Référence : Jean-Christophe Rufin, Rouge Brésil, éditions Gallimard, 2001, Prix Goncourt, Adaptation télévisée par Sylvain Archambault en 2013
« Car chacun avait de l’unité une conception bien à lui qui supposait la reddition des autres. » Rouge Brésil
Ce sont deux enfants Just et Colombe Clamorgan, âgés de 13 et 15 ans, qui nous entraînent jusqu’au Nouveau monde pour retrouver la trace de leur père. Ils se trouvent embarqués de force dans l'expédition de Villegagnon, un chevalier de Malte, pour servir de lien avec les indiens. L’expédition découvre la Baie sauvage de Guanabara (la baie de Rio actuelle), habitée par des indiens cannibales.
L’objectif est d’y fonder une colonie nommée la France antarctique au nom du roi Henri II, sous les ordres de l'amiral Nicolas Durand de Villegagnon et entreprennent d’ériger le fort Coligny pour protéger l'île sur laquelle ils ont accosté, d'une attaque portugaise. Main de nombreuses difficultés vont mettre à rude épreuve l'équilibre du groupe. L’arrivée de calvinistes ne fera qu’empirer les choses, l’île sera peu à peu l’objet de conflits théologiques qui menaceront l’avenir de la colonie.
Jean-Christophe Rufin met en scène l’époque de la Renaissance, reprenant des événements historiques peu connus, sur la conquête française du Brésil en 1555 pour y fonder "la France antarctique". Il s’est basé sur le journal d'un membre de l'équipage de l'expédition de Villegagnon, Jean De Léry, intitulé Histoire d'un voyage fait en la terre de Brésil et à notre époque.
Au-delà du fil narratif, il nous montre aussi l’évolution de la société qui a marqué l’époque de La Renaissance, l’importance des échanges commerciaux, le développement du savoir avec l’invention de l’imprimerie, l’homme placé désormais au centre du monde.
Selon Villegagnon , « l'Homme est idéalement beau, chef-d'œuvre de son créateur, l'Homme de bien qui excelle aux armes et aux arts, l'Homme bon, calme serein, élégant, maître de lui pouvait devenir un idéal. » (p.235) Il apparaît d’abord comme un humaniste, un homme de tolérance qui dit qu’il vaut mieux « réunir tout le monde en Christ que diviser ceux qui croient en lui. »
Cependant toutes ces idées généreuses de tolérance, de liberté et les conceptions de l'homme vont être mises à mal par des conflits religieux entre les membres du groupe. Certains défendent une civilisation européenne meurtrière et fanatique, d’autres une civilisation indienne certes cruelle mais plus pacifique.
« Les Indiens, écrit l’auteur, vivent dans la forêt où tout meurt et renaît, où les forces s’échangent en permanence entre le moment de l’agonie et celui de la naissance. Quand ils mangent leurs ennemis, car c’est eux seuls qu’ils réservent à cet usage, c’est pour s’assimiler leur puissance. D’ailleurs, ils commencent par faire vivre longtemps leurs prisonniers au milieu d’eux. » (p. 431)
A ce jeu-là, on peut se demander qui fait le plus œuvre de sauvagerie, l’auteur nous obligeant ainsi à réfléchir sur nos idées toutes faites sur certains peuples et sur notre propre mode de vie.
Les chemins de Just et de Colombe vont bifurquer, Just suivant le traces du chevalier de Villegagnon, pris dans la guerre et la volonté de possession, Colombe préférant partir vivre au contact des indiens qu’ils appellent Œil-Soleil : « En cet instant, courant parmi les bouquets d’euphorbes et de frangipaniers, son corps aguerri et caressé de peintures rituelles, jeune et tendu comme les feuilles turgescentes de caoutchouc, elle se sentait au carrefour de toutes les forces et de toutes les douceurs, (…) elle sentait son âme prendre la même teinte pastel et sans ombre du bonheur. » (p. 379)
Le couple Rufin
Mais ils s’aperçoivent qu’ils ne peuvent vivre l’un sans l’autre : « L’ivresse de la délivrance l’abandonna d’un coup à l’idée que, pour se retrouver libre et toute entière, elle s’était amputée d’une moitié d’elle-même. Et elle se découvrait à présent enchaînée au désir de lui être réunie. » (p. 381)
Ils vivent mal l’absence de l’autre, Colombe s’aperçoit que la liberté n’est pas possible sans amour. Et si, au-delà des apparences, les barbares n’étaient pas ceux que l’on croyait ?
