« Chacun
s’entoure de ses propres mots comme d’un mur de miroirs qui ne laisse filtrer
aucune voix du dehors ». Le livre du rire et de l’oubli
Avec Milan Kundera,
l’amour est toujours confrontation, relations pas forcément partagée, relations
multiples entre plusieurs partenaires. Dans Risibles amours, on
assiste à un chassé-croisé entre le docteur
Havel, bellâtre qui repousse Élisabeth,
une infirmière qu’on dit amoureuse de Fleischman
qui aime en secret une doctoresse, la maîtresse du patron de l’hôpital.
Fleischman,
flatté par le pseudo suicide d’ Élisabeth,
lui déclare sa flamme, sans toutefois s’engager vraiment, comme si cette morte,
même virtuelle dans sa mise en scène, représentait la manifestation ultime de
l’amour.
Avec sa femme Véra à Prague en 1973 |
De la même façon, Milan
Kundera dans L’immortalité, commente l’amour romantique à travers la
relation platonique entre Goethe et Bettina von Arnim. Ils ne se sont vus
que 3 ou 4 fois mais « moins ils se
voyaient et plus ils s’écrivaient », elle en tout cas, qui lui adressa
52 longue lettres où il n’est question que d’amour. « La cause et le sens de son amour, conclut Milan Kundera, n’était pas Goethe mais
l’amour. » C’est donc en ce sens qu’il dit que l’homme contemporain a
tendance à être un « homo
sentimentalis ».
Comme l’ego hypertrophié de Louis Aragon à qui Elsa écrira ses mots terribles : « Même ma mort, c’est à toi que cela arriverait ».
Comme l’ego hypertrophié de Louis Aragon à qui Elsa écrira ses mots terribles : « Même ma mort, c’est à toi que cela arriverait ».
Il revient au roman d’avoir révélé ce phénomène récent d’une
mentalité qui porte au pinacle le concept d’amour et ceci dès Flaubert où dans L’Éducation sentimentale,
Frédéric Moreau est surtout amoureux
de lui-même, beaucoup plus que madame Arnoux. Avec son ironie particulière, Milan Kundera dénonce cette tendance
qui fait de l’amour le vecteur privilégié du bonheur.
Cette hypersensibilité, cette recherche de l’émotion centrée
sur soi-même empêche d’établir une véritable relation, de s’intéresser à autrui
comme a contrario, toujours dans La vie est ailleurs, Milan Kundera le montre avec cet homme
qui recueille l’amie de Jaromil
après sa libération et s’attelle à lui
remonter le moral.
Milan Kundera
exprime dans L’Insoutenable légèreté de l'être l’opposition entre le
romantique qui se projette sur une femme-objet et Tomas le libertin ouvert au monde qui cherche en chaque femme à
découvrir « un fragment du
monde ». Avec Tereza, ce
n’est pas le coup de foudre –qu’il récuse- mais une lente connivence, une
empathie qui fait qu’il se sent moins "léger", plus responsable.
« Le sens de la vie c'est justement de s'amuser avec la vie. » Risibles amours
« Le sens de la vie c'est justement de s'amuser avec la vie. » Risibles amours
Dans L’Ignorance,
son héros Joseph va plus loin
puisque son amour se prolonge bien au-delà de la mort. Milan Kundera ne veut pas de ce travail de deuil libérateur tant
préconisé par Freud, il veut pouvoir
faire face, exercer sa responsabilité sans évacuer toute douleur, toute
culpabilité, sans se sentir plus "léger". C’est ce qui arrive à Tamina l’héroïne du Livre
du rire et de l’oubli, qui reste fidèle à son mari au-delà de la mort.
Mais c’est l’oubli qui la guette ensuite, « l’infidélité
de sa mémoire » et pour y remédier, elle veut revivre avec son fantôme
les plus forts moments de leur vie comme les plus intimes.
Tomas et Tereza
parent s’installer à la campagne pour, espèrent-ils, avoir des relations
vraies. La fin du roman est aussi la fin du chien Karénine, à la relation vraie, instinctive, sans aucune
réflexivité. L’homme, lui, se voit dans les situations qu’il vit, vivant ce
qu’il voit, acteur et aussi spectateur de son propre rôle.
Comme Tomas et Tereza qui se retirent loin des lumières de la ville, se détournent du regard des autres, beaucoup de personnages de Milan Kundera se détournent des relations de miroir ave les autres et avec leur propre moi.
Œuvres de Kundera citées
dans cet article
*La pléiade, Œuvre tome I, 2011 : Risibles amours, La vie est ailleurs, L’insoutenable légèreté de l’être, La plaisanterie, Le livre de rire et de l’oubli
*La pléiade, Œuvre tome II, 2011 : L’Immortalité, L’Ignorance
Voir aussi mes articles :
* Milan Kundera, Son parcours
* Milan Kundera, L'art du roman, sa conception de l'écriture
* Milan Kundera, Les testaments trahis, portée et esthétique du roman
* Milan Kundera, Une rencontre, pouvoir et postérité de l'artiste
* Milan Kundera, La fête de l'insignifiance, La valse aux adieux
* Milan Kundera et Philip Roth
<< Christian Broussas – MK Amour - Feyzin, 16 août 2014 - << © • cjb • © >>
*La pléiade, Œuvre tome I, 2011 : Risibles amours, La vie est ailleurs, L’insoutenable légèreté de l’être, La plaisanterie, Le livre de rire et de l’oubli
*La pléiade, Œuvre tome II, 2011 : L’Immortalité, L’Ignorance
Voir aussi mes articles :
* Milan Kundera, Son parcours
* Milan Kundera, L'art du roman, sa conception de l'écriture
* Milan Kundera, Les testaments trahis, portée et esthétique du roman
* Milan Kundera, Une rencontre, pouvoir et postérité de l'artiste
* Milan Kundera, La fête de l'insignifiance, La valse aux adieux
* Milan Kundera et Philip Roth
<< Christian Broussas – MK Amour - Feyzin, 16 août 2014 - << © • cjb • © >>
C'est un poste très attractif.
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