Référence : Michel Onfray, Brève encyclopédie du monde (en 3 volumes)
1- Cosmos : Une ontologie matérialiste, Flammarion, mars 2015, 576 pages
2-  Décadence : Vie et mort du judéo-christianisme, Flammarion, 2017, 656 pages
3-  Sagesse : Savoir vivre au pied d'un volcan, Albin Michel, 2019, 528 pages

          
 
Le premier tome Cosmos développe une "philosophie de la nature", le deuxième Décadence une "philosophie de l’histoire"et le troisième Sagesse, "une philosophie pratique".

1- Cosmos : Une ontologie matérialiste, Flammarion« Aller par-delà "moi-même" et "toi-même", éprouver d’une manière cosmique. » Nietzsche 

Michel Onfray
nous propose une méditation qui repose sur le cosmos. Il considère que ce livre qui développe une philosophie personnelle de la nature, est « son premier livre ». Scruter le monde, c’est en saisir les mystères et les leçons qu’il recèle, définir les préceptes fondateurs du temps, de la vie, de la nature, tel est le dessein de l’auteur qui défend l’idée antique d’une sagesse humaine en harmonie avec son environnement.


Il présente ainsi son ouvrage : « Trop de livres se proposent de faire l'économie du monde tout en prétendant nous le décrire. Cet oubli nihiliste du cosmos me semble plus peser que l'oubli de l'être. Les monothéismes ont voulu célébrer un livre qui prétendait dire la totalité du monde. Pour ce faire, ils ont écarté des livres qui disaient le monde autrement qu'eux. Une immense bibliothèque s'est installée entre les hommes et le cosmos, et la nature, et le réel. »

D’un point de vue plus intime, Il nous confie des blessures personnelles, des souvenirs dégageant une nostalgie positive par leur côté fondamental. C'est aussi un hommage émouvant à son père, simple ouvrir agricole qui lui a transmis une grande sagesse.



2-  Décadence : Vie et mort du judéo-christianisme

Dans cet essai, Michel Onfray base sa philosophie de l’histoire sur cette citation de Spinoza : « Ni rire, ni pleurer, mais comprendre. » Il se situe dans la longue durée pour tracer le parcours de la civilisation judéo-chrétienne, selon bien sûr les clés d'interprétation qu’il utilise pour décrypter le monde contemporain.

Il nous livre ici une vision très pessimiste de l'effondrement de la civilisation judéo-chrétienne qui a été le support idéologique fondamental de l'occident pendant deux mille ans. Une logique qu'il impute essentiellement à la menace musulmane et l'effacement du christianisme.

Comme souvent avec Onfray, le livre fait débat mais possède en tout cas la vertu d'alimenter la discussion sur un thème très sensible. L'athée pur et dur qu'il a toujours été et qui lui a valu d'écrire le Traité d’athéologie en 2005, son livre le plus connu,  s'en donne à
cœur joie dans la description de la décadence irréversible du christianisme, réduit le plus souvent à son volet catholique. [1]

     
Avec Marc Lavoine                                       Avec Pierre Rabhi

 
3-  Sagesse : Savoir vivre au pied d'un volcan

Dans ce troisième volume, Michel Onfray use d'une métaphore : Vivre au pied du Vésuve est une preuve d'optimisme, parier sur l'avenir en faisant confiance au ciel et en le défiant aussi d'une certaine façon. Mais au-delà, l'auteur y voit la représentation même de notre société qui nie les effets délétères de sa décadence et le fait que "toute civilisation est mortelle".  

Dans l’attente de la catastrophe, on peut toujours vivre fier comme un Romain. Des Romains vraiment bizarres comme ce Mucius Scaevola et son charbon ardent, ce Regulus et ses paupières cousues, Cincinnatus et sa charrue, Lucrèce et son poignard et aussi des personnages historiques comme Sénèque, Cicéron, Épictète ou Marc Aurèle.
Ce livre aborde des questions concrètes fondamentales comme l'usage du temps, la procréation, l'art de faire face à la douleur, la vieillesse et la mort, le rôle de l'amitié et de l'amour, de la politique et de la morale...

Son objectif est de proposer des solutions à « notre Occident nihiliste ». Pour cela, il convoque les auteurs romains en élaborant un système à partir des théories stoïciste et épicuriste.


          

Notes et références
[1] On peut voir dans cette citation de Nietzsche son impact sur la pensée de Michel Onfray : « Les eaux de la religion sont en baisse et laissent derrière elles des marécages ou des étangs ; les nations s’opposent de nouveau dans de vives hostilités et cherchent à se déchirer. Les sciences, cultivées sans mesure et avec la plus aveugle insouciance, émiettent et dissolvent tout ce qui était l’objet d’une ferme croyance ; les classes cultivées et les Etats civilisés sont balayés par un courant d’affaires magnifiquement dédaigneux. Jamais siècle ne fut plus séculier, plus pauvre d’amour et de bonté. Les milieux intellectuels ne sont plus que des phares ou des refuges au milieu de ce tourbillon d’ambitions concrètes. De jour en jour ils deviennent eux-mêmes plus instables, plus vides de pensée et d’amour. Tout est au service de la barbarie approchante, tout, y compris l’art et la science de ce temps ».


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