Référence : Pierre Béguin, La scandaleuse madame B .éditions Albin Michel, collection AM Rom.Franc, 442 pages, janvier 2020
Josette Bauer lors de son procès à Genève
L’histoire commence comme un mélodrame : Josette Bauer est la fille d’un riche industriel suisse, elle aime le luxe, les belles voitures et les palaces. Elle croit en son étoile, qu’elle peut tout se permettre, même de s’opposer à la justice. Mais malgré sa brillante position, sa vie va basculer une nuit de novembre 1957 où l’impensable se produit.
L’Affaire Josette Bauer débute en 1959 à Genève, après l’arrestation de son mari Richard Bauer, accusé d’avoir assassiné le père de Josette en novembre 1957. Deux ans plus tard, il est condamné à 15 ans de réclusion et Josette à 7 ans parce qu’elle a apparemment couvert le crime de son mari. Mais les choses ne vont pas en rester là.
C’est en enquêtant sur une autre affaire, l’affaire Jaccoud, que Pierre Béguin découvre « l’histoire ahurissante de Josette Bauer, dont la vie est un roman d’aventure». [1] Un destin vertigineux, une vie entre fiction et réalité, que retrace l’auteur à partir d'archives, de chroniques judiciaires et de témoignages. Au-delà de l’Affaire se profile un monde en grande mutation où l’on rencontrera pêle-mêle les Kennedy, les Rolling Stones ou Henry Kissinger ainsi que des gens connus de la haute société new yorkaise.
La suite de sa vie ressemble à un film policier mêlé de road movie. Après s’être évadée de sa prison suisse en 1964, elle va devenir successivement trafiquante de drogue, prostituée, lad et éleveuse de chevaux se fait refaire le visage, passer en Algérie et en Espagne, puis partir aux États-Unis où elle tombera pour une affaire de drogue. Elle sera finalement extradée en Suisse et mourra à Genève en 2004.
Elle fera ainsi la une des journaux. Pour la presse, elle est « la sorcière », « l’ange noir » ou encore « la diabolique » et fascine l’opinion publique.
Cette vie extraordinaire où Josette Bauer connaîtra d’abord arrestations, prisons et évasions, aurait pu fasciner selon l’auteur, le célèbre écrivain Truman Capote, le spécialiste du « roman-vérité » qui avait déjà donné sa pleine mesure avec son roman De sang froid. [2]
Avec l’entrée de Truman Capote dans cette histoire, l’auteur bascule dans la fiction, imaginant ce qu’aurait pu advenir si le romancier américain s’était emparé de l’Affaire Bauer et avait connu son héroïne.
Il le fait par le truchement d’une abondante correspondance de Capote, supposé fasciné par la Genevoise. Pendant un séjour dans son chalet de Verbier en Suisse où il s’ennuie, Capote tombe par hasard sur l’affaire Bauer au moment où une dénommée Paulette Fallai est arrêtée dans les Everglades en Floride avec de la drogue. Ce fait divers a au moins la vertu de lui changer les idées et de l’éloigner du grand roman intitulé Prières exaucées, une critique de la haute société new-yorkaise, qu’il est en train de laborieusement écrire.
Pierre Béguin en profite pour dresser un portrait en profondeur de Josette Bauer. Il la voit comme une femme imperméable à toute culpabilité, qui ne se reproche rien, à toute limite, qui ne s’interdit rien. Il en fait même une lesbienne qui sait très bien manipuler les hommes, les tient par sont ambivalence même.
Une femme résolue qui cache en fait une blessure, l’indifférence d’une mère, une indifférence dont elle ne s’est jamais remise.
L’idée de ce rapprochement vient d’une phrase de l’autobiographie de Josette Bauer « Une femme en cavale » paru en 2001, qui parle de l’intérêt que lui avait porté Truman Capote, affirmation que rien ne confirme dans ce que l’on sait sur Truman Capote mais peut-être a-t-il eu vent de son arrestation médiatisée en 1967 aux États-Unis ?
Notes et références
[1] Avant Josette Bauer, l’auteur a travaillé sur " l’affaire Pierre Jaccoud" avec son ouvrage Condamné au bénéfice du doute. Dans ces deux affaires, Genève apparaît comme la calviniste, Genève où ces deux affaires furent jugées, où s’est dégagé un certain malaise à propos de ces deux affaires de mœurs.
[2] Dans son roman « De sang-froid », Truman Capote analyse les causes d’un quadruple meurtre perpétré par deux truands dans la campagne du Kansas en 1959. C’est dans la station valaisanne de Verbier que l’écrivain a écrit une grande partie de son roman.
Œuvres de Pierre Béguin
* Jonathan 2002, éditions de l’Aire, collection l'Aire bleue, 2007
* Vous ne connaîtrez ni le jour ni l’heure, éditions Philippe Rey, 2013.
* Condamné au bénéfice du doute, éditions Bernard Campiche, 2016.
* La Scandaleuse Madame B., Albin Michel 2020.
