Henri Matisse, le laboratoire intérieur
Autoportrait
« Découper à vif dans la couleur me rappelle la taille directe des sculpteurs. Ce livre a été conçu dans cet esprit. » Matisse à propos de la série Jazz
Si on connaît bien son nom, si on a quelques lumières sur ses danseuses stylisées et ses collages, connaît-on vraiment l’homme qui a traversé avec bonheur l’évolution des arts plastiques au début du XXème siècle.
Lyon a beaucoup compté pour Matisse. Très attaché à la ville, il y avait subi en 1941 une opération importante dont il était ressorti dira-t-il lui-même "ressuscité", plein d’une énergie nouvelle que l’on peut constater dans l’évolution de son œuvre. [1] Il fera d’ailleurs don au musée des Beaux-Arts d’un ensemble de dessins de la série Thèmes et variations, et de livres illustrées, qui complètent aujourd’hui, au sein des collections, deux peintures majeures de l’artiste, Le Portrait de l’antiquaire Georges Joseph Demotte (1918) et Jeune Femme en blanc fond rouge (1946). [2]
Le musée a réalisé le premier achat dès 1947, augmenté en 1993 par le second tableau déposé par le Centre Pompidou après la dation de Pierre Matisse, le fils de l’artiste.
GJ Demotte
Le musée des Beaux-Arts de Lyon propose de découvrir Henri Matisse à travers son travail de dessinateur. Quelque 250 œuvres, qu’elles soient réalisées au crayon, au fusain ou au pinceau, permettent de suivre la démarche de l’artiste pour mieux saisir toue l’étendue de son travail préparatoire.
« Nous avons eu la chance d’avoir pu approcher la famille de l’artiste. Ils ont accepté d’ouvrir leurs cartons et de nous prêter notamment des dessins, encore jamais montrés au public », souligne Sylvie Ramond, la directrice du musée. « On a voulu à travers cette exposition, montrer l’entrelacement entre les dessins et les toiles de Matisse, montrer le processus de création de l’artiste. Les grands musées accordent plus facilement de prêts lorsque les projets sont réfléchis, travaillés et différents », ajoute-t-elle.
Vue de l'exposition
La majorité des toiles, esquisses ou sculptures de l’exposition proviennent des collections du centre Pompidou à Paris, de musées européens et américains tels que le Moma, musée d’art moderne de New York, ou le musée d’art de Philadelphie. Les grandes séries de dessins qui ont été réunies pour cette exposition sont mises en parallèle avec les tableaux et sculptures de l’artiste. Tout au long de ce parcours, On peut y voir ses modèles, ses portraits, ses dessins d’intérieurs et son cheminement sur l’étude du mouvement.
L’ensemble est présenté autour de plusieurs thématiques : les académies, les dessins au pinceau fauves de la période 1905-1906 ; son approche du portrait dans les années 1910 ; les 50 dessins "ingresques" de 1919-1920, annonçant les odalisques de la période niçoise ; les dessins dits "au trait transparents" de 1935-1937, les grands fusains de 1938-1939 ; la période "Thèmes et Variations" en 1941-1942 ; et enfin les immenses dessins au pinceau des années 1947-1952. [3]
Femme au chapeau 1905 Joie de vivre 1906
Les œuvres se font écho, émanation de l’ambiance de ses ateliers successifs: Quai Saint Michel, à Paris dès 1894, Issy-les-Moulineaux à partir de 1909, Nice à partir de 1918, et jusqu’à la mort de Matisse en 1954, à l’exception des années 1943-1948 passées à Vence.
Ses différents types de dessins représentent un passage obligé à la compréhension de son exploration esthétique et reflètent le travail du peintre, du sculpteur et du graveur. Motifs et figures viennent aussi compléter l’exposition. [4]
Henri Matisse, Jeune femme en blanc, fond rouge (Modèle allongé, robe blanche), 1946, © Lyon MBA - Photo A. Basset
Henri Matisse, Le Lanceur de couteaux, 1947, issu de la suite n°63/100 de 20 planches pour le livre Jazz édité en 1947. Pochoir à la gouache d’après les collages et les découpages de Matisse. © Lyon MBA - Photo A. Basset
Après sa guérison, Matisse repart pour Nice puis s'installe à Vence en 1943 pour fuir la guerre et ses bombardements. Il voit alors l’art différemment, son expérience lui permet d’avoir une vue plus globale, d’approfondir les techniques et d’apporter sa solution picturale à la confrontation entre de dessin et la couleur. Il réfléchit, prend son temps, met parfois six mois à réaliser une seule découpe, essayant de trouver un équilibre entre rigueur et inventivité.
