lundi 11 mai 2015

Laurent Gaudé La porte des Enfers

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Références : Laurent Gaudé, "La porte des Enfers", éditions Actes sud, 267 pages, 2008

« Je porte mon père en moi. » page 10

A la mort de son fils Pippo, Giuliana tombe dans un profond désespoir, et en veut au monde entier de ce terrible hasard qui a ruiné sa vie. En bonne napolitaine, elle crie vengeance, la loi du Talion contre ce nommé Toto Cullaccio qui a tué son fils d'une balle perdue lors d'un règlement de comptes.

Son mari Matteo n'avait pas été capable d'exaucer son vœu et elle l'avait maudit lui aussi pour sa lâcheté puis elle l'avait quitté. C'était comme si pour elle la porte des Enfers s'était ouverte sur une vie de désespérance, vide désormais de l'absence de son fils. Dieu lui-même ne put le ressusciter et elle le maudit lui aussi.

Il ne lui restait plus qu'à quitter Naples, à tout abandonner, y compris même le souvenir de Pippo, pour retourner finir ses jours dans son village natal quelque part dans les Pouilles.

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                                                   La porte de l'enfer, musée Rodin


Que reste-t-il désormais à Matteo, maintenant que Pippo est mort et que Giuliana a disparu ? Le hasard de ses errances nocturnes dans les rues de Naples l'amène à connaître des êtres étranges comme "le Professeur" Provolone, Grâce une prostituée qui est en fait un homme, Garibaldo le tenancier de ce bar aux rares clients, don Mazerotti, un curé en rupture avec le Vatican.

Ils finiront par l'entraîner peu à peu devant la porte des Enfers et jusqu'à pénétrer dans son antre avec l'ombre du curé Mazerotti à la recherche de l'âme de son fils, âmes mortes errant dans cet infini, avides des pensées que les vivants ont pour eux.  
Laurent Gaudé espère peut-être ainsi pouvoir opposer ce mythe à la terrible logique de la mort et de ses angoisses.  

Il faudra attendre 22 ans en 2002, pour que Filippo Scalfaro dit Pippo, dans un restaurant de Naples,  puisse accomplir enfin sa vengeance en poignardant un client, le forçant à monter dans sa voiture. Parvenu jusqu'au cimetière de la ville, il le traîne à une tombe dont il lui fait déchiffrer l’inscription, puis lui tranche les doigts et l'abandonne. 
La vengeance tant voulue par Giuliana est enfin consommée. 

Le penseur de la porte de l'enfer - Rodin
L'auteur reprend dans ce roman les thèmes qui lui sont chers et tournent autour de la mort et les croyances, l'Italie, la famille et la religion.

Dans une interview, Laurent Gaudé a évoqué les raisons qui l'ont conduit à écrire ce roman :  « Je m'étais fixé un pari : me lancer dans un livre dont le sujet principal serait une descente aux enfers alors que le début du roman se déroulerait dans un monde contemporain, réaliste au possible. » 

Il s'est aussi exprimé sur la violence de certaines scènes [1] : « d'un point de vue littéraire, de la force des images et de la densité, je trouvais qu'il fallait quelque chose de très rude pour commencer l'histoire. Comme un écho à l'émotion que provoque la mort absolument absurde, injuste et révoltante de cet enfant ». 

                            

Notes et références
[1]
par exemple
le sort subi par Toto Cullacio ou quand Giuliana se mutile les seins

Mes fiches sur Laurent Gaudé
- Le Soleil des Scorta

- Danser les ombres   
- La porte des Enfers
- Gaudé et tremblements de terre - Écoutez nos défaites --

< Christian Broussas, Gaudé, Enfers - Feyzin 12 mai 2015 © • cjb • © >

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