jeudi 14 novembre 2019

Didier van Cauwelaert, La bienveillance est une arme absolue

Didier van Cauwelaert, La bienveillance est une arme absolue, éditions de l’Observatoire, 286 pages, novembre 2019

       A Nice

Prix Goncourt 1994, Didier van Cauwelaert est l'auteur de nombreux romans et essais. Il aime particulièrement traiter des rapports des hommes à la science et à l'extraordinaire. Nombre de ses ouvrages abordent aussi la difficile construction des personnes en souffrance.

Qu’est-ce qui a suscité ce livre sur la bienveillance ? « C’est, dit-il dans une interview, un thème qui revenait régulièrement dans mes livres et que mon éditrice m’a suggéré de développer. Le point de départ du livre, c’est la manière bienveillante dont mon père avait réagi à la suite d’une trahison. La bienveillance, c’est se nettoyer du mal que l’on vous a fait en faisant du bien. Comme un détergent moral qui empêche une emprise de s’installer à l’intérieur de vous, même si le ressentiment ou la rancune sont légitimes. La bienveillance peut modifier votre rapport au monde. »

   

Bigre, ferait-il partie de la panoplie de ces solutions miracles que les psys de tout acabit nous servent à tout bout de champ pour résoudre les problèmes relationnels ? Pour un écrivain, ce serait trop simple et l’auteur pour nous en convaincre va passer par maints exemples.

Le sien d’abord. À l’occasion d’un conflit, au harcèlement moral que lui faisait subir un professeur de gym, il a préféré désamorcer la violence d’une bande d’élèves qui s’acharnait sur lui. Cette bienveillance dont il a fait preuve, lui a permis de trouver une solution pour sortir de ce dilemme. Et en matière d’exemples de bienveillance, tout va y passer : de ses expériences personnelles à l’histoire d’autres personnes, il fera aussi appel à des animaux, des plantes… et même des bactéries.



Dans sa conception de la bienveillance, il y a non seulement une approche relationnelle empathique du rapport compassionnel à l’autre, une analyse situationnelle et comportementale, même si elle est nécessairement sommaire, et une technique qui rappelle certains principes de la non violence.

Pour lui, la bienveillance s'oppose à la mièvrerie, « une arme de choc, une arme de joie, une arme absolue.» Il pense qu'on vit une époque où les sentiments sont hypertrophiés, que ce soit par exemple la ruse, la haine, l'ego, le politiquement correct, jusqu'aux discours humanitaires et ne voit pas d'autre solution à adopter pour répondre aux enjeux de la crise morale que traverse nos sociétés.


Bien sûr reconnaît-il, pas question de changer rapidement le monde, car il s'agit d'abord d'améliorer les choses (« lui redonner des couleurs »), remonter le moral des personnes face à cette dérive (« compenser les déceptions ») en systématisant la relation d'aide et de compréhension avec autrui.

Pour l'auteur, cette façon d'agir est devenue sa manière normale de fonctionner au quotidien dans ses rapports avec les autres, pratiquée sans état d'âme, devenant comme une seconde nature, même s'il n'est pas toujours payé de retour par ses interlocuteurs.
De plus, il y voit un instrument qui est un véritable pouvoir qui ne dit pas son nom.


 
                                                              Avec Marie-France Cazeaux

Mes fiches sur Didier van Cauwelaert
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Voir aussi
* Lytta Basset, Oser la bienveillance, éditions Albin Michel, 432 pages, édition de poche 2018 --
* Juliette Tournand, La stratégie de la bienveillance ou l'intelligeance de la coopération, InterEditions, 3ème édition, 2014 --
* Alexandre Sattle, Ode à la bienveillance, éditions Hozhoni, 262 pages, octobre 2019


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