Matisse laisse derrière lui plus de 400 éléments de collage, il décède en 1954 à Nice qui lui dédie un musée.
Le madras rouge 1907 Papier découpé de la série Jazz 1947
Notes et références
[1] En 1941, Henri Matisse (1869-1954) est gravement malade. Atteint d'un cancer du duodénum, ses médecins lui donnent six mois à vivre. Le peintre décide alors de venir se faire soigner à la Clinique du Parc de Lyon. Opéré par le professeur Santy, il se remet miraculeusement de sa maladie.
[2] Lors de son séjour lyonnais, Henri Matisse noue de profondes relations artistiques, surtout avec le directeur du musée des Beaux-Arts de Lyon qui voudrait acquérir une de ses œuvres. En 1943, l’artiste envoie au musée un exemplaire de son livre "Thèmes et variations" qu’il accompagne d’une série de six dessins originaux réalisés pour cet ouvrage.
[3] L’exposition rend compte des grands moments de ce parcours articulés en quatorze séquences à la fois thématiques et chronologiques : des années d’apprentissage au tout début du XXe siècle, jusqu’aux études pour la chapelle du Rosaire à Vence en1948-49.
[4] Les sections de l’exposition : 1/ Apprendre désapprendre 2/ La grammaire des poses 3/ Une danse immobile 4/ Du portrait au visage 5/ Arbres et orange 6/ La séance de pose 7/ La forme odalisque 8/ Métamorphoses : nymphes et faune
Musique 1910 Femme à la veste mauve 1937
Catalogue de l'exposition Sous la direction de Sylvie Ramond
Édition Hazan, 384 pages
Voir aussi mes fiches sur Les Arts plastiques --
< • Christian Broussas –Matisse, Lyon - 2016/2017 • © cjb © • >
Autoportrait
« Découper à vif dans la couleur me rappelle la taille directe des sculpteurs. Ce livre a été conçu dans cet esprit. » Matisse à propos de la série Jazz
Si on connaît bien son nom, si on a quelques lumières sur ses danseuses stylisées et ses collages, connaît-on vraiment l’homme qui a traversé avec bonheur l’évolution des arts plastiques au début du XXème siècle.
Lyon a beaucoup compté pour Matisse. Très attaché à la ville, il y avait subi en 1941 une opération importante dont il était ressorti dira-t-il lui-même "ressuscité", plein d’une énergie nouvelle que l’on peut constater dans l’évolution de son œuvre. [1] Il fera d’ailleurs don au musée des Beaux-Arts d’un ensemble de dessins de la série Thèmes et variations, et de livres illustrées, qui complètent aujourd’hui, au sein des collections, deux peintures majeures de l’artiste, Le Portrait de l’antiquaire Georges Joseph Demotte (1918) et Jeune Femme en blanc fond rouge (1946). [2]
Le musée a réalisé le premier achat dès 1947, augmenté en 1993 par le second tableau déposé par le Centre Pompidou après la dation de Pierre Matisse, le fils de l’artiste.
GJ DemotteLe musée des Beaux-Arts de Lyon propose de découvrir Henri Matisse à travers son travail de dessinateur. Quelque 250 œuvres, qu’elles soient réalisées au crayon, au fusain ou au pinceau, permettent de suivre la démarche de l’artiste pour mieux saisir toue l’étendue de son travail préparatoire.
« Nous avons eu la chance d’avoir pu approcher la famille de l’artiste. Ils ont accepté d’ouvrir leurs cartons et de nous prêter notamment des dessins, encore jamais montrés au public », souligne Sylvie Ramond, la directrice du musée. « On a voulu à travers cette exposition, montrer l’entrelacement entre les dessins et les toiles de Matisse, montrer le processus de création de l’artiste. Les grands musées accordent plus facilement de prêts lorsque les projets sont réfléchis, travaillés et différents », ajoute-t-elle.
