"Fantin-Latour à fleur de peau" au Luxembourg : entre poésie et réalisme
Affiche de l'expo Autoportrait 1861
Le peintre Henri Fantin-Latour est à l'honneur au Musée du Luxembourg dans une superbe rétrospective qui montre toute l'étendue de son talent à travers plus de cent vingt œuvres, tableaux, lithographies, dessins, études préparatoires et photographies de nus féminins. Le Monde met justement l'accent sur les multiples facettes de l'artiste : « il a su développer un sens aigu de l’observation, un goût pour les compositions équilibrées et cadrées, et pour l’intensité psychologique de ses modèles. »
"Coin de table" 1872 (à gauche, Verlaine & Rimbault) [1]
Si beaucoup reconnaissent l'élégance du tracé et la finesse des couleurs de ses fleurs et de ses bouquets, dont Le Parisien écrit que ce sont "les fleurs du bien", [2] d'autres mettent l'accent sur cette "surprise de l'exposition" de photographies de nus que collectionnait l'artiste. [3] Fantin-Latour a possédé un appareil Kodak, utilisant ses prises de vues comme des « académies » ou « études d'après nature » pour peindre ses toiles, ce qui lui économisait les frais d'un modèle difficile à trouver dans le village de Buré dans l'Orne où se trouvait son atelier.
Photos de nus, musée de Grenoble
J'avais déjà été conquis il y a quelques années par une autre exposition sur Fantin-latour organisée alors à Lausanne en Suisse, à la Fondation de l'Ermitage, qui montrait toute l'étendue de son talent, en particulier la précision de ses compositions et le délicat rendu, l'éclatant coloris de ses natures mortes.
Affiche de l'expo de Lausanne - Présentation vidéo -
J'ai eu aussi l'occasion de voir au MBA (musée des Beaux-Arts) de Lyon quelques belles œuvres d'Henri Fantin-Latour, en particulier ses Baigneuses de 1879, son célèbre portrait de deux femmes intitulé "La lecture" et une composition de roses intitulée tout simplement "Roses". Deux œuvres fort différentes qui illustrent bien deux des domaines favoris de l'artiste, le portrait qui doit refléter une personnalité par son attitude générale, sa posture, la profondeur de l'expression et la nature morte, en particulier fleurs et bouquets, qui exprime les multiples facettes de la nature travers le choix des couleurs, les subtiles nuances de leurs reflets et de leur exposition à l'ombre et à la lumière.
"La lecture" 1877 "Roses" 1889
On peut aussi voir au musée de Grenoble, d'où il était originaire, d'autres oeuvres de Fantin-Latour, en particulier un autoportrait de 1865 et une nature morte dit "des fiançailles" de 1869. C'est d'ailleurs sa femme qui a légué au musée son importante collection de photographies inédite jusqu’à maintenant que la rétrospective actuelle a permis de découvrir. Il a confié à un proche en 1888 qu’il était un « fanatique de la photographie ». [4]
Autoportrait de 1865 nature morte dit "des fiançailles" de 1869
Fantin-Latour a peint plusieurs centaines de superbes natures mortes, des fleurs et des fruits saisissants de réalité, des fleurs qu'il va cueillir puis installe en bouquets, dans un verre ou un vase posé sur une table, sur fond neutre le plus souvent de couleur beige ou grise, comme beaucoup de ses portraits. Certains n'ont pas hésité à comparer ses natures mortes et ses portraits. Il disait lui-même : « On peint les gens comme des pots de fleurs. » Et le peintre Jacques-Émile Blanche a écrit qu'il « étudiait (le) caractère (des fleurs) comme celui d'un visage humain. »
Portraits de Charlotte Dubourg 1882 et de Sonia 1886
Au-delà de ces deux domaines qui ont construit sa renommée, Fantin-Latour excellera aussi dans d’autres domaines. Entre 1864 et 1872, il réalise des portraits de groupe, pour rendre hommage à des artistes qu'il admire comme pour "L'atelier des Batignolles" en 1870 où l’on peut voir entre autres Manet, Renoir, Zola, Frédéric Bazille ou Claude Monet.
Fruits & fleurs 1866
Mais il reste en-dehors des courants dominants, n’aimant guère comme les impressionnistes de peindre à l’extérieur ou de jouer avec les touches légères et floues, préférant naviguer entre le réalisme de ses débuts au quasi symbolisme vers la fin de sa vie. C’est dans cette dernière époque qu’il laisse libre cours à son imaginaire avec des compositions inspirées par la mythologie ou des musiciens qu’il apprécie particulièrement comme Berlioz, Schumann ou Wagner. [5] Il grave et peint la "Finale de la Walkyrie", scène onirique transfigurée par les flammes et dessine "Les Filles du Rhin" dans une espèce de tourbillon.
