Laurent Gaudé Tremblements de terre

S'il faut en croire trois des romans importants de Laurent Gaudé, le "personnage" principal en serait sans aucun doute le tremblement de terre, cette révolte tellurique de la nature qui définit sa puissance et sa permanence.

1- "Danser les ombres", éditions Actes Sud,  250 pages, 2015

Ce roman prend pour cadre le terrible tremblement de terre qui a détruit une grande partie d'Haïti en 2010.

Tremblement de terre Haïti 2010

Quand le lendemain, la terre se met à trembler, ça change tout. Dans ces vies brusquement chamboulées, Laurent Gaudé trace dans les décombres encore fumantes une fraternité bouleversante entre toutes les victimes pour conjurer la peur de ceux qui restent, évier de se focaliser sur les énormes difficultés quotidiennes et ne pas oublier les morts.

Il en parle avec une forte émotion, ciselant des images qui évoquent fortement la réalité : « Là où la terre a faim, les poteaux électriques s’effondrent et les murs s’écroulent. Là où la terre a faim, les arbres sont déracinés, les voitures aplaties par mille objets carambolés. Là où la terre a faim, ce n’est que désastre et carnage. Le sol ouvre sa gueule d’appétit. Il n’y a pas de sang parce que tout est dissimulé par un grand nuage blanc qui monte lentement du sol. »

2-  "Le Soleil des Scorta", éditions Actes sud, 247 pages, août 2004, prix Goncourt, prix du Roman populiste

Dans ce roman, la terre va trembler  comme on tourne une page en faisant table rase du passé et va engloutir la vieille Carmela, dernière survivante de cette génération des Scorta.

Dans le chapitre X intitulé "Tremblement de terre", Carmela dit à voix basse : « Oui, la terre retremblera, la terre retremblera, parce que les morts ont faim. »

« Oui, la terre tremblait, fissurant le bitume, coupant l'électricité, ouvrant de grandes brèches dans les murs des maisons, renversant les chaises et inondant les rues d'éboulis et de poussière. La terre tremblait avec une force que rien ne semblait pouvoir entamer. Et les hommes redevenaient de minuscules insectes qui courent sur la surface du globe, priant pour ne pas être engloutis.  » (page 219)

      Tremblement de terre à Naples

3-  "La porte des Enfers", éditions Actes sud, 267 pages, 2008

Dans ce roman, après la référence à la grande crue du fleuve qui date des Romains, la terre va trembler quand Pippo et le curé Mazerotti remontent des Enfers par la tour de Naples.

Tremblement de terre à Naples

« C'est  d'ici à Naples sur la route de Bari, qu'est partie la secousse qui a ravagé Naples et tout le Mezzogiorno. C'est ici que tout est mort en quelques secondes. Je passe à l'endroit précis de l'épicentre de la grande déflagration qui qui a mis à terre les maisons sur des kilomètres... L'histoire a disparu dans les gravats. » (page 109)

Le tremblement de terre intervient dans le chapitre XVI intitulé "Naples tremble" :  «  La première secousse les surprit lorsqu'ils atteignirent la piazza Gesù nuovo. D'un coup, la terre se mit à vrombir. L'asphalte se craquela. Les maisons tremblèrent... C'était comme si une bête aux dimensions monstrueuses glissait sous terre et faisait onduler la surface du sol. » (page 215)

  
Naples Castel Nuovo                          Naples Castel dell'Ovo 

Mes fiches sur Laurent Gaudé
- Le Soleil des Scorta
- Danser les ombres   
- La porte des Enfers
- Gaudé et tremblements de terre
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< Christian Broussas, Gaudé, Terre - Feyzin 12 mai 2015 © • cjb • © >