Pierre Monnet L'empereur Charles IV

Référence : Pierre Monnet, L'empereur Charles IV, éditions Fayard, 420 pages, mai 2020 

           
Charles IV et sa 1ère épouse Blanche de Valois [1]

 

C'est un souverain hors norme dont Pierre Monnet nous décrit l'itinéraire, tout à la fois grand bâtisseur, grand lettré et aussi grand voyageur.

Charles IV fit construire le superbe pont qui porte son nom à Prague, ainsi que la magnifique cathédrale Saint-Guy, fonda une université et résida dans le château de Karlstein, situé près de Prague.

Ce roi de Bohême se situe entre Orient et Occident dans cette Europe médiévale, évoluant au carrefour des cultures de ce continent.

         
Jean Fouquet : banquet offert par le roi Charles V à l’empereur Charles IV
Charles IV et les dignitaires parisiens

Le XIVème siècle est une époque de crises et de conflits, soumise à des pestes dévastatrices, déchirée par la guerre de Cent Ans, même si elle a surtout sévi dans sa partie occidentale, écartelée par une chrétienté marquée par une crise profonde marquée par les débuts du schisme pontifical.

  Le couronnement de Charles IV

L'empereur Charles IV (1316-1378), membre de la dynastie des Luxembourg, est né à Prague,fils de Jean l'Aveugle, mort à la bataille de Crécy en 1346, a été élevé à Paris, s'est marié quatre fois, eut une éducation multiculturelle qui lui permit de s'exprimer sans problème dans cinq langues, le tchèque, le français, l’allemand, le latin et l’italien.

        
Charles IV, sa statue à Prague et sa mort

Son itinéraire dynastique est assez compliqué puisqu'il fut tour à tour roi des Romains en 1355, roi de Bohême, roi des Lombards, roi d’Arles en 1365 couronné dans la cathédrale Saint-Trophime mais son titre le plus prestigieux fut de ceindre la couronne impériale à Rome en 1355. Beaucoup de titres qui s'expliquent par un morcelage de ce qu'on appelle aujourd'hui l'Italie et l'Allemagne.

Sa chance fut qu'en 1353, après le décès de l'archevêque de Brandebourg, Dietrich Kagelwit le rejoigne. Non seulement il redressa les finances du royaume de Bohême mais son ambassade auprès du pape favorisa son couronnement comme roi des Romains puis comme empereur le jour de Pâques 5 avril 1355 dans la basilique Saint-Jean de Latran par le cardinal d'Ostie.

         
Première page de la Bulle d’or de Charles IV
Sceau de la Bulle d’or avec Charles IV

Ce qui fait son intérêt, c'est d'abord le fait qu'il a écrit une autobiographie, sans doute la première de ce genre qu'on connaisse, [2] relatant son enfance et ses aspirations mais c'est surtout qu'il est l'initiateur en 1356 à la diète de Metz [3] de ce qu'on a appelé La Bulle d'or, un texte qui refonde profondément les règles et les conditions d'élection de l'empereur du Saint Empire romain germanique qui va perdurer jusqu’en 1806, quand Napoléon 1er procédera à une reconfiguration de l'Europe.

 
Innocent III, le cardinal Albornoz et Charles IV
Pour célébrer le 700ème anniversaire de sa naissance en 2016

Cette profonde réforme de la nomination impériale tient au fait que l'empereur était élu par des princes-électeurs [4], favorisant les conflits entre les trois grandes dynasties allemandes des Luxembourg, Wittelsbach et Habsbourg, conflits souvent attisés par la papauté qui divisait pour mieux dominer.

  Charles IV et son neveu Charles V le Sage

Le roi de France Charles V le sage fut proche de l’empereur Charles IV qui était son oncle par sa mère Bonne de Luxembourg. Ce dernier le soutint quand le Dauphin de France fut en difficulté à Paris, en lutte contre le Prévôt des marchands Étienne Marcel. Devenu roi, il l'invita en 1378 à une visite officielle, comme l'attestent les miniatures des Grandes Chroniques, [5] voyage dont le point d’orgue fut la nécropole des rois de France à Saint-Denis.

Entrée de Charles IV à Saint-Denis en 1378

Notes et références 
[1] Blanche de Valois (1317-1348) était la demi-sœur du roi de France Philippe VI.
[2] A propos de l'autobiographie de Charles IV, voir l'interview de Pierre Monnet.
[3] La Diète d'Empireétait une institution du Saint-Empire chargée de contrôler la gestion et de résoudre les différends qui opposaient les États qui en faisaient partie.
[4] Le collège électoral des 7 princes-électeurs comprend (après la bulle d'or) les trois archevêques de Cologne, de Mayence et de Trèves ainsi que le roi de Bohême pour les Luxembourg, le comte palatin du Rhin, le margrave de Brandebourg pour les Wittelsbach et le duc de Saxe pour les Wittenberg.
[5] Les Grandes Chroniques de France sont un manuscrit enluminé réalisé en France vers 1415-1420 puis vers 1455-1460, composé de 51 miniatures attribuées au peintre Jean Fouquet.

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