"Le matin", musée de Roubaix "La nuit", 1897, Orsay
Dans "La Nuit" (1897), il imagine une femme nue enveloppée dans des vapeurs, "Ariane abandonnée" qui apparaît dans un flot de nuées bleues. « Le tableau qui est là est un vrai type de ce que je fais journellement. Je m'amuse à faire tout ce qui me passe par la tête, et j'ai le bonheur d'avoir un marchand qui m'achète ce que je fais… » a-t-il écrit en 1901, à propos de cette Ariane dans une lettre au peintre allemand Otto Scholderer.
Ses sujets favoris : fleurs et fruits, portraits, compositions
Notes et références
[1] Henri Fantin-Latour, "Coin de table" (de gauche à droite : Paul Verlaine, Arthur Rimbaud, Elzéar Bonnier, Léon Valade, Émile Blémont, Jean Aicart, Ernest d'Hervilly, Camille Pelletan), 1872, Paris, musée d'Orsay
[2] « Ses bouquets de fleurs presque hyperréalistes, écrit Le Parisien, ont une qualité photographique, une perfection dans la composition, la couleur, le dessin, qui à eux seuls sidèrent. » (09/2016)
[3] « Derrière l'auteur des plus délicates natures mortes qui soient, souligne Le Figaro, derrière le clairvoyant portraitiste des peintres et poètes de l'avant-garde, se cachait donc un Fantin coquin. » (09/2016)
[4] Le musée de Grenoble présentera d’ailleurs l’exposition "Henri Fantin-Latour, à fleur de peau" au premier semestre 2017. (18 mars au 18 juin 2017)
[5] Dans son hommage à Berlioz, il se met en scène dans "L'Anniversaire" en 1876 avec des personnages tirés des œuvres du compositeur.
* Voir aussi le récap de mes fiches sur Les Arts plastiques --
< • Christian Broussas –Fantin-Latour - 22/12/2016 • © cjb © • >
Affiche de l'expo Autoportrait 1861
Le peintre Henri Fantin-Latour est à l'honneur au Musée du Luxembourg dans une superbe rétrospective qui montre toute l'étendue de son talent à travers plus de cent vingt œuvres, tableaux, lithographies, dessins, études préparatoires et photographies de nus féminins. Le Monde met justement l'accent sur les multiples facettes de l'artiste : « il a su développer un sens aigu de l’observation, un goût pour les compositions équilibrées et cadrées, et pour l’intensité psychologique de ses modèles. »
"Coin de table" 1872 (à gauche, Verlaine & Rimbault) [1]
Si beaucoup reconnaissent l'élégance du tracé et la finesse des couleurs de ses fleurs et de ses bouquets, dont Le Parisien écrit que ce sont "les fleurs du bien", [2] d'autres mettent l'accent sur cette "surprise de l'exposition" de photographies de nus que collectionnait l'artiste. [3] Fantin-Latour a possédé un appareil Kodak, utilisant ses prises de vues comme des « académies » ou « études d'après nature » pour peindre ses toiles, ce qui lui économisait les frais d'un modèle difficile à trouver dans le village de Buré dans l'Orne où se trouvait son atelier.
Photos de nus, musée de Grenoble
J'avais déjà été conquis il y a quelques années par une autre exposition sur Fantin-latour organisée alors à Lausanne en Suisse, à la Fondation de l'Ermitage, qui montrait toute l'étendue de son talent, en particulier la précision de ses compositions et le délicat rendu, l'éclatant coloris de ses natures mortes.
Affiche de l'expo de Lausanne - Présentation vidéo -
J'ai eu aussi l'occasion de voir au MBA (musée des Beaux-Arts) de Lyon quelques belles œuvres d'Henri Fantin-Latour, en particulier ses Baigneuses de 1879, son célèbre portrait de deux femmes intitulé "La lecture" et une composition de roses intitulée tout simplement "Roses". Deux œuvres fort différentes qui illustrent bien deux des domaines favoris de l'artiste, le portrait qui doit refléter une personnalité par son attitude générale, sa posture, la profondeur de l'expression et la nature morte, en particulier fleurs et bouquets, qui exprime les multiples facettes de la nature travers le choix des couleurs, les subtiles nuances de leurs reflets et de leur exposition à l'ombre et à la lumière.
