Référence : Gérard Mordillat, Ces femmes-là, éditions Albin Michel, 384 pages, janvier 2019
« Gérard Mordillat capte, à travers une multitude de destins individuels, la puissance d’une action collective. Épique, politique et humaine : une fresque visionnaire. »
Après La Tour abolie et la biographie de Lucie Baud, première femme syndicaliste, dans son film Mélancolie ouvrière - adaptation du livre de Michelle Perrot , Gérard Mordillat lui dédie son nouveau livre, Ces femmes-là, paru chez Albin Michel. À travers une multitude personnages, il brosse le portrait d’individus livrés à une évolution de la société que personne ne semble maîtriser.
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Malgré une présentation très nébuleuse de l’éditeur, Ces femmes-là s'annonçait comme une illustration du combat des femmes contre le machisme mais aussi comme une critique virulente de la société actuelle.
Nous sommes en France en l’an 2024, au moment où le pays accueille dans la liesse les Jeux Olympiques d'été. Mais La belle République a bien changé, gangrénée par le populisme le plus étroit, teintée d’un brin de dictature.
Portrait de Lucie Baud
Les Médias ont perdu toute autonomie, les mécanismes de surveillance sont omniprésents, confortés par la puissance des forces paramilitaires. En gros, la liberté est plus que jamais menacée comme au temps de vichy mais les progressistes ont décidé cette fois d’organisation une grande manifestation au cœur de la capitale.
Rouge dans la brume
Cet événement sert de charnière, une cinquantaine de personnages évoluant avant, pendant et après cet épisode. Des personnages d’une très grande diversité allant de la femme de ménage d'origine maghrébine jusqu'aux ministres les plus influents du gouvernement. L’écart est de plus en plus important entre la démocratie formelle telle qu’elle se dégage des textes et la réalité quotidienne. L’état de droit laisse progressivement la place à l’état de fait.
Ce tableau, pour noir qu’il se présente, n’est pas seulement une vue de l’esprit de l’auteur mais une hypothèse qui repose sur des éléments puisés dans le vivier du présent. Cette anticipation repose en effet sur des données factuelles et s’inscrit dans la logique d’événements récents marqués par l’extension de l’ultra-libéralisme, la liquidation des services publics et le retour de l’individualisme, les lois qui privilégient la sécurité au détriment de la sauvegarde de la liberté, la montée des extrémismes.
La brigade du rire
C’est ainsi que les figures féminines vont se révéler. Jadis sous la coupe d’un homme, mari, patron…, elles prennent conscience que les nouveaux enjeux de la société les servent désormais et qu’il faut qu’elles profitent de cette conjoncture pour assurer à leur tour leur domination sur ce nouveau type de société qui leur est beaucoup plus favorable.
C’est un roman épique, une confrontation rageuse de personnages qui évoluent dans l’arène socio-politique, un bouillonnement éruptif qui agit comme un tsunami ou un volcan constamment en activité.
On passe rapidement d’un personnage à un autre, pas plus de quatre pages par personnage, avec alternance des points de vue pour maintenir la tension, densifier l’histoire et lui donner plus de signification, mettre en lumière les sentiments négatifs qu’éprouvent les individus, désir, jalousie, volonté de pouvoir sans repères moraux, violence individuelle et collective, contrôle généralisé...
Xénia
Gérard Mordillat et "Ces femmes-là" :
« J'ai une conviction profondément ancrée : la fiction marche toujours un pas en avant sur l'histoire. Mais je me considère comme un écrivain réaliste, car la réalité me dérange et me perturbe, et mon style s'appuie sur une structure narrative classique. L'action du roman Ces femmes-là se déroule autour de l'événement central du livre, une manifestation dans la rue. Il y a avant, pendant et après, qui forment les trois parties du récit : l'attente, le moment où tout se noue, et les conséquences sur chaque personnage. J'essaie de restituer la dynamique complexe d'un mouvement. »
« Le modèle qui m'inspire quand j'écris, c'est la poésie en prose. Le rythme est essentiel, il m'anime et fait bouger mes personnages. L'action se déroule au rythme de la phrase, j'espère que le lecteur ressent ce tempo. Un mot de trop, un verbe mal placé, et tout peut se casser la figure. Il faut une attention délicate et précise au rythme. Comme disait Giacometti, à qui on reprochait de faire des sculptures trop maigres, "j'enlève tout ce qui n'est pas nécessaire". »
Vive la sociale !
