Référence : Haruki Murakami, Profession romancier, éditions Belfond, parution en France octobre 2019
« Nombreux sont les gens qui adorent émettre un avis ne reposant sur aucune base solide, si ce n'est la direction du vent. »
Haruki Murakami, optimiste, estime qu’il n’est pas très difficile d’écrire un roman, même un « roman magnifique. » Ce n’est en fait ni simple, ni vraiment impossible. En revanche, le problème essentiel est « d’écrire des romans encore et encore. » Il y faut pour cela une « capacité particulière, qui est certainement un peu différente du simple "talent" ».
Pour savoir si on dispose de ce "talent", une seule solution : « plongez dans l’eau et voyez si vous nagez ou si vous coulez. »
D'un point de vue littéraire, il est assez difficile à définir. Ses ouvrages tiennent du réalisme magique à la Garcia Marquez, marqué par une ambiance assez glauque, surréaliste, mélancolique. Si le fil conducteur tient souvent de l'enquête policière, la couleur générale tire plutôt vers la science-fiction et le fantastique, mâtinée d'un humour ironique. Ses personnages sont plutôt des êtres solitaires, qui communiquent peu, se sentent aliénés par la société libérale.
Dans cet essai très personnel, Haruki Murakami raconte et se raconte, portant un regard aigu et passionnant sur son métier de romancier. Partant de ses obsessions pour réfléchir sur l’acte d’écrire, L’acte de lire ou ce qu’il pense de la société japonaise, Murakami nous faire aussi entrer dans sa vie quotidienne.
À cet égard, la couverture du livre est très intéressante puisqu’elle représente le drapeau japonais, en couleur inversée et la balle de base-ball rappelle un match où le futur auteur, c’était en 1979, s’était soudain posé cette question : « Et si j'écrivais un roman ? »
Le livre qui fait la part belle à l’autobiographie, regroupe en fait différents articles écrits sur plusieurs années, sur le thème de son identité de romancier, ce qui explique le manque de transition entre les chapitres. C’est aussi pour lui l’occasion de se positionner face à l'écriture, les livres et la littérature, son parcours personnel.
Murakamu reconnaît avoir eu un parcours atypique, même pour un japonais ? Il avoue être quelqu'un de solitaire, plutôt individualiste et contestataire, sans doute à l’image de beaucoup de ses principaux personnages. Son quotidien, c’est quelque cinq heures d'écriture le matin et la course à pieds tous les jours. Il évoque avec un certain détachement son rapport à ses lecteurs (les nombreux courriers qu’il reçoit) et les critiques parfois violentes qu’il subissait à chaque parution de ses ouvrages.
Toute cette agitation le laisse assez indifférent, prenant du plaisir à écrire et en retravaillant ses textes jusqu’à la dernière minute. Sur le plan personnel, il aime la musique et la littérature, ce livre est truffé de références à des auteurs comme Raymond Carver ou Fitzgerald, dont il assure aussi la traduction des livres en japonais. Autodidacte, il n’a guère d’appétence pour le système éducatif de son pays.
Il a aussi travaillé comme journaliste-essayiste, par exemple sur les voyages en Europe, le jazz, la course de fond, ses activités de prédilection, et sur les deux désastres japonais, le séisme de Kobe et l'attentat chimique à Tokyo en 1995, qui l'ont beaucoup marqué.
Voir aussi
* Murakami, Le meurtre du commandeur -- Le passage de la nuit --* Murakami, L’incolore Tsukuru Taraki -- 1Q84 -- Profession romancier --
* Marguerite Duras, Écrire –
<< Christian Broussas – Murakami romancier - 08/10/2019 - © • cjb • © >>
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