Didier van Cauwelaert, La bienveillance est une arme absolue, éditions de l’Observatoire, 286 pages, novembre 2019
A Nice
Prix Goncourt 1994, Didier van Cauwelaert
est l'auteur de nombreux romans et essais. Il aime particulièrement
traiter des rapports des hommes à la science et à l'extraordinaire.
Nombre de ses ouvrages abordent aussi la difficile construction des
personnes en souffrance.
Qu’est-ce qui a suscité ce livre sur la bienveillance ? « C’est,
dit-il dans une interview, un thème qui revenait régulièrement dans mes
livres et que mon éditrice m’a suggéré de développer. Le point de
départ du livre, c’est la manière bienveillante dont mon père avait
réagi à la suite d’une trahison. La bienveillance, c’est se nettoyer du
mal que l’on vous a fait en faisant du bien. Comme un détergent moral
qui empêche une emprise de s’installer à l’intérieur de vous, même si le
ressentiment ou la rancune sont légitimes. La bienveillance peut
modifier votre rapport au monde. »
Bigre,
ferait-il partie de la panoplie de ces solutions miracles que les psys
de tout acabit nous servent à tout bout de champ pour résoudre les
problèmes relationnels ? Pour un écrivain, ce serait trop simple et
l’auteur pour nous en convaincre va passer par maints exemples.
Le
sien d’abord. À l’occasion d’un conflit, au harcèlement moral que lui
faisait subir un professeur de gym, il a préféré désamorcer la violence
d’une bande d’élèves qui s’acharnait sur lui. Cette bienveillance dont
il a fait preuve, lui a permis de trouver une solution pour sortir de ce
dilemme. Et en matière d’exemples de bienveillance, tout va y passer :
de ses expériences personnelles à l’histoire d’autres personnes, il fera
aussi appel à des animaux, des plantes… et même des bactéries.
Dans
sa conception de la bienveillance, il y a non seulement une approche
relationnelle empathique du rapport compassionnel à l’autre, une analyse
situationnelle et comportementale, même si elle est nécessairement
sommaire, et une technique qui rappelle certains principes de la non
violence.
Pour lui, la bienveillance s'oppose à la mièvrerie, « une arme de choc, une arme de joie, une arme absolue.» Il
pense qu'on vit une époque où les sentiments sont hypertrophiés, que ce
soit par exemple la ruse, la haine, l'ego, le politiquement correct,
jusqu'aux discours humanitaires et ne voit pas d'autre solution à
adopter pour répondre aux enjeux de la crise morale que traverse nos
sociétés.
Bien sûr reconnaît-il, pas question de changer rapidement le monde, car il s'agit d'abord d'améliorer les choses (« lui redonner des couleurs »), remonter le moral des personnes face à cette dérive (« compenser les déceptions ») en systématisant la relation d'aide et de compréhension avec autrui.
Pour
l'auteur, cette façon d'agir est devenue sa manière normale de
fonctionner au quotidien dans ses rapports avec les autres, pratiquée
sans état d'âme, devenant comme une seconde nature, même s'il n'est pas
toujours payé de retour par ses interlocuteurs.
De plus, il y voit un instrument qui est un véritable pouvoir qui ne dit pas son nom.
Avec Marie-France Cazeaux
Mes fiches sur Didier van Cauwelaert
* Je suis votre sujet -- La bienveillance... --
* La Catégorie Didier van Cauwelaert --
Voir aussi
* Lytta Basset, Oser la bienveillance, éditions Albin Michel, 432 pages, édition de poche 2018 --
* Juliette Tournand, La stratégie de la bienveillance ou l'intelligeance de la coopération, InterEditions, 3ème édition, 2014 --
* Alexandre Sattle, Ode à la bienveillance, éditions Hozhoni, 262 pages, octobre 2019
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