Voir mes fiches sur jean-Christophe Rufin :
* Jean-Christophe Rufin, Sauver Ispahan -- Rouge brésil --
* Jean-Christophe Rufin, Immortelle randonnée -- Le collier rouge --
< Christian Broussas, Rufin, Rouge Brésil - 04/10/2017 -© • cjb • © >
« Car chacun avait de l’unité une conception bien à lui qui supposait la reddition des autres. » Rouge Brésil
Ce sont deux enfants Just et Colombe Clamorgan, âgés de 13 et 15 ans, qui nous entraînent jusqu’au Nouveau monde pour retrouver la trace de leur père. Ils se trouvent embarqués de force dans l'expédition de Villegagnon, un chevalier de Malte, pour servir de lien avec les indiens. L’expédition découvre la Baie sauvage de Guanabara (la baie de Rio actuelle), habitée par des indiens cannibales.
L’objectif est d’y fonder une colonie nommée la France antarctique au nom du roi Henri II, sous les ordres de l'amiral Nicolas Durand de Villegagnon et entreprennent d’ériger le fort Coligny pour protéger l'île sur laquelle ils ont accosté, d'une attaque portugaise. Main de nombreuses difficultés vont mettre à rude épreuve l'équilibre du groupe. L’arrivée de calvinistes ne fera qu’empirer les choses, l’île sera peu à peu l’objet de conflits théologiques qui menaceront l’avenir de la colonie.
Jean-Christophe Rufin met en scène l’époque de la Renaissance, reprenant des événements historiques peu connus, sur la conquête française du Brésil en 1555 pour y fonder "la France antarctique". Il s’est basé sur le journal d'un membre de l'équipage de l'expédition de Villegagnon, Jean De Léry, intitulé Histoire d'un voyage fait en la terre de Brésil et à notre époque.
Au-delà du fil narratif, il nous montre aussi l’évolution de la société qui a marqué l’époque de La Renaissance, l’importance des échanges commerciaux, le développement du savoir avec l’invention de l’imprimerie, l’homme placé désormais au centre du monde.
Selon Villegagnon , « l'Homme est idéalement beau, chef-d'œuvre de son créateur, l'Homme de bien qui excelle aux armes et aux arts, l'Homme bon, calme serein, élégant, maître de lui pouvait devenir un idéal. » (p.235) Il apparaît d’abord comme un humaniste, un homme de tolérance qui dit qu’il vaut mieux « réunir tout le monde en Christ que diviser ceux qui croient en lui. »
Cependant toutes ces idées généreuses de tolérance, de liberté et les conceptions de l'homme vont être mises à mal par des conflits religieux entre les membres du groupe. Certains défendent une civilisation européenne meurtrière et fanatique, d’autres une civilisation indienne certes cruelle mais plus pacifique.
« Les Indiens, écrit l’auteur, vivent dans la forêt où tout meurt et renaît, où les forces s’échangent en permanence entre le moment de l’agonie et celui de la naissance. Quand ils mangent leurs ennemis, car c’est eux seuls qu’ils réservent à cet usage, c’est pour s’assimiler leur puissance. D’ailleurs, ils commencent par faire vivre longtemps leurs prisonniers au milieu d’eux. » (p. 431)
A ce jeu-là, on peut se demander qui fait le plus œuvre de sauvagerie, l’auteur nous obligeant ainsi à réfléchir sur nos idées toutes faites sur certains peuples et sur notre propre mode de vie.
Les chemins de Just et de Colombe vont bifurquer, Just suivant le traces du chevalier de Villegagnon, pris dans la guerre et la volonté de possession, Colombe préférant partir vivre au contact des indiens qu’ils appellent Œil-Soleil : « En cet instant, courant parmi les bouquets d’euphorbes et de frangipaniers, son corps aguerri et caressé de peintures rituelles, jeune et tendu comme les feuilles turgescentes de caoutchouc, elle se sentait au carrefour de toutes les forces et de toutes les douceurs, (…) elle sentait son âme prendre la même teinte pastel et sans ombre du bonheur. » (p. 379)
Le couple Rufin
Mais ils s’aperçoivent qu’ils ne peuvent vivre l’un sans l’autre : « L’ivresse de la délivrance l’abandonna d’un coup à l’idée que, pour se retrouver libre et toute entière, elle s’était amputée d’une moitié d’elle-même. Et elle se découvrait à présent enchaînée au désir de lui être réunie. » (p. 381)
Ils vivent mal l’absence de l’autre, Colombe s’aperçoit que la liberté n’est pas possible sans amour. Et si, au-delà des apparences, les barbares n’étaient pas ceux que l’on croyait ?
Voir mes fiches sur jean-Christophe Rufin :
* Jean-Christophe Rufin, Sauver Ispahan -- Rouge brésil --
* Jean-Christophe Rufin, Immortelle randonnée -- Le collier rouge --
< Christian Broussas, Rufin, Rouge Brésil - 04/10/2017 -© • cjb • © >
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