mardi 10 novembre 2020

Mathias Énard, Le Banquet annuel de la Confrérie des fossoyeurs

 Référence : Mathias Énard, Le Banquet annuel de la Confrérie des fossoyeurs, Éditions Actes Sud, 427 pages, octobre 2020

         
                                  Javier Cercas et Mathias Énard

« Journal d'un thésard à la campagne »

Mathias Énard nous avait donné l’habitude de nous balader vers Constantinople dans Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants, vers Venise dans Désir pour désir, de sillonner le Moyen-Orient dans Boussole, prix Goncourt 2015 ou dans le Transsibérien dans L’Alcool et la Nostalgie, faire un tour dans l’ex-Yougoslavie dans Tout sera oublié et au Maroc dans Rue des voleurs. Dans ce nouveau roman, Mathias Énard, notre polyglotte des lointains, revient "chez lui" dans les Deux-Sèvres où il a grandi.

        

Pour nourrir sa thèse sur le thème de "la vie à la campagne au XXIe siècle", David Mazon un étudiant en anthropologie quitte Paris et s’installe à La Pierre-Saint-Christophe, village que l'auteur situe au bord du Marais poitevin, pour observer le microcosme local, le pittoresque de ses habitants, en tête de liste le Maire Martial, patron original de l’entreprise locale de Pompes Funèbres.

Il plonge tout de suite dans l’ambiance, logé à la ferme, nanti d'un deux-roues pour ses déplacements, fréquentant le Café-Épicerie-Pêche du village et le curieux maire-fossoyeur. Le laborieux David Mazon s’attelle à la tâche, à la rédaction d’un journal de travail où il inscrit les menus faits dont il est témoin et les mœurs des habitants pour mieux cerner ce qui fait toute la spécificité de la ruralité.

       

David, installé à La pensée sauvage, dans une pièce au confort sommaire que leur loue Mathilde et Gary, un couple d'agriculteurs, commence son enquête par leur interview. Il poursuit par Arnaud, l'idiot du village capable de citer les grands évènements historiques à partir d'une date et sa cousine Lucie, divorcée luttant pour la défense de l'environnement. On est ainsi entraîné dans les histoires des familles du village comme le destin tragique d'aïeux de Lucie ou celui de Max, un ex prof des Beaux-arts au village depuis une dizaine d'années ou de nouveaux habitants représentés par un couple d'anglais.


Mathias Énard à Barcelone où il s’est installé
"Prendre racine" par Mathias Énard et Zeina Abirached

Ici, dans ce petit village, pendant trois jours se déroule le Banquet annuel de la Confrérie des fossoyeurs, qui se tient dans le réfectoire monacal de l’abbaye de Maillezais, fréquentée jadis par Rabelais, véritable pied de nez à la mort où l’on s’adonne aux joies roboratives de la bonne bouffe et de la convivialité, de gargantuesques ripailles dignes de leur illustre prédécesseur.

On s’engage ainsi dans les pas de Balzac, dans cette chronique d’une nouvelle comédie humaine qui déploie ses tentacules dans le Poitou natal de l’auteur.

Voir aussi
* Mathias Énard, Boussole --

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