Référence : Patrick Modiano, Des inconnues, éditions Gallimard, collection Blanche, 1989
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Un recueil de nouvelles, c’est rare chez Modiano.
Trois jeunes femmes évoquent un souvenir qui les tenaille, entre le
temps présent et le temps passé. Elles sont anonymes, sans identité
comme les nouvelles n’ont aucun titre.
La première jeune fille fuit de Lyon à Paris, se réfugie chez une amie. La deuxième est exilée dans un pensionnat catholique près d’Annecy, aimée ni par sa mère, ni par son beau-père, ni par sa tante. Elle rêve du grand amour et compte sur une amie pour aller à Paris. [1]
La troisième vient de Londres et s’installe dans un atelier Porte de Vanves, prêté par un ami mais elle s’ennuie et déambule dans le quartier.
Elles sont isolées dans une ville qu’elles ne connaissent pas,
vulnérables. Des hommes gravitent autour d’elles, comme la lyonnaise qui
rencontre un certain Guy Vincent qui lui avouera que « Guy
Vincent » était un nom d’emprunt. Je lui avais demandé si je pouvais
l’appeler par son vrai prénom. C’était gentil mais il n’aurait pas aimé
cela, il s’était habitué à « Guy Vincent. » Thème récurrent chez Modiano. Il s’occupe d’affaires louches, peut-être dangereuse.
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Les deux autres paraissent plus en danger. L’ex londonienne se sent très seule, impressionnée par les chevaux
qu’on mène à l’abattoir de Vaugirard et rencontre un prof de philo qui
s’intéresse à elle et la présente à son cercle de réflexion, adepte de Gurdjieff.
La jeune annécienne apparaît comme peu farouche, gagne
un temps sa vie comme dame de compagnie et rencontre au hasard des
hommes, comme celui rencontré dans un bar vers la frontière suisse :
– Je suis avec un ami. Vous voulez prendre un verre avec nous ?
– Comme vous voulez, monsieur…
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Comme souvent, Modiano pratique "le flou dans la temporalité" avec de vagues formules du genre « cette année-là » ou « quand je pense à ce temps-là » modulé parfois par des références à des titres de chansons ou de romans qui donnent plus de précisions sur la période dont il est question.
Dans Des inconnues,
l’émotion introduite par touches successives, à partir d’éléments
autobiographiques, est omniprésente. Trois destins fragiles, trois
parcours difficilement déchiffrables, comme celui de la marche du monde.
Modiano : Entretien au "Figaro", février 1999
Notes et références
[1] Cette nouvelle a été auparavant publiée par le magazine "Elle" sous le titre "Aux jours anciens".
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