« Il y a beaucoup de féminité chez Schubert »

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Les hommages n’ont pas manqué pour la sortie du dernier album de Khatia Buniatichvili consacré à Schubert. Par exemple, pour The Observer, c’est « l’une des jeunes pianistes les plus passionnantes et les plus douées techniquement d’aujourd’hui » et pour Le Figaro, elle est « la pop star du classique. »


 

Cet album "Schubert" s’inscrit dans la logique de ses précédents albums, eux aussi consacrés à un compositeur unique, respectivement Liszt, Chopin et Rachmaninov et de ses deux autres enregistrements « Motherland » et « Kaleidoscope, » centré sur Moussorgski, Ravel et Stravinski.


          
   Khatia Buniatichvili joue Liszt      En duo avec le violoniste Renaud Capuçon


Pour ma part, j’ai déjà consacré une fiche à Khatia Buniatishvili, lors de la parution de son album  « Kaleidoscope » en 2016 où elle interprétait Stravinski, Moussorgski et Ravel. Au sommaire de ce disque, on trouve la dernière Sonate pour piano (D 960), les 4 Impromptus ainsi que la Sérénade (arrangée par Liszt) extraite du Chant du cygne (D 957).
De quoi satisfaire les plus exigeants, surtout avec l’interprétation très personnelle et tout en délicatesse de Khatia Buniatishvili.

Son but est toujours d’œuvrer pour décloisonner la musique classique, de faire en sorte de rendre grand public un album consacré à Franz Schubert. « On doit décomplexer les gens qui pensent que la musique classique n’est pas accessible, explique-t-elle, que ce n’est pas pour eux. Je joue pour tout le monde. Sinon ça n’aurait pas de sens de jouer de la musique ».

 
Khatia Buniatishvili joue Chopin                 L’album Mothertland [1]
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Schubert, ça fait deux ans qu’elle pensait à lui consacrer un album, surtout parce que c’est un compositeur « plein de féminité » dit-elle, à la fois vulnérable, sensible et puissant dans sa créativité… une dimension « souvent négligé dans sa musique ».

Elle n’hésite pas à remettre en cause les références admises, précisant dans une interview : « Casser les codes, c’est créer. Quand on fait une interprétation, si on écoute trop les références et les "ce qu’il faut faire", rien ne se passe. Cela voudrait dire qu’il y a des indications "justes" alors que c’est un art très subjectif. Il faut être soi-même. Même si on nous critique pour ça ».
 
Elle admet qu’avec Schubert, elle n'a pas choisi la simplicité, précisant avec malice : « Il n’est pas facile à aimer si on ne maîtrise pas l’art de la patience, » visant aussi certaines critiques. Puis élargissant le sujet : « Dans la vie, on ne se sent vivant que lorsque de grandes choses ou de grandes émotions se produisent. Mais la beauté pourrait être cachée dans les petites choses, dans les nuances du quotidien. Dans la musique de Schubert, c’est pareil : il ne se passe peut-être rien, mais il se passe beaucoup de choses. » 

     
                                                            A Paris en 2019

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Liste des titres
1. I. Molto Moderato  --   2. II. Andante Sostenuto
3. III. Scherzo - Allegro Vivace Con Delicatezza
4. IV. Allegro Ma Non Troppo  --  5. No. 1 in C Minor

6. No. 2 in E-Flat Major  --  7. No. 3 in G-Flat Major
8. No. 4 in a-Flat Major  --  9. Standchen, S. 560 (Trans. from Schwanengesang No. 4, D. 957)


     
Khatia joue Beethoven, Liszt...


Notes et références
[1] 
Album aux tonalités très romantiques allant de Bach à Arvo Pärt, au climat intimiste souligné comme son interprétation du Clair de lune de Debussy, moins marqué comme l’Intermezzo Op. 117 N° 2 de Brahms ou une Danse slave de Dvorák jouée avec sa sœur Gvants.

Voir aussi

* Vidéo de présentation --

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