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<< Christian Broussas, Madame B 26/02/2020 © • cjb • © >>
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Josette Bauer lors de son procès à Genève
L’histoire commence comme un mélodrame : Josette Bauer est la fille d’un riche industriel suisse, elle aime le luxe, les belles voitures et les palaces. Elle croit en son étoile, qu’elle peut tout se permettre, même de s’opposer à la justice. Mais malgré sa brillante position, sa vie va basculer une nuit de novembre 1957 où l’impensable se produit.
L’Affaire Josette Bauer débute en 1959 à Genève, après l’arrestation de son mari Richard Bauer, accusé d’avoir assassiné le père de Josette en novembre 1957. Deux ans plus tard, il est condamné à 15 ans de réclusion et Josette à 7 ans parce qu’elle a apparemment couvert le crime de son mari. Mais les choses ne vont pas en rester là.
C’est en enquêtant sur une autre affaire, l’affaire Jaccoud, que Pierre Béguin découvre « l’histoire ahurissante de Josette Bauer, dont la vie est un roman d’aventure». [1] Un destin vertigineux, une vie entre fiction et réalité, que retrace l’auteur à partir d'archives, de chroniques judiciaires et de témoignages. Au-delà de l’Affaire se profile un monde en grande mutation où l’on rencontrera pêle-mêle les Kennedy, les Rolling Stones ou Henry Kissinger ainsi que des gens connus de la haute société new yorkaise.
La suite de sa vie ressemble à un film policier mêlé de road movie. Après s’être évadée de sa prison suisse en 1964, elle va devenir successivement trafiquante de drogue, prostituée, lad et éleveuse de chevaux se fait refaire le visage, passer en Algérie et en Espagne, puis partir aux États-Unis où elle tombera pour une affaire de drogue. Elle sera finalement extradée en Suisse et mourra à Genève en 2004.
Elle fera ainsi la une des journaux. Pour la presse, elle est « la sorcière », « l’ange noir » ou encore « la diabolique » et fascine l’opinion publique.
Cette vie extraordinaire où Josette Bauer connaîtra d’abord arrestations, prisons et évasions, aurait pu fasciner selon l’auteur, le célèbre écrivain Truman Capote, le spécialiste du « roman-vérité » qui avait déjà donné sa pleine mesure avec son roman De sang froid. [2]
Avec l’entrée de Truman Capote dans cette histoire, l’auteur bascule dans la fiction, imaginant ce qu’aurait pu advenir si le romancier américain s’était emparé de l’Affaire Bauer et avait connu son héroïne.
Il le fait par le truchement d’une abondante correspondance de Capote, supposé fasciné par la Genevoise. Pendant un séjour dans son chalet de Verbier en Suisse où il s’ennuie, Capote tombe par hasard sur l’affaire Bauer au moment où une dénommée Paulette Fallai est arrêtée dans les Everglades en Floride avec de la drogue. Ce fait divers a au moins la vertu de lui changer les idées et de l’éloigner du grand roman intitulé Prières exaucées, une critique de la haute société new-yorkaise, qu’il est en train de laborieusement écrire.
Pierre Béguin en profite pour dresser un portrait en profondeur de Josette Bauer. Il la voit comme une femme imperméable à toute culpabilité, qui ne se reproche rien, à toute limite, qui ne s’interdit rien. Il en fait même une lesbienne qui sait très bien manipuler les hommes, les tient par sont ambivalence même.
Une femme résolue qui cache en fait une blessure, l’indifférence d’une mère, une indifférence dont elle ne s’est jamais remise.
L’idée de ce rapprochement vient d’une phrase de l’autobiographie de Josette Bauer « Une femme en cavale » paru en 2001, qui parle de l’intérêt que lui avait porté Truman Capote, affirmation que rien ne confirme dans ce que l’on sait sur Truman Capote mais peut-être a-t-il eu vent de son arrestation médiatisée en 1967 aux États-Unis ?
Notes et références
[1] Avant Josette Bauer, l’auteur a travaillé sur " l’affaire Pierre Jaccoud" avec son ouvrage Condamné au bénéfice du doute. Dans ces deux affaires, Genève apparaît comme la calviniste, Genève où ces deux affaires furent jugées, où s’est dégagé un certain malaise à propos de ces deux affaires de mœurs.
[2] Dans son roman « De sang-froid », Truman Capote analyse les causes d’un quadruple meurtre perpétré par deux truands dans la campagne du Kansas en 1959. C’est dans la station valaisanne de Verbier que l’écrivain a écrit une grande partie de son roman.
Œuvres de Pierre Béguin
* Jonathan 2002, éditions de l’Aire, collection l'Aire bleue, 2007
* Vous ne connaîtrez ni le jour ni l’heure, éditions Philippe Rey, 2013.
* Condamné au bénéfice du doute, éditions Bernard Campiche, 2016.
* La Scandaleuse Madame B., Albin Michel 2020.
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<< Christian Broussas, Madame B 26/02/2020 © • cjb • © >>
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