Référence : Nicolas Le Roux, La faveur du roi, Mignons et courtisans au temps des derniers Valois (1547-89), éditions Champ Vallon, collection Époques
Henri III et sa mère Catherine de Médicis
C’est peu de temps après le début du règne de Henri III qui le terme Mignons se répand. Pierre de L’Estoile y voit des personnages efféminés, aux coiffures extravagantes, des oisifs naviguant dans le sillage du roi.
Cette réputation, si elle repose sur certains fondements, a largement été propagée par les Bourbons, à commencer par Henri IV, qui avait tout intérêt à asseoir sa légitimité en diabolisant leurs prédécesseurs.
Le roi Henri II Le roi Charles IX Le roi Henri IV
Des historiens ont eux aussi à leur tour propagé des faits déformant la réalité, la mauvaise influence qu’ils exerçaient sur le roi Henri III, comme Victor Duruy dans son Histoire de France, Pierre Larousse qui en donne une image purement négative et même 30 ans plus tard, l’Histoire vue par Ernest Lavisse.
Le duc d'Anjou, futur Henri III Portrait de François Clouet
Il a fallu le vingtième siècle pour que les historien s’intéressent vraiment à Henri III et voient en lui un roi raffiné porteur d’objectifs politiques et culturels. Partant de l’idée de signification de la faveur, ce livre tente de comprendre les clés de la relation entre le pouvoir royal et la noblesse. Brantôme a bien montré que les règnes de François 1er et de Henri III ont été marqué par l’instabilité. Les Mignons sont autant ornements du pouvoir que de véritables symboles de puissance.
Durupt : Henri III poussant du pied le cadavre du duc de guise
Bal à la cour d’Henri III
Si au temps de Charles IX l’entourage de sa mère Catherine de Médicis domine, sous Henri III, ce sont plutôt ses amis de jeunesse parmi lesquels les ducs de Joyeuse et d’Épernon joueront un rôle important.
Ces hommes évoluent vraiment au cœur de l’État. S’ils sont un relais
entre la cour, la société et le roi, ils sont aussi un écran qui
privilégie l’image du prince. La faveur de définit ainsi comme un
pouvoir informel reposant sur un lien affectif, symbole de la volonté
du prince.
Le duc de Joyeuse Le duc d’Épernon
Dans une cour vivant de connivences comme de rejets, le favori en représente le point de fixation, le privilège absolu vecteur de jalousie. À la lumière de cette tranche d’histoire, on pourrait écrire l’histoire de la faveur, du népotisme au copinage. Les jalousies qui se font jour à la cour et la course au bon vouloir du souverain donnent aux témoignages un relief particulier, très instructif pour l’historien.
Bussy-Périgord Les 3 frères, François II, Charles IX et Henri III
Jusqu’au milieu du XVIème siècle, la cour est un lieu où la haute noblesse a le pouvoir de discuter les modalités de sa participation au fonctionnement de l’État. Le duc de Montmorency a été l’élément moteur de ce système politique. Le duc de Guise et Diane de Poitiers complétèrent le tableau. Trois événements vinrent bouleverser cette structure pourtant ancienne : Le traité de Cateau-Cambrésis signé avec l’Angleterre et l’Espagne ainsi que la mort accidentelle d’Henri II en 1559, suivie 3 ans plus tard par le début des guerres de religion.
Le traité de Cateau-Cambrésis 1559
Ce livre a aussi pour objectif de dresser un bilan de la faveur royale à partir du règne d’Henri II en 1547
où la faveur est d’abord une relation à la noblesse et à la
reconnaissance de son rôle. Les guerres de religions qui débutent en 1562 vont tout remettre en cause. Les années 1580 vont centrer la faveur sur une élite restreinte qui sera finalement victime d’une société de plus en plus radicalisée.
Finalement, les figures du courtisan et du favori procèdent de la
formation de l’État concourent à l’évolution vers la monarchie absolue.
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<< Christian Broussas • Le Roux Henri III © CJB ° • 28/09/ 2020 >>
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