vendredi 18 septembre 2020

Julian Barnes, L’homme en rouge

Référence : Julian Barnes, L’homme en rouge, éditions Mercure de France, traduction Jean-Pierre Aoustin, septembre 2020

        
Le Docteur Pozzi dans son intérieur (1881), de John Sargent

J'avais déjà rencontré l'écrivain anglais Julian Barnes en 2018 avec Le temps du fracas, une biographie consacrée au musicien Dmitri Chostakovitch et à ses tribulations face au pouvoir soviétique sous Staline et Nikita Khrouchtchev.

Cette fois, Julian Barnes s'intéresse à un « homme en rouge », portrait que peint John Sargent en 1881 et qui a beaucoup été intrigué par cette œuvre. Il décrit avec précision sa tenue, la position des doigts et même la cordelière dont les glands « pendent juste au-dessous du bas-ventre, tel un nerf de bœuf écarlate ».

       

Cet « homme en rouge » né à Bergerac en 1847 s’appelait Samuel Pozzi, père de Catherine Pozzi. [1] Il s'imposa rapidement à Paris comme LE médecin à la mode, surtout envers les dames de la bonne société en tant que chirurgien et gynécologue. Elles devinrent souvent ses maîtresses, dont la grande Sarah Bernhardt qui le surnomma « L’Amour médecin ».

Il est également connu pour son rôle dans la promotion de la gynécologie qui deviendra grâce à lui une spécialité médicale. Barnes le présente comme
« l’homme qui ne perdait jamais un ami... un homme sain d’esprit dans une époque démente. »

       

Cet « homme en rouge » attire par par sa tunique écarlate qui le couvre du cou à la cheville, montrant aussi des ruchés blancs aux poignets et à la gorge. Voilà ce qui frappe d'abord dans ce tableau, mais bien sûr l'habit ne fait pas forcément le moine.

Si sa vie privée fut chaotique, la carrière du médecin fut exceptionnelle dans un temps que la postérité a surnommé "la Belle Époque" qu’on découvre à travers le regard sans concession de Julian Barnes. Une époque qu'il nous décrit comme rayonnante de plaisirs et de paix, mais aussi assombrie par une instabilité politique chronique ainsi que des crimes et des scandales à répétition.

Julian Barnes s’intéresse également aux amis invertis de cet homme qui était pourtant un homme à femmes, comme le célèbre Robert de Montesquiou [2] qui « toute sa vie dut rivaliser avec des versions parallèles et fictives de lui-même ».

Il eut cependant une triste fin puisqu'il finit assassiné en 1918, tué par un patient atteint de folie, lui qui avait beaucoup travaillé sur les ravages des blessures par balles...

Notes et références
[1] On doit à Catherine Pozzi, correspondante du grand poète allemand Rainer Maria Rilke, un magnifique journal intime.
[2] Sur Robert de Montesquiou, voir ma fiche et son portrait par le peintre Giovanni Boldini --

      

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<< Christian Broussas • J. Barnes © CJB  ° • 14/09/ 2020  >>
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