Référence : Laure Joanin-Lliobet, Les sept de Spandau, les secrets révélés des derniers criminels nazis, 416 pages, septembre 2008
De 1947 à 1987, sept criminels nazis dont Rudolf Hess, qui fut un temps présenté comme le dauphin d’Hitler, et Albert Speer, ministre de l’armement du IIIe Reich et architecte du Führer, purgèrent leur peine à la prison de Spandau près de Berlin.
Ils furent placés au secret, seuls les pasteurs aumôniers seront
autorisés pendant leurs quelque 40 ans d’internement, en tout cas pour
le dernier, recevant longuement ce qu’ils voulurent bien leur confier.
Aujourd’hui cinq d’entre eux racontent pour la première fois leur expérience, nous font découvrir Spandau de l’intérieur et quelques-uns de leurs petits secrets.
Le 19 juillet 1947, les anciens dignitaires nazis condamnés à être incarcérés par le tribunal de Nuremberg
y furent conduits pour purger leur peine. Américains, Britanniques,
Français et Soviétiques avaient en charge la gestion de l'établissement
et la surveillance des sept prisonniers qui furent Konstantin von Neurath (1873-1956) libéré en 1954, Erich Raeder (1876-1960) libéré en 1955, Karl Dönitz (1891-1980) libéré en 1956, Walther Funk (1890-1960) libéré en 1957, Baldur von Schirach (1907-1974) libéré en 1966, Albert Speer (1905-1981) libéré en 1966 [1] et Rudolf Hess (1894-1987) mort à Spandau en 1987. [2]
Himmler et Rudolf Hess Les accusés au procès de Nuremberg
Les conditions de vie des « Sept de Spandau »
comme on les appelait, étaient assez strictes. Ils étaient coupés du
monde et prirent l’habitude de s’épancher auprès de leurs confesseurs,
les incitant à réfléchir sur leur situation et sur leur responsabilité
dans l’histoire du nazisme et les dérives du IIIe Reich.
Au fil des mois et des années, il s’est produit entre eux des véritables interactions dans l’univers clos de la prison de Spandau où ils étaient leurs seuls interlocuteurs, la seule incursion du monde extérieur dans leur environnement.
L’intérêt
de cet ouvrage réside surtout dans la vie confinée d’hommes qui avaient
connu les honneurs, les lustres du pouvoir et se retrouvaient déchus,
la façon dont ils ont vécu leur dégringolade sociale, comment ils ont pu
surmonter ce déclassement et ce confinement, s'ils ont porté un regard
honnête sur leur passé ou s'ils se sont cramponnés à leurs certitudes.
La prison de Spandau à Berlin : la relève
Ceci
permettrait alors de savoir comment a évolué leur état d’esprit, la
façon dont ils ont reçu leur condamnation, dont ils ont reconnu ou non
leur responsabilité devant l’Histoire, la vision de leur trajectoire
personnelle.
Du côté des aumôniers, on peut aussi se demander comment ils ont conçu
leur rôle face à des gens quand même considérés comme des criminels de
guerre.
D’une façon plus générale, comment en sont-ils arrivés-là, à avoir une
telle étiquette infamante, ont-ils été des pions dans la géopolitique
internationale ?
Autant
de thèmes et de questions qui offrent un intérêt certain, autant
historique que sociologique sur un domaine qui n’a pas été souvent
exploré. Laure Joanin-Llobet y a consacré six ans pour enquêter et recueillir les témoignages des derniers aumôniers survivants et également celui de Rudolf Hess qui y séjourna quelque 40 ans. Hess,
dernier détenu, dont on s'aperçoit au fil des témoignages, qu'il était
plus humain que ses codétenus, et même parfois que ses gardiens. Autant
de données qui nous aident à suivre son cheminement, au-delà d'une
vérité officielle qui se trouve vite écornée.
Spandau : Mirador et barbelés « Smuts barracks »
Outre les témoignages, le livre s’appuie sur une solide documentation
faite de textes inédits, de photos prises dans la prison, de lettres et
documents personnels assez rares ainsi que des échanges de
correspondances, ce qui en fait tout l'intérêt.
Notes et références
[1] Voir le témoignage d'Albert Speer intitulé "Journal de Spandau"
[2]
Officiellement, Hess s'est suicidé mais certains penchent plutôt vers
une exécution pour éviter la révélation d'informations qu'il aurait pu
détenir.
Voir aussi mes fichiers :
* Éric Branca, Les entretiens oubliés d'Hitler -- Laure Joanin, Les sept de Spandau --
* Éric Vuillard, L'ordre du jour -- Rosella Postorino La goûteuse d'Hitler --
* Dorothy Thomson, J'ai vu Hitler -- M. Onfray, Le canari du nazi --
* Stephen Bourque, Au-delà des plages --
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<< Christian Broussas ♦ 7 de Spandau ♦ © CJB ° 03/07/ 2020 >>
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