HOMMAGE
