Marie-Thérèse, une mère moderne
Le conflit, la femme et la mère
Référence : Élisabeth Badinter, Les conflits d’une mère, c d’Autriche et ses enfants, éditions Flammarion, 272 pages, 2020
« L'éducation de mes enfants a toujours été mon plus cher objet. »
Historienne spécialiste du XVIIIe siècle et féministe engagée, Élisabeth Badinter s'interroge depuis quarante ans sur la maternité. Cette fois, elle s’intéresse dans Les Conflits d'une mère à l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche (1717-1780) qu’on présente souvent comme une femme moderne.
Il faut dire que l’impératrice dut mener de front la tâche écrasante de diriger l’Empire des Habsbourg
tout en s’occupant de sa petite troupe constituée de seize enfants.
Même si on enlève les trois morts en bas âge, il en reste encore treize à
élever.
Il faut dire aussi que Marie-Thérèse tenait à tout faire elle-même, tenir l’Empire à bout de bras, sans déléguer le pouvoir à des conseillers et sans laisser ses enfants laissés à eux-mêmes.
Fille de l’empereur Charles VI, Marie-Thérèse était « fâchée d’être née femme ».
Son père avait en vain espéré avoir un fils et dut se résoudre à
modifier l’ordre de succession au trône en 1713 sans vraiment la
préparer à son rôle. Beaucoup pensent alors qu'elle n'exercera guère de
pouvoir réel mais ils vont être rapidement déçus. L'un d
’homme du siècle ».
Bustes de Marie-Thérèse et de son mari François
Sur le plan politique, l’Autriche et la maison des Habsbourg qui étaient ennemies depuis les guerres entre François 1er et Charles Quint,
sont devenues des alliées à la faveur de ce qu’on a appelé le
retournement des alliances en 1756. Pour resserrer les liens, ce
rapprochement avait aussi prévu le mariage, préconisé par le duc de Choiseul, entre l’une des filles de Marie-Thérèse, la jeune Marie-Antoinette, et le dauphin Louis, futur Louis XVI.
Funeste alliance en vérité pour la France, qui perdit la guerre de Sept ans contre l’Angleterre et la Prusse et perdit toutes ses colonies en signant le traité de Paris en 1763. Mais ceci est une autre histoire.
Trois biographies de Marie-Thérèse d'Autriche
Élisabeth Badinter avait publié en 2016 Le Pouvoir au féminin ce qu’on peut considérer comme le premier volet de cette biographie de l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche. Le roi de Prusse Frédéric II, qui sera son plus grand ennemi, disait d’elle : « Le désir de dominer ne la quittera que quand elle ne sera plus. » Sur le plan politique, on lui reconnaît beaucoup d’entregent en matière diplomatique. Sur le plan domestique, elle ne connut qu’un grand amour pour un mari pourtant volage.
Marie-Thérèse par Martin van Meytens et par Jean-Etienne Liotard
Marie-Thérèse dans sa jeunesse en 1727
D’après ce qu’on sait, Marie-Thérèse
fut ce qu’on peut appeler une excellente mère, participant à
l’éducation de ses enfants, ayant le souci de les caser dans toutes les
cours d’Europe.
Parce que ça peut aussi s’inscrire dans sa politique d’alliances. On peut joindre l’utile à l’agréable, n’est-ce pas ?
Affiche du téléfilm en 4 parties sur l’impératrice Marie-Thérèse
Élisabeth Badinter s’est basée sur des documents inédits et brosse un portrait de l’impératrice assez contrasté, montrant une femme complexe, qui peut être avec ses enfants capable d’une grande tendresse et d’une grande dureté, une femme écartelée entre ses devoirs maternels et la raison d’État.
L’impératrice Marie-Thérèse en famille
Voir aussi
* Robert Badinter, Idiss et Les épines et les roses--
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<< Ch. Broussas, Granger, Marie-Thérèse 18/11/2020 © • cjb • © >>
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