Référence : Maryse Condé, "Les belles ténébreuses", éditions Mercure de France, 2008, Folio 2009

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« Les mots, c’est bien connu, ne servent pas seulement à créer du sens. Ils jouent, ils font l’amour. Ils composent une musique. » Maryse Condé

Naître à Lille, d’un père guadeloupéen et d’une mère roumaine, Kassem Mayoumbe a du mal à se situer, tiraillé entre plusieurs culture. Sa vie va basculer après un attentat terroriste qui détruit le Dream Land, le complexe hôtelier dans lequel il travaillait et tue sa petite amie. 

   
                                                 Moi, Tituba sorcière 

Il vit alors dans un pays africain où sévit une dictature implacable. Mais Kassem se laisse volontiers porter par les événements qu’il traverse, étant plutôt un suiveur, un homme spectateur de sa propre vie. Par hasard –le hasard semble jouer un grand rôle dans sa vie- il devient l'assistant et le protégé du Dr Ramzi, une sommité respectée mais aussi controversée. 

                  
Civilisation du Bossale        La vie sans fards              La vie scélérate           

Ramzi An-Nawawî est d’une grande beauté, attirant les regards et exerçant sur ses semblables un grand ascendant. Kassem devient son « assistant embaumeur », admis jusque dans le palais du dictateur. Avec le temps, Kassem soupçonne bien des pratiques douteuses mais il exerce sur lui une telle ascendance qu’il ne peut lutter. 

Un homme énigmatique, des événements qui vont entraîner Kassem dans des aventures tragi-comiques bien dans le style de Maryse Condé qui n’aime rien tant que les histoires compliquées tissées de burlesque et de pathétique. Il connaîtra plusieurs péripéties qui le mèneront à Marseille, à Lille et même aux États-Unis.

                 
Son "best-seller" Ségou en 2 volumes  --   Murailles de terre & Terre en miette -


Avec le temps, Kassem soupçonne bien des pratiques douteuses mais Ramzi exerce sur lui une telle ascendance qu’il ne peut lutter. Un homme énigmatique, des événements qui vont entraîner Kassem dans des aventures tragi-comiques bien dans le style de Maryse Condé qui n’aime rien tant que les histoires compliquées tissées de burlesque et de pathétique.

         
                                                                                                         Rêves amers

Ces « belles ténébreuses », qui peuplent son roman, toujours un peu effacées à l’image de Drasta sa mère  qui laisse parader Babakar son bavard de mari, se retrouvent dans toutes les péripéties que vit Kassem que ce soit  Ana-Maria, morte dans l’attentat, la méfiante Hafsa ou la fascinante  Ébony Star elles aussi disparues de façon tragique, Onofria la fille du dictateur et la tendre Aminata

                 
Victoire, saveurs & mots --         Son dernier roman paru en 2017 

Elles vont hanter le destin de Kassem et ses nuits quand avec Ramzi, il embaumera toutes ces femmes comme autant de spectres funèbres. 
Elles joueront un rôle central comme cette recherche constante d’identité, une identité éclatée dans ce métissage entre un père guadeloupéen et une mère roumaine, doté au surplus d’un prénom musulman,  tout ce qui lui inculquera ce sentiment d’exclusion, se sentant étranger où qu’il se trouve.

   
Conte cruel                      La belle créole               Savannah blues       


Maryse Condé nous livre aussi, tout au long des aventures de Kassem, ses réflexions sur l'homme, par exemple par rapport à sa capacité de réagir face à son environnement, « la caractéristique des pays en dictature : l'individu privé de toutes les libertés se venge dans sa tête et fabule. Liberté d'inventer » ou par rapport à ses valeurs, car « si un homme ment, c'est qu'il a de bonnes raisons de se protéger de la vérité. Il convient donc de respecter son mensonge ». (page 130)

Voir aussi
** Le cœur à rire et à pleurer, autobiographie, 1999
*** Bibliographie
de Maryse Condé --


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