"La lecture" 1877 "Roses" 1889
On peut aussi voir au musée de Grenoble, d'où il était originaire, d'autres oeuvres de Fantin-Latour, en particulier un autoportrait de 1865 et une nature morte dit "des fiançailles" de 1869. C'est d'ailleurs sa femme qui a légué au musée son importante collection de photographies inédite jusqu’à maintenant que la rétrospective actuelle a permis de découvrir. Il a confié à un proche en 1888 qu’il était un « fanatique de la photographie ». [4]
Autoportrait de 1865 nature morte dit "des fiançailles" de 1869
Fantin-Latour a peint plusieurs centaines de superbes natures mortes, des fleurs et des fruits saisissants de réalité, des fleurs qu'il va cueillir puis installe en bouquets, dans un verre ou un vase posé sur une table, sur fond neutre le plus souvent de couleur beige ou grise, comme beaucoup de ses portraits. Certains n'ont pas hésité à comparer ses natures mortes et ses portraits. Il disait lui-même : « On peint les gens comme des pots de fleurs. » Et le peintre Jacques-Émile Blanche a écrit qu'il « étudiait (le) caractère (des fleurs) comme celui d'un visage humain. »
Portraits de Charlotte Dubourg 1882 et de Sonia 1886
Au-delà de ces deux domaines qui ont construit sa renommée, Fantin-Latour excellera aussi dans d’autres domaines. Entre 1864 et 1872, il réalise des portraits de groupe, pour rendre hommage à des artistes qu'il admire comme pour "L'atelier des Batignolles" en 1870 où l’on peut voir entre autres Manet, Renoir, Zola, Frédéric Bazille ou Claude Monet.
Fruits & fleurs 1866
Mais il reste en-dehors des courants dominants, n’aimant guère comme les impressionnistes de peindre à l’extérieur ou de jouer avec les touches légères et floues, préférant naviguer entre le réalisme de ses débuts au quasi symbolisme vers la fin de sa vie. C’est dans cette dernière époque qu’il laisse libre cours à son imaginaire avec des compositions inspirées par la mythologie ou des musiciens qu’il apprécie particulièrement comme Berlioz, Schumann ou Wagner. [5] Il grave et peint la "Finale de la Walkyrie", scène onirique transfigurée par les flammes et dessine "Les Filles du Rhin" dans une espèce de tourbillon.
"Le matin", musée de Roubaix "La nuit", 1897, Orsay
Dans "La Nuit" (1897), il imagine une femme nue enveloppée dans des vapeurs, "Ariane abandonnée" qui apparaît dans un flot de nuées bleues. « Le tableau qui est là est un vrai type de ce que je fais journellement. Je m'amuse à faire tout ce qui me passe par la tête, et j'ai le bonheur d'avoir un marchand qui m'achète ce que je fais… » a-t-il écrit en 1901, à propos de cette Ariane dans une lettre au peintre allemand Otto Scholderer.
Ses sujets favoris : fleurs et fruits, portraits, compositions
Notes et références
[1] Henri Fantin-Latour, "Coin de table" (de gauche à droite : Paul Verlaine, Arthur Rimbaud, Elzéar Bonnier, Léon Valade, Émile Blémont, Jean Aicart, Ernest d'Hervilly, Camille Pelletan), 1872, Paris, musée d'Orsay
[2] « Ses bouquets de fleurs presque hyperréalistes, écrit Le Parisien, ont une qualité photographique, une perfection dans la composition, la couleur, le dessin, qui à eux seuls sidèrent. » (09/2016)
[3] « Derrière l'auteur des plus délicates natures mortes qui soient, souligne Le Figaro, derrière le clairvoyant portraitiste des peintres et poètes de l'avant-garde, se cachait donc un Fantin coquin. » (09/2016)
[4] Le musée de Grenoble présentera d’ailleurs l’exposition "Henri Fantin-Latour, à fleur de peau" au premier semestre 2017. (18 mars au 18 juin 2017)
[5] Dans son hommage à Berlioz, il se met en scène dans "L'Anniversaire" en 1876 avec des personnages tirés des œuvres du compositeur.
* Voir aussi le récap de mes fiches sur Les Arts plastiques --
< • Christian Broussas –Fantin-Latour - 22/12/2016 • © cjb © • >
RépondreSupprimerBonjour tout le monde,
Je m'appelle Mme Martine Pelosse, Je vis au Quebec et je suis une femme
heureuse aujourd'hui. Ceci grâce à un vrai prêteur qui a sauvé ma famille
et moi d'une situation financière très compliquée. Alors, je renvoie toute
personne recherchant un prêt vers lui, il m'a donné du bonheur à moi et ma
famille, j'avais besoin d'un prêt de $300,000.00 pour les besoins de ma
famille car je suis une veuve avec 3 enfants. J'ai rencontré ce honnête
prêteur qui m'a aidé avec un prêt de $300,000, il est un homme craignant
DIEU. si vous avez besoin de prêt, s'il vous plaît contactez-le, dites lui
que c'est Mme Pelosse, qui vous a référé à lui. Contacter M. Guy LAGACE par
courriel: (guylagaceloan@gmail.com) Merci.
Cordialement.
Veuillez contacter: guylagaceloan@gmail.com