Référence : Boualem Sansal, "Abraham ou la cinquième alliance", éditions Gallimard, collection Blanche, 288 pages, octobre 2020
Depuis déjà une vingtaine d’année, Boualem Sansal, l’homme à la queue de cheval, n’a cessé de lutter autant par son œuvre que son action au quotidien, contre tous les extrémistes et d’abord contre l’intégrisme islamique. Il n’a pas eu de mots assez forts pour dénoncer cette situation et ses dérives.
Boualem Sansal et Hédi Kaddour
En 2018, j'avais consacré une fiche à son précédent livre intitulé Le train d'Erlingen où les habitants attendent un train qui n'arrive pas et dont l'attente provoque une peur de plus en plus intense. Puis j'avais eu l'occasion de le rencontrer quand il est venu à Divonne parler de la vision qu'il avait de l'évolution des sociétés contemporaines et en particulier les différents aspects de l'intégrisme islamique.
L’écrivain israélien Grossman et Boualem Sansal ensemble pour un appel pour la paix
A
cette occasion, il a largement évoqué la logique létale de cet
intégrisme et le manque de réactions voire l'inertie des états européens
face à cette menace insidieuse. En réponse à ma question concernant ses
liens avec son compatriote l'écrivain Kamel Dadoud,
il a confirmé que leur combat était commun et qu'ils avaient souvent
été victimes de représailles de la part du pouvoir algérien. [1]
Sansal à Jérusalem
Après en particulier Le Serment des barbares en 1999, paraît ce mois-ciAbraham ou la cinquième alliance où Dieu a passé en 1916 un nouvel accord avec un certain Brahim ou Abram, fils d'une tribu de Tell al-Muqayyar (l'ancienne ville d’Ur en Chaldée).
Repartant de la Genèse, le fameux Brahim-Abram, réincarnation d'Abraham, sillonne le Moyen-Orient alors en pleine guerre pour annoncer des temps meilleurs, conduire son peuple vers la Terre promise et fonder la cinquième Alliance. Dans cette Genèse revisitée, on nous brosse un Occident arrogant et sûr de lui-même et de sa diplomatie, concrétisée par exemple par l’accord Sykes-Picot ou les traités de Sèvres et de Lausanne et un Orient laminé par des potentats agressifs, des Hittites exterminateurs, de funestes religions.
Boualem Sansal nous offre ici une réflexion sur les faiblesses de la pensée religieuse face aux questionnements de notre époque.
Notes et références
[1]
Boualem Sansal a connu beaucoup de problèmes après sa décision de
participer à des manifestations culturelles où étaient présents des
israéliens et son renvoi de l'université d'Alger après ses critiques du
pouvoir et de l'islamisme radical. Malgré tout, il a toujours refusé de
quitter son pays même s'il n'a cessé d'écrire en français.
Dans Le Serment des barbares, il dit que « l'algérien est un sabir fait de berbère, d'un arabe venu d'ailleurs, d'un turc médiéval, d'un français du XIXe et d'un soupçon d'anglais new-age. »
Voir aussi
Boualem Sansal, Le train d'Erlingen --
Les écrivains algériens et l'islam --
<< Christian Broussas • Sansal Abraham © CJB ° • 05/10/ 2020 >>
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