Référence : Emmanuel de Waresquiel, Sept jours, 17-23 juin 1789. La France entre en révolution, éditions Tallandier, 477 pages, septembre 2020
« En
politique, le nombre seul est respectable […] C’est pourquoi le tiers
pose son droit comme incontestable et à son tour, dit comme Louis XIV :
"L’État c’est moi". »
Hippolyte Taine, Les origines e la France contemporaine, tome I, L’Ancien Régime (1875)
Spécialiste de la période qui va de la fin de l’ancien régime jusqu’à la monarchie de Juillet, Emmanuel de Waresquiel a écrit des ouvrages sur Les Cent-jours et la Restauration. Il est surtout connu pour ses biographies du duc de Richelieu, de Fouché et de Talleyrand.
Une chronique de la semaine décisive qui bouleversa l’histoire de France.
Le début du début de la Révolution, quand tout était possible et comme disait le prince de Ligne : « En amour, il n’y a que les commencements qui soient charmants. »
Emmanuel de Waresquiel nous fait revivre pas à pas la naissance de la Révolution. Sept jours ni plus ni moins, comme la création du monde. Sept jours et cinq décrets qui, du 17 au 23 juin 1789, ont bouleversé le cours de l’histoire de France.
Le roi Louis XVI L'abbé Sieyès et son livre "Qu'est-ce que le Tiers-état ?"
Au tout début fut l’ouverture des états généraux (demandée par le roi), le 5 mai 1789, donc avant le 14 juillet et la prise de la Bastille. Mais pour le roi, rien ne se passe comme prévu et le 17 juin, les députés du tiers état dans une ambiance tumultueuse se constituent en Assemblée nationale et trois jours plus tard dans les locaux du Jeu de Paume à Versailles, ils jurent de rester ensemble tant qu’ils n’auront pas donné une Constitution au pays.
Désormais, on ne pouvait guère faire marche arrière.
Puis le mardi 23 juin, ils prennent leurs marques représentées par la fameuse répartie : « Nous sommes ici par la volonté du peuple et nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes. »
Deux solutions s’offrent alors au roi et à son entourage : employer la manière forte ou négocier et lâcher du lest au tiers état. Mais Louis XVI risque d’être pris de vitesse par les événements. « La Révolution s’est jouée et accomplie en sept jours et cinq décrets écrit l’auteur. Son destin, ses héritages y sont comme scellés. Jusqu’à la guerre civile. Jusqu’à la Terreur. »
Et
le roi va céder. Parce que le roi par nature est faible. Parce que la
royauté est faible, elle s’est affaiblie peu à peu sous le règne de Louis XV pour s’intensifier chez son petit-fils Louis XVI,
règne dominé par les problèmes financiers de l’État (d’où la réunion
des états généraux) et l’instabilité ministérielle malgré des ministres
comme Turgot, Calonne ou Necker.
Comme l'a écrit Chateaubriand : « C’est une erreur de croire qu’elle (La Révolution) a renversé la monarchie ; elle n’a fait qu’en disperser les ruines. »
L’Histoire
s’est accélérée subitement, dans une effervescence extraordinaire
d’acteurs, d’envolées lyriques et de professions de foi, dans une
profusion où il devient difficile de discerner les lignes de force.
Et justement, l’idée d’Emmanuel de Waresquiel est de rendre compréhensible cette période si courte et si riche, d’en saisir les faits marquants.
David, Le serment du jeu de paume:
Dès le départ, le destin de la Révolution, « ses héritages y sont comme scellés. » Emmanuel de Waresquiel voit la Révolution comme un bloc, celui qui va mener à la Terreur et à l’Empire. Il n’existe pas d’un côté celle des droits de l’homme et de l’autre des hoquets de l’Histoire qui conduiraient à la Terreur. Tout s’enchaîne inéluctablement.
Notes et références
[1] Principales dispositions des décrets :
- Sur proposition de Sieyès, le tiers état se constitue en Assemblée Nationale.
- L'Assemblée Nationale se réunira tant qu'une Constitution ne sera pas votée.
- Abolition des 3 ordres qui siégeront désormais ensemble.
- Décret du 23 juin sur l'inviolabilité des députés.
Principaux événements de juin 1789
* 17 juin : Proclamation de l'Assemblée Nationale
* 19 juin : Des délégués du clergé se joignent au tiers état
* 20 juin : Serment du jeu de paume : Réunion de l'Assemblée Nationale jusqu'à ce qu'elle ait voté une Constitution
* 22 juin : Le roi concentre des troupes autour de Paris
*
23 juin : Le roi tente de bloquer le mouvement mais le tiers état, sous
l'impulsion de Mirabeau, refuse de quitter la salle. L'assemblée
Nationale déclare inviolable la personne du député.
* 24-25 juin : De nombreux membres du clergé et de la noblesse rejoignent le tiers état.
* 27 juin : Le roi cède : réunion des 3 ordres, le vote se faisant par tête et non par ordre.
----------------------------------------------------------------------------
<< Ch. Broussas, Waresquiel, 7 jours 05/11/2020 © • cjb • © >>
----------------------------------------------------------------------------
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire