jeudi 9 juillet 2020

Elena Ferrante, La vie mensongère des adules

Référence : Elena Ferrante, La vie mensongère des adules, Éditions Gallimard, juin 2020

     
                                        Anita Raja alias Elena Ferrante ?

« Des mensonges, encore des mensonges ; les adultes les interdisent et pourtant ils en disent tellement. »

Son précédent roman, "Les jours de mon abandon", commence de la même façon : un après-midi d'avril, une phrase de son mari condamne la vie paisible qui était celle d'Olga qui devient subitement une femme abandonnée. Dans ce roman aussi, une simple phrase va bouleverser le destin de la jeune Giovanna.

    
L'amie prodigieuse tomes  1, 2 et 3

Jusque-là, la vie l’avait plutôt gâtée : une enfance de fille unique somme toute heureuse dans une belle maison sur les hauteurs de Naples, bien au chaud entre ses parents professeurs.

 Il est des jours comme ça où un destin jusque là clément, dérive vers l’inconnu. C’est ce qui est arrivé à la jeune Giovanna quand elle apprend un jour par hasard que son père la trouve moche, oui, laide, à  l'âge où surtout pour une fille, la beauté physique compte plus que tout.

Tout ça parce qu'elle ressemble à une tante inconnue, une nommée Zia Vittoria. Une femme de mauvaise réputation paraît-il, vivant dans un quartier pauvre de Naples, une mystérieuse femme au feutre noir, prise en photo avec son père.

         

Elle part à sa recherche, parvient à la retrouver, plongeant dans un quartier inconnu, un monde inconnu, une autre façon de vivre et de se comporter dans la vie. Sa tante est de "ces gens-là", et lui ouvre les yeux sur l’hypocrisie d’une bourgeoisie à laquelle appartiennent ses parents.

Cet univers qui pour elle était si naturel, elle le voit désormais avec un œil critique, ressentant un certain désenchantement face à un destin qui lui paraît à la fois plus incertain et plus ouvert. Giovanna tâtonne, elle se cherche à travers les deux visages de la ville napolitaine, comme les deux face de Janus qu’elle doit faire coïncider pour se retrouver.


     Les deux héroïnes du téléfilm en 8 épisodes

Tout commence avec un certain bracelet dont il n'a jamais entendu parler, que sa tante lui aurait offert et qui finit par réapparaître et va constituer le départ d'un bouleversement de l'univers bien lisse de Giovanna.

Comme dans L’amie prodigieuse, son héroïne Giovanna est une adolescente qui va entrer dans le monde des adultes. Comme la plupart des ados, elle est fragile, victime de mélancolie et d’un mal-être difficile à discerner. Elle ressent malgré elle, le besoin d’être mauvaise et  de tout critiquer, aussi bien les passants, ses voisins, ses camarades que les professeurs et ses parents. Elle n’a que peu confiance en elle et n’hésite pas non plus à se dévaloriser : « Moi, je me dis que j'étais ratée, comme un gâteau quand on s'est trompé d'ingrédients. »


L'itinéraire de Giovanna tient du conte initiatique où un événement (quel qu'il soit, ici la réflexion de son père) va la faire dévier de sa route, va l'obliger à se remettre en cause pour pouvoir trouver un nouvel équilibre à son existence, celui qu'elle aura décidé elle-même, que personne ne lui aura imposé.

Notes et références
[1] L'ensemble comprend quatre volumes : L’amie prodigieuse, Le nouveau nom, Celle qui fuit et celle qui reste, L'enfant perdu.

Voir aussi
L’amie prodigieuse - La dissolution des marges -

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