mercredi 23 janvier 2019

Laurent Gaudé, Salina


Référence : Laurent Gaudé, "Salina", éditions Actes sud, 152 pages, 2018

     

Salina, les 3 exils
« Moi, Malaka, fils élevé dans le désert par une mère qui parlait aux pierres, je vais raconter Salina, la femme aux trois exils. » Laurent Gaudé

À la fin de sa vie, son dernier fils
Malaka raconte celle qu’elle a été, avant qu’elle trouve enfin le repos après une vie si difficile. Sa vie … « À l’époque où le monde a accueilli sa vie, il y avait une enfant venue de nulle part. Elle est née loin, Salina, si loin que personne ne connaît le lieu exact ni de qui elle fut l’enfant, pas même elle. »

Son fils Malaka va ainsi au bout d’une longue chaîne de voix, « reprendre le récit d’avant ma vie et de bouche en bouche, de veillée en veillée, je vous fais parvenir ce que fut cette journée. »

 

     

Qui dira l’histoire de Salina, la mère aux trois fils, la femme aux trois exils, l’enfant abandonnée aux larmes de sel ? Elle fut recueillie par Mamambala et élevée comme sa fille dans un clan qui jamais ne la vit autrement qu’étrangère et qui voulut la soumettre.

Dans ce récit légendaire de Laurent Gaudé, on trouve beaucoup de silence, une nourriture frugale, un habitat précaire. Salina abandonnée et recueillie par le clan Djimba, puis sa mort. Malaka son dernier troisième fils, l’emmène pour son dernier voyage mais pour qu’elle soit inhumée, il faut que le cimetière l’accepte, qu’il respecte les pratiques de la communauté, et pour cela, son fils doit faire fidèlement le récit de sa vie.    

     

Au fil de sa présentation, Malaka s’aperçoit que sa mère « au fond, il ne la connaît pas. » Et Effectivement, elle est ambivalente, difficile à cerner. Si elle apparaît au début inquiète pour son fils, quand «elle se fige, attend, est sur le point de demander aux dieux pourquoi ils lui enlèvent toujours ceux qu’elle aime, mais elle ne le fait pas, elle serre les lèvres et reste suspendue.»
Mais elle n’a jamais aimé son aîné, lui adressant rarement la parole parce qu’il était né de son mariage avec l’un des fils du chef, celui qu’elle détestait. Et n’a-t-elle pas éliminé elle-même son deuxième fils, qui était pourtant l’instrument de sa vengeance, et harcelé celui qu’elle aurait voulu épouser ?
 


La pièce de théâtre : Salina 2007, mise en scène de
Farid Paya

Un récit au souffle “épico-tragique”.
Sur quatre générations, le clan des Djimba reste solidaire dans un monde mouvementé. Salina est l’étrangère, enfant trouvée en larmes, larmes de sel sur son visage. Rebelle aux règles du clan, elle déclenche, catalyse et encaisse les passions. Puis rejetée par le clan, elle devient une figure d’errance portant la haine en elle comme une pierre sombre génératrice de violences.

  

Ariane Lagneau (Salina) & Guillaume Caubel (Kano Djimba)
Ariane Lagneau (Salina) & Marion Denys (Alika)

Pascal Arbeille (Kwane N’krumba)

Mes fiches sur Laurent Gaudé
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Le Soleil des Scorta -- Danser les ombres --  La porte des Enfers --
- Écoutez nos défaites -- Salina --
- Gaudé et tremblements de terre


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