Mes fiches sur Gérard Mordillat :
* Les vivants et les morts -- Xénia - Ces femmes-là --
* Biographie de Lucie Baud --
< Christian Broussas – Ces femmes-là - 8/04/2019 < • © cjb © • >>
« Gérard Mordillat capte, à travers une multitude de destins individuels, la puissance d’une action collective. Épique, politique et humaine : une fresque visionnaire. »
Après La Tour abolie et la biographie de Lucie Baud, première femme syndicaliste, dans son film Mélancolie ouvrière - adaptation du livre de Michelle Perrot , Gérard Mordillat lui dédie son nouveau livre, Ces femmes-là, paru chez Albin Michel. À travers une multitude personnages, il brosse le portrait d’individus livrés à une évolution de la société que personne ne semble maîtriser.
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Malgré une présentation très nébuleuse de l’éditeur, Ces femmes-là s'annonçait comme une illustration du combat des femmes contre le machisme mais aussi comme une critique virulente de la société actuelle.
Nous sommes en France en l’an 2024, au moment où le pays accueille dans la liesse les Jeux Olympiques d'été. Mais La belle République a bien changé, gangrénée par le populisme le plus étroit, teintée d’un brin de dictature.
Portrait de Lucie Baud
Les Médias ont perdu toute autonomie, les mécanismes de surveillance sont omniprésents, confortés par la puissance des forces paramilitaires. En gros, la liberté est plus que jamais menacée comme au temps de vichy mais les progressistes ont décidé cette fois d’organisation une grande manifestation au cœur de la capitale.
Rouge dans la brume
Cet événement sert de charnière, une cinquantaine de personnages évoluant avant, pendant et après cet épisode. Des personnages d’une très grande diversité allant de la femme de ménage d'origine maghrébine jusqu'aux ministres les plus influents du gouvernement. L’écart est de plus en plus important entre la démocratie formelle telle qu’elle se dégage des textes et la réalité quotidienne. L’état de droit laisse progressivement la place à l’état de fait.
Ce tableau, pour noir qu’il se présente, n’est pas seulement une vue de l’esprit de l’auteur mais une hypothèse qui repose sur des éléments puisés dans le vivier du présent. Cette anticipation repose en effet sur des données factuelles et s’inscrit dans la logique d’événements récents marqués par l’extension de l’ultra-libéralisme, la liquidation des services publics et le retour de l’individualisme, les lois qui privilégient la sécurité au détriment de la sauvegarde de la liberté, la montée des extrémismes.
La brigade du rire
C’est ainsi que les figures féminines vont se révéler. Jadis sous la coupe d’un homme, mari, patron…, elles prennent conscience que les nouveaux enjeux de la société les servent désormais et qu’il faut qu’elles profitent de cette conjoncture pour assurer à leur tour leur domination sur ce nouveau type de société qui leur est beaucoup plus favorable.
C’est un roman épique, une confrontation rageuse de personnages qui évoluent dans l’arène socio-politique, un bouillonnement éruptif qui agit comme un tsunami ou un volcan constamment en activité.
On passe rapidement d’un personnage à un autre, pas plus de quatre pages par personnage, avec alternance des points de vue pour maintenir la tension, densifier l’histoire et lui donner plus de signification, mettre en lumière les sentiments négatifs qu’éprouvent les individus, désir, jalousie, volonté de pouvoir sans repères moraux, violence individuelle et collective, contrôle généralisé...
Xénia
Gérard Mordillat et "Ces femmes-là" :
« J'ai une conviction profondément ancrée : la fiction marche toujours un pas en avant sur l'histoire. Mais je me considère comme un écrivain réaliste, car la réalité me dérange et me perturbe, et mon style s'appuie sur une structure narrative classique. L'action du roman Ces femmes-là se déroule autour de l'événement central du livre, une manifestation dans la rue. Il y a avant, pendant et après, qui forment les trois parties du récit : l'attente, le moment où tout se noue, et les conséquences sur chaque personnage. J'essaie de restituer la dynamique complexe d'un mouvement. »
« Le modèle qui m'inspire quand j'écris, c'est la poésie en prose. Le rythme est essentiel, il m'anime et fait bouger mes personnages. L'action se déroule au rythme de la phrase, j'espère que le lecteur ressent ce tempo. Un mot de trop, un verbe mal placé, et tout peut se casser la figure. Il faut une attention délicate et précise au rythme. Comme disait Giacometti, à qui on reprochait de faire des sculptures trop maigres, "j'enlève tout ce qui n'est pas nécessaire". »
Vive la sociale !
Mes fiches sur Gérard Mordillat :
* Les vivants et les morts -- Xénia - Ces femmes-là --
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