Référence : Vincent Duclert, Camus, des pays de liberté, Éditeur Stock, 300 pages, janvier 2020
« Le sentiment des lieux menait aux pays de liberté... » (page 318)
Après l’hommage marqué qu’a reçu Albert Camus en 2013 pour le centenaire de sa naissance, [1] c’est en cette année 2020 l’occasion de fêter le soixantième anniversaire de sa disparition. Ce livre de Vincent Duclert, intitulé Camus, des pays de liberté, est le premier d’autres ouvrages qui marqueront certainement cette année particulière.
Déjà l’on voit fleurir dans les librairies ses livres les plus connus
ou d’autres ouvrages comme la parution en format de poche de sa
correspondance avec son ami Louis Guilloux. [2]
Beaucoup ont tenté de savoir ce qui faisait la spécificité d’Albert Camus, ce qui expliquait le succès dont il a bénéficié depuis son brusque décès le 4 janvier 1960 dans un accident de voiture sur une route de l’Yonne. Vincent Duclert s’y colle ici, essayant surtout à travers sa vie et ses essais, de cerner cette personnalité à la fois multiple et marquée par une grande rectitude.
Il y voit une espèce de présence assez mystérieuse somme toute
puisqu’elle lui apparaît comme à la fois proche et impalpable, de celui
qui proclamait déjà à Djémila : « Oui, je suis présent. »
C’est cette alchimie de l’homme qui l’a fasciné au point de lui donner envie d’écrire, loin de sa spécialité, un livre sur Albert Camus.
Il veut également témoigner comme il dit de la « présence d’Albert Camus dans l’histoire et la géographie du monde », de « la trace en nous d’un homme disparu voilà des décennies…, » Pour cela,Vincent Duclert nous propose d’abord une partie biographique pour cerner son environnement, en particulier celui de sa jeunesse d’enfant pauvre évoluant dans cet Alger contrasté où il habitait un quartier pauvre tout en allant au collège dans un quartier du centre ville beaucoup plus bourgeois.
Vincent Duclert s’est aussi attelé à relecture des textes politiques de Camus [3] et sur les archives familiales pour montrer la constance de sa pensée à travers notamment sa lutte contre les totalitarismes de tous bords, ce qui lui a valu bien des polémiques ou sa volonté d’apaisement et de réconciliation pendant la guerre d'Algérie, lui qui a refusé de choisir un camp entre ses amis pieds-noirs et ses amis nord-africains, dénonçant également la violence d'Etat et mettant au-dessus de tout la tolérance et la liberté.
Il reprend les textes parus après la mort de Camus,
partie qu’on peut trouver un peu scolaire, et surtout les lieux où il a
résidé, où il a tenté de s’enraciner après le départ d’Algérie, ce que l’auteur appelle ses « pays de liberté », qui ont donné son titre au livre
L’objectif
était sans doute trop ambitieux mais l’ensemble est bien écrit, d’une
plume alerte, et on suit l’auteur sans peine dans le parcours de a
pensée de Camus et sur les traces des lieux qu’il a parcourus.
N'empêche, le livre reprend les moments forts de la vie de Camus, par exemple les réactions du monde intellectuel et les attaques des sartriens après la parution de "L'homme révolté"
que l’auteur décrypte longuement. Il insiste sur son anticolonialisme
qu’on a parfois sous estimé, en insistant sur ses positions quant à la
guerre d'Algérie et ses conséquences.
La preuve parmi d’autres, les lettres si émouvantes que l’écrivain Mouloud Ferraoun envoya à Francine Camus et auparavant à Albert Camus. Dans cette optique, son analyse permet de bien clarifier ses rapports avec les Algériens.
Notes et références
[1] Voir mon article Camus, Le centenaire de sa naissance --
[2] Voir mon article Correspondance Camus-Guilloux --
[3] Voir en particulier l’ouvrage Camus, Conférences et discours --
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<< Christian Broussas, Duclert Camus 18/01/2020 © • cjb • © >>
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