Vue de l'exposition
La majorité des toiles, esquisses ou sculptures de l’exposition proviennent des collections du centre Pompidou à Paris, de musées européens et américains tels que le Moma, musée d’art moderne de New York, ou le musée d’art de Philadelphie. Les grandes séries de dessins qui ont été réunies pour cette exposition sont mises en parallèle avec les tableaux et sculptures de l’artiste. Tout au long de ce parcours, On peut y voir ses modèles, ses portraits, ses dessins d’intérieurs et son cheminement sur l’étude du mouvement.
L’ensemble est présenté autour de plusieurs thématiques : les académies, les dessins au pinceau fauves de la période 1905-1906 ; son approche du portrait dans les années 1910 ; les 50 dessins "ingresques" de 1919-1920, annonçant les odalisques de la période niçoise ; les dessins dits "au trait transparents" de 1935-1937, les grands fusains de 1938-1939 ; la période "Thèmes et Variations" en 1941-1942 ; et enfin les immenses dessins au pinceau des années 1947-1952. [3]
Femme au chapeau 1905 Joie de vivre 1906
Les œuvres se font écho, émanation de l’ambiance de ses ateliers successifs: Quai Saint Michel, à Paris dès 1894, Issy-les-Moulineaux à partir de 1909, Nice à partir de 1918, et jusqu’à la mort de Matisse en 1954, à l’exception des années 1943-1948 passées à Vence.
Ses différents types de dessins représentent un passage obligé à la compréhension de son exploration esthétique et reflètent le travail du peintre, du sculpteur et du graveur. Motifs et figures viennent aussi compléter l’exposition. [4]
Henri Matisse, Jeune femme en blanc, fond rouge (Modèle allongé, robe blanche), 1946, © Lyon MBA - Photo A. Basset
Henri Matisse, Le Lanceur de couteaux, 1947, issu de la suite n°63/100 de 20 planches pour le livre Jazz édité en 1947. Pochoir à la gouache d’après les collages et les découpages de Matisse. © Lyon MBA - Photo A. Basset
Après sa guérison, Matisse repart pour Nice puis s'installe à Vence en 1943 pour fuir la guerre et ses bombardements. Il voit alors l’art différemment, son expérience lui permet d’avoir une vue plus globale, d’approfondir les techniques et d’apporter sa solution picturale à la confrontation entre de dessin et la couleur. Il réfléchit, prend son temps, met parfois six mois à réaliser une seule découpe, essayant de trouver un équilibre entre rigueur et inventivité.
Matisse laisse derrière lui plus de 400 éléments de collage, il décède en 1954 à Nice qui lui dédie un musée.
Le madras rouge 1907 Papier découpé de la série Jazz 1947
Notes et références
[1] En 1941, Henri Matisse (1869-1954) est gravement malade. Atteint d'un cancer du duodénum, ses médecins lui donnent six mois à vivre. Le peintre décide alors de venir se faire soigner à la Clinique du Parc de Lyon. Opéré par le professeur Santy, il se remet miraculeusement de sa maladie.
[2] Lors de son séjour lyonnais, Henri Matisse noue de profondes relations artistiques, surtout avec le directeur du musée des Beaux-Arts de Lyon qui voudrait acquérir une de ses œuvres. En 1943, l’artiste envoie au musée un exemplaire de son livre "Thèmes et variations" qu’il accompagne d’une série de six dessins originaux réalisés pour cet ouvrage.
[3] L’exposition rend compte des grands moments de ce parcours articulés en quatorze séquences à la fois thématiques et chronologiques : des années d’apprentissage au tout début du XXe siècle, jusqu’aux études pour la chapelle du Rosaire à Vence en1948-49.
[4] Les sections de l’exposition : 1/ Apprendre désapprendre 2/ La grammaire des poses 3/ Une danse immobile 4/ Du portrait au visage 5/ Arbres et orange 6/ La séance de pose 7/ La forme odalisque 8/ Métamorphoses : nymphes et faune
Musique 1910 Femme à la veste mauve 1937
Catalogue de l'exposition Sous la direction de Sylvie Ramond
Édition Hazan, 384 pages
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