Référence : François Dosse, La Saga des intellectuels français. 1944-1989, éditions Gallimard, Collection "La suite des temps", 2 tomes, 640 pages et 720 pages, septembre 2018
De Jean-Paul sartre à Michel Foucault
Voilà un sacré défi à relever : raconter de façon exhaustive mais sans se perdre dans les détails, la riche aventure des intellectuels français, de la Libération au bicentenaire de la Révolution et à la chute du mur de Berlin.
Il faut dire que François Dosse possédait de nombreux atouts pour remplir cette tâche. Son Histoire du structuralisme en deux volumes et ses nombreuses biographies comme celles de Paul Ricœur, Pierre Nora, Cornelius Castoriadis) attestent d’une connaissance assez fine de la vie intellectuelle française de la seconde moitié du XXe siècle.
François Dosse Raymond Aron
Le premier volume, 1944-1968, couvre les années Sartre et Beauvoir et leurs contestations, les rapports ambigus avec le communisme, le tournant de l’année 1956, la guerre d'Algérie, les débuts du tiers-mondisme, l'émergence du gaullisme et ses formes de contestation : un temps dominé par le poids de l'histoire, l'influence du communisme, les espoirs de l’immédiat après-guerre, les difficultés et les désillusions qui ont suivi.
Les intellectuels d’alors, c’est d’abord Camus et Mauriac qui s’affrontent sur la question de l’épuration, l’existentialisme sartrien en contrepoint des nuits dans les caves de Saint-Germain-des-Prés ou ceux qu’on a appelés "les Hussards", Antoine Blondin, Jacques Laurent et Roger Nimier jouent les semeurs de troubles.
Le second volume, 1968-1989, traite de l'utopie gauchiste, de Soljenitsyne et du combat contre le totalitarisme, à la «nouvelle philosophie» de BHL et de Glucksman, les prémisses de l’écologie, la crise économique qui oblige à une remise en cause des modes de vie et de pensée.
Il permet également de tracer un chemin salutaire dans le foisonnement intellectuel de l’époque marquée par l’hégémonie de la "french theory" et de ses chefs de file Claude Lévi-Strauss, Michel Foucault, Michel Foucault ou Jacques Lacan.
Se font jour d’autres manières de penser, renouvelant les démarches des intellectuels et les concepts dans la Nouvelle Vague, le Nouveau roman, le structuralisme, le féminisme ou le consumérisme… Roland Barthes en traque les signes et Michel Foucault en sonde les failles…
Pierre Bourdieu Sartre et Beauvoir
François Dosse nous offre quelques points de repère pour analyser cette période si riche en événements et il faut bien cette somme de travail et le recul nécessaire pour pouvoir s’orienter dans la profusion des faits difficiles à décrypter et qui peuvent très bien cacher l’essentiel. Entre les deux dates phares de 1944 et 1989, émergent finalement deux grandes périodes illustrées par les Trente glorieuses qui vont peu à peu se dissoudre dans une perte de confiance et l’individualisme, dont il dit : « D’un côté, écrit-il d’emblée, le sentiment d’être porté par le souffle de l’Histoire dans le climat de sortie de la barbarie nazie ; de l’autre, l’impression d’affaissement de l’expérience historique ressentie au moment de l’effondrement du communisme, l’autre totalitarisme. »
Il analyse finement le contenu d’œuvres essentielles comme celles d’Herbert Marcuse ou André Gorz qui parlent d’uniformisation et d’aliénation, d’Alain Touraine sur les nouvelles classes moyennes ou de Paul Yonnet sur les modes de vie.
Pour cela, l’auteur s’appuie fortement sur les éditeurs comme François Maspero, Jérôme Lindon, Pierre Nora, des revues (Les Temps modernes, Esprit, Le Débat, Commentaire…) et des journaux (Combat, Le Figaro, L’Humanité, France Observateur, L’Express…), qui ont joué un rôle considérable dans le bouillonnement intellectuel de cette époque.
<< Christian Broussas, N. Dosse Intellos 26/03/2019 • © cjb © • >>
De Jean-Paul sartre à Michel Foucault
Voilà un sacré défi à relever : raconter de façon exhaustive mais sans se perdre dans les détails, la riche aventure des intellectuels français, de la Libération au bicentenaire de la Révolution et à la chute du mur de Berlin.
Il faut dire que François Dosse possédait de nombreux atouts pour remplir cette tâche. Son Histoire du structuralisme en deux volumes et ses nombreuses biographies comme celles de Paul Ricœur, Pierre Nora, Cornelius Castoriadis) attestent d’une connaissance assez fine de la vie intellectuelle française de la seconde moitié du XXe siècle.
François Dosse Raymond Aron
Le premier volume, 1944-1968, couvre les années Sartre et Beauvoir et leurs contestations, les rapports ambigus avec le communisme, le tournant de l’année 1956, la guerre d'Algérie, les débuts du tiers-mondisme, l'émergence du gaullisme et ses formes de contestation : un temps dominé par le poids de l'histoire, l'influence du communisme, les espoirs de l’immédiat après-guerre, les difficultés et les désillusions qui ont suivi.
Les intellectuels d’alors, c’est d’abord Camus et Mauriac qui s’affrontent sur la question de l’épuration, l’existentialisme sartrien en contrepoint des nuits dans les caves de Saint-Germain-des-Prés ou ceux qu’on a appelés "les Hussards", Antoine Blondin, Jacques Laurent et Roger Nimier jouent les semeurs de troubles.
Le second volume, 1968-1989, traite de l'utopie gauchiste, de Soljenitsyne et du combat contre le totalitarisme, à la «nouvelle philosophie» de BHL et de Glucksman, les prémisses de l’écologie, la crise économique qui oblige à une remise en cause des modes de vie et de pensée.
Il permet également de tracer un chemin salutaire dans le foisonnement intellectuel de l’époque marquée par l’hégémonie de la "french theory" et de ses chefs de file Claude Lévi-Strauss, Michel Foucault, Michel Foucault ou Jacques Lacan.
Se font jour d’autres manières de penser, renouvelant les démarches des intellectuels et les concepts dans la Nouvelle Vague, le Nouveau roman, le structuralisme, le féminisme ou le consumérisme… Roland Barthes en traque les signes et Michel Foucault en sonde les failles…
Pierre Bourdieu Sartre et Beauvoir
François Dosse nous offre quelques points de repère pour analyser cette période si riche en événements et il faut bien cette somme de travail et le recul nécessaire pour pouvoir s’orienter dans la profusion des faits difficiles à décrypter et qui peuvent très bien cacher l’essentiel. Entre les deux dates phares de 1944 et 1989, émergent finalement deux grandes périodes illustrées par les Trente glorieuses qui vont peu à peu se dissoudre dans une perte de confiance et l’individualisme, dont il dit : « D’un côté, écrit-il d’emblée, le sentiment d’être porté par le souffle de l’Histoire dans le climat de sortie de la barbarie nazie ; de l’autre, l’impression d’affaissement de l’expérience historique ressentie au moment de l’effondrement du communisme, l’autre totalitarisme. »
Il analyse finement le contenu d’œuvres essentielles comme celles d’Herbert Marcuse ou André Gorz qui parlent d’uniformisation et d’aliénation, d’Alain Touraine sur les nouvelles classes moyennes ou de Paul Yonnet sur les modes de vie.
Pour cela, l’auteur s’appuie fortement sur les éditeurs comme François Maspero, Jérôme Lindon, Pierre Nora, des revues (Les Temps modernes, Esprit, Le Débat, Commentaire…) et des journaux (Combat, Le Figaro, L’Humanité, France Observateur, L’Express…), qui ont joué un rôle considérable dans le bouillonnement intellectuel de cette époque.
<< Christian Broussas, N. Dosse Intellos 26/03/2019 • © cjb © • >>
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