l’éprouve, ils se sont éloignés de mon secours. »

Et le miracle se produisit : les Alamans furent mis illico en déroute, leur roi Gibuld
occis et, sur leur supplication, il arrêta le massacre, contant ensuite à sa reine comment il avait obtenu la victoire en invoquant le nom du Christ.


[III]  Éginhard, La fin des Mérovingiens (751)

Éginhard (770-840) vit avec Alcuin dans l’entourage de Charlemagne puis de son fils Louis le pieux, chargé de missions diplomatiques par Charlemagne et précepteur de son fils Lothaire. Écrit une bio de Charlemagne et des annales sur la période 741-801.


* Annales d'Éginhard (vers 802) :

« [...] Dans cette année, d’après la sanction du pontife romain, Pépin fut appelé roi des Francs, oint pour cette haute dignité de l’onction sacrée par la sainte main de Boniface, archevêque et martyr d’heureuse mémoire, et élevé sur le trône, selon la coutume des Francs, dans la ville de Soissons. Quant à Childéric qui se parait du faux nom de roi, Pépin le fit raser et mettre dans un monastère [...]. »
 

* Vie de Charles le Grand d'Éginhard (vers 830) :

« La famille des Mérovingiens, dans laquelle les Francs avaient coutume de se choisir des rois, passe pour avoir duré jusqu’à Childéric, déposé, rasé et confiné dans un monastère par l’ordre du pontife romain Étienne. [...] Lors de la déposition de Childéric, Pépin, père du roi Charles, remplissait, pour ainsi dire, par droit héréditaire, les fonctions de préfet du palais [...]. »

[IV] Marie de France (1160-1210), Lai du chèvrefeuille (à propos de Tristan et Iseut) :

« Et lors tous deux sont-ils unis
Tel le chèvrefeuille enlacé
Avec le tendre coudrier :
Tant qu'il est étroitement pris
Autour du fût où il se lie,
Ensemble peuvent-ils durer,
Mais qu'on vienne à les séparer,
Le coudrier mourra bientôt
Et le chèvrefeuille aussitôt.
— Or, belle amie, ainsi de nous :

Ni vous sans moi, ni moi sans vous. »


Le lai lyrique (Guillaume de Machaud, Eustache Deschamps et Jean Froissart) :
Deux parties de huit vers, huitain divisé en deux pour constituer un quart de la strophe. Chacun d’eux est à rimes embrassées écrit en octosyllades.

[V] La complainte de Rutebeuf (Pauvre Rutebeuf – Léo Ferré)
Rutebeuf (1245-1285), sans doute originaire de Troyes, vécut à Paris. S’opposant à la poésie courtoise, il a surtout écrit des poèmes satiriques comme ses "poèmes de l’infortune".

Que sont mes amis devenus
Que j'avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L'amour est morte
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta

Avec le temps qu'arbre défeuille
Quand il ne reste en branche feuille
Qui n'aille à terre
Avec pauvreté qui m'atterre
Qui de partout me fait la guerre
Au temps d'hiver
Ne convient pas que vous raconte
Comment je me suis mis à honte
En quelle manière

Que sont mes amis devenus
Que j'avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L'amour est morte
Le mal ne sait pas seul venir
Tout ce qui m'était à venir
M'est avenu

Pauvre sens et pauvre mémoire
M'a Dieu donné le Roi de gloire
Et pauvre rente
Et droit au cul quand bise vente
Le vent me vient le vent m'évente
L'amour est morte
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta

L'espérance de lendemain
Ce sont mes fêtes


Les ribauds de grève

 
Ribauds, vous voilà bien en point !
Les arbres dépouillent leurs branches
et d'habit vous n'en avez point,
aussi aurez-vous froid aux hanches.
Qu'il vous faudrait maintenant pourpoints,
surcots fourrés avec des manches !
L'été vous gambadez si bien,
l'hiver vous traînez tant la jambe !
Cirer vos souliers ? Pas besoin :
vos talons vous servent de planches.
Les mouches noires vous ont piqués,
À présent, c'est le tour des blanches.


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