lundi 24 mai 2021

Emmanuel de Waresquiel Tout est calme...

 Chroniques d'histoire

Référence : Emmanuel de Waresquiel,Tout est calme, seules les imaginations travaillent, éditions Tallandier, 256 pages, mai 2021

           

« Les révolutionnaires ne supportaient pas le pouvoir des femmes de la noblesse. » E. de Waresquiel, à propos du procès de Marie-Antoinette

L'historien ne se borne pas toujours à être un témoin du passé, il peut aussi comme Emmanuel de Waresquiel, s'intéresser au présent. Il le dit lui-même : « On ne peut être curieux du passé sans l’être aussi du monde qui nous entoure. »

         

L'historien cependant reste lucide, ajoutant que « À force d’habiter le passé, c’est le présent qui me semble étrange... L’expérience du temps donne parfois à l’actualité des allures dérisoires, elle nous fait apercevoir ses inconséquences et sa fragilité. Les visages changent, mais la grimace reste la même. Ces exercices-là ne sont pas dépourvus de dangers. »

          

L’historien est un homme qui se méfie des apparences, lucide quant à l’idée que la Raison gouvernerait le monde, taraudé par le besoin de comprendre avant de se lancer dans l’écriture. Autant de qualités pour porter un œil personnel et incisif sur notre société.


Il revient sur la fameuse formule de la « fracture sociale » créée par des socialistes et reprise par Jacques Chirac lors des élections de 1995. Depuis, elle est réduite à sa dimension socio-économique, agir sur la redistribution des richesses, réduire le chômage et les inégalités. Pour aller plus loin, il faut en passer par l'Histoire pour saisir la complexité des fractures qui sont en nous.

      

Dans le genre ambivalent, les Français ont la palme parce qu’ils possèdent une double culture héritées de l’Ancien régime basé sur des hiérarchies complexes, sur les privilèges et de la Révolution basée sur le principe d’égalité.
Le résultat est surprenant : le chef est aussi détesté que respecté. Comme le note l’auteur, « tout en léchant les bottes de notre supérieur, nous avons furieusement envie de lui couper la tête. »

                      

Ce genre de paradoxe bien français s’ explique par la multitude des « fractures sociales » dont certaines secrètes, cachées, où plane l’ombre de la Révolution. Comme le disait le député Rabaut Saint-Étienne : « On s'appuie sur l'histoire, mais l'histoire n'est pas notre code. »
L'auteur pense que les Français tentent de "recoller les morceaux" entre l'Ancien régime et la Révolution, de recréer une continuité historique qui réduise la tension entre la mémoire et l'oubli, entre transmission et rupture. Ceci en lien avec le malaise français actuel.

         

Si les Français se réclament de Descartes et ont basé la Révolution sur les notions de droit naturel et de Raison, ils sont toujours guidés par leurs sentiments et leurs émotions. Un préfet de la Restauration ne disait-il pas dans un rapport de 1821, parlant de Napoléon et de sa légende : « Tout est calme. Seules les imaginations travaillent. »

 Les 45 chroniques qu'Emmanuel de Waresquiel nous propose représentent une roborative balade dans l'histoire présente et passée avec des rapprochements surprenants ou des mises en lumière de phénomènes historiques singuliers qui incitent à la réflexion.

   
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