Référence : Elisabeth Filhol, "Bois II", éditions P.O.L, 272 pages, 2014, isbn 978-2-8180-2045-6
Après « La Centrale » son premier roman qui traitait des « nettoyeurs-trompe la mort » risquant leur vie dans les centrales nucléaires, prix France Culture- Télérama 2010, Elisabeth Filhol revient sur ce thème des sacrifiés de la domination de la finance et de la mondialisation.
Un beau jour de juillet, à Bois
II, au-delà de l'approche journalistique, un observateur -le narrateur-
franchit l'entrée barricadée de l'entreprise Stecma, pour vivre avec les salariés le parcours de leur révolte et mieux appréhender les racines de ce conflit social.
Sur ce site minier, les salariés attendent de pied ferme l'arrivée du patron dans son gros 4x4 noir. Tout le monde est bien déterminé à faire lui comprendre qu'ils n'accepteront jamais le démantèlement de l'entreprise que la direction organise en catimini et qu'ils sont prêts à utiliser tous les moyens pour s'y opposer... y compris la séquestration.
Et bien sûr, la tension va rapidement monter...
Dans ce récit, on baigne dans le monde ouvrier travaillé par les conséquences de la mondialisation, ses espoirs et surtout ses peurs devant les évolutions qu'il subit, clamant « On est un collectif. Sous la menace. Unis par la menace et faisant
front commun, devant une telle énormité, notre usine rayée de la carte
du jour en lendemain. »
Pour comprendre, il faut remonter dans l'histoire de cette société bretonne créée par un autodidacte paternaliste Eugène Fortin, qui sera reprise par un groupe international puis une autre société pour finir par être reprise par Guillaume Mangin, une espèce de financier qui promet beaucoup, fait miroiter une reconversion dans les nouvelles technologies.
Parcours du combattant classique, prémisse d'une mort annoncée de ces sociétés trimbalées de plans social en plan social et qui finissent par être liquidées. Ce patron-là, dernier en date, c'est en fait l'Arlésienne pour qui la Stecma ne représente probablement qu'une
affaire de spéculation immobilière parmi d'autres. Quand le personnel prend conscience de la duperie, il est bien tard : « On a mis du temps à comprendre. On a réalisé trop tard à qui on avait affaire. On se serait au moins épargné l'espoir. »
Comme titre le journal Libération, il s'agit bien « du récit cru du combat d'employés contre un patron fossoyeur. »
Voir aussi mes articles dans la série Essais/Etudes
* Variations sur la violence des riches
* Révoltes et bonnets rouges
* La société de hold-up, May-Picqueray, May la réfractaire.
* Hervé Hamon, Ceux d'en-haut, Histoire et économétrie, L'exemple russe
* Anne Steiner, Le goût de l'émeute et Chronologie.
* Gérard Mordillat Xénia et Les vivants et les morts
* Alexandre Adler, Le califat du sang --
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