Référence : Gilbert Gonthier, Maquis de l’Ain, le maquis de Richemond, préface de Jean Marinet, Éditions Bellier mai 2010, seconde édition revue et augmentée aux Éditions de l’Astronome, 188 pages, 2020
Le département de l’Ain a été l’un des plus actifs dans la lutte contre l’Occupant. Le célèbre monument dédié à la Résistance dans l’Ain, qui s’élève le long de la route du col du Cerdon en est l’un des symboles le plus représentatif.
Robert Barnéoud et René Chanel au col de Richemond en mai 1944
Ce livre, écrit d’après les archives de Robert Barnéoud, est centré sur le cheminement d’un des nombreux groupes de résistance qui ont fleuri après l’instauration du STO, le maquis de Richemond et plus particulièrement d’avril à septembre 1944.
Bernard Paccot, qui a présidé à cette réédition largement refondue, précise : « J’ai fait de nombreuses recherches, auprès du musée de la résistance à Nantua, de l’association du souvenir français de Seyssel… »
Le mouvement naît en 1943 quand deux réfractaires au Service du Travail Obligatoire se cachent dans le Haut Jura puis durent fuir la région après l’attaque allemande de décembre 1943 contre les maquis de Lamoura. On les retrouve en avril 1944, au col de Richemond, reprenant la lutte contre les Allemands. En septembre, ils sont 150 participants à des opérations dans la région limitrophe de l’Ain et de la Savoie. (Seyssel, Virieu-le-Grand, Chavornay et Chanay). Ils combattent ensuite de nouveau au col de Richemond et dans les marais de Chautagne pour libérer la ville de Culoz.
Le monument du Cerdon : « Où je meurs, renaît la patrie. »
La stèle dédiée au Maquis, au col de Richemond
Continuant leur progression, ils participent à la libération de Bourg-en-Bresse, passant par Ambérieu-en-Bugey, Pont d’Ain, Bohas, Ceyzériat, Journans, rejoignant enfin Jasseron et Bourg-en-Bresse.
Le maquis avait bien tenu son rôle en déstabilisant les Allemands et en
fixant des troupes qui auraient pu être utilisées ailleurs, en Normandie par exemple, et en participant à la libération du département de l’Ain.
Le musée de la Résistance et de la déportation à Nantua
Parmi ces hommes qui luttèrent avec abnégation, et dont certains perdirent la vie, on peut citer Robert Barneoud mort en 1989, René Chanel, Louis Bonaz, Gabriel Garadier, Jean Lusciana, les frères Fontaine et bien d’autres.
Train saboté dans l’Albarine à Saint-Rambert-en-Bugey
Beaucoup d’entre eux continueront ensuite la lutte en s’engageant dans le 99e Régiment d’infanterie Alpine dans le Briançonnais.
Minage du viaduc de la Vézeronce à Surjoux
La compagnie Richemond
En mars 1944, Robert Barnéoud, René Chanel et Gilbert Picquerey s’installent dans une exploitation forestière à la Done. Rapidement, ils sont une vingtaine et reçoivent des armes parachutées sur le terrain Mammouth.
La compagnie de Richemond, commandée par l’aspirant Picquerey, a pour adjoints l’adjudant Barnéoud et le sergent-chef Chanel et possède un « garage » avec un camion semi-remorque et une moto pour les liaisons.
Sommet du col de Richemond Maquisards devant le camion nommé "le tigre"
D’une quarantaine d’hommes, la compagnie va rapidement passer à 150 hommes fin juillet, répartis en 4 sections, récupérant des équipements lors de "coups de main" à Belley et des armes planquées après l’important parachutage de Port vers Nantua. Son activité essentielle consiste à édifier des barrages routiers empêchant les velléités d’incursions allemandes.
Dès sa création la compagnie a pour mission de construire des barrages routiers pour empêcher toute incursion allemande sur les plateaux du Retord et d’Hauteville. Le mois de juin est crucial : le 8, les Allemands enfoncent un barrage mais la compagnie sauve son camion qu’elle baptise « Le Tigre ».
Le 8 juin un groupe de la compagnie commandée par Picquerey et Chanel doit décrocher, leur barrage ayant été percé par les Allemands. Le 9 juin la compagnie récupère son camion, qu’elle appelle « Le Tigre ». Dans les jours qui suivent, l’arrivée de nouveaux volontaires permet de créer deux sections supplémentaires. Le 14, la section de « René » monte une embuscade à Linod dans le Valromey, relevée par Maurice Morrier et se replie sur les crêtes.
Le maquis Ain-Haut-Jura
Juillet débute bien : lors de l’attaque du tunnel de Virieu-le-Grand, les Allemands se rendent et sont emprisonnés à Nantua puis 5 jours plus tard, une section bloque les Allemands qui tentaient une trouée vers Bellegarde.
Mais la joie est de courte durée puisque le 12 juillet, les Allemands
avec des forces importantes, des canons et des mortiers lancent l’opération Treffenfeld pour éradiquer les maquis.
L’attaque est rude. La compagnie Richemond comptant onze morts et un blessé grave, se replie sur le Crêt du Nu puis en Haute-Savoie.
Après le départ du gros des troupes, la compagnie Richemond reprend Culoz, poursuit les Allemands à Chindrieux, à Vions-Chanaz et jusqu’à Ruffieu en Savoie, repoussant les renforts allemands qui subissent de lourdes pertes.
Le 1er septembre, la jonction s’effectue avec d’autres maquisards cantonnés à Bohas vers Bourg-en-Bresse et avec des troupes américaines qui remontent la vallée du Rhône en direction de l’Est.
Trois jours plus tard, ces forces alliées investissent la ville de Bourg-en-Bresse.
Photo de Louis Burnard Maniement d'armes au maquis
Un exemple : Le destin de Louis Burnard
Né le 15 août 1923 à Corbonod (Ain), mort en action le 13 juillet 1944 à Billiat (Ain) ; bûcheron ; résistant des Forces françaises de l’intérieur (FFI).
En mars 1944, des jeunes gens venus de Seyssel et de Corbonod s’installèrent dans les bois pour travailler à l’exploitation forestière pour les Carburants Français. Louis Burnard y travailla comme bûcheron.
Il entra dans la Résistance dans les maquis de l’Ain à la compagnie de Richemond, créée le 6 juin 1944 par Maurice Morrier, alias "Plutarque" et commandée par l’aspirant Picquerey. La compagnie a pour mission de construire des barrages routiers pour empêcher toute incursion allemande sur les plateaux du Retord et d’Hauteville.
Le 12 juillet 1944 l’ennemi lança l’opération Treffenfeld destinée à anéantir les maquis. La compagnie de Richemond
se battit de cinq heures du matin à midi et compta onze morts et un
blessé grave. Plutarque donna alors l’ordre du repli sur le Crêt du Nu.
Louis Burnard fut tué à l’ennemi le 13 juillet 1944 à dix heures au lieu-dit "Le Thumey" à Billiat, lors du repli de la compagnie sur Cuvéry après les combats au col de Richemond.
Libération de Bourg 4/09/1944
Levée des couleurs au camp de Grange-Matafelon
Voir aussi
Musée de la Résistance de Nantua -
Maquis de l’Ain et du Haut-Jura – Les maquisards de l’Ain -
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<< Christian Broussas ♦ Maquis de l'Ain ♦ © CJB ° 26/07/ 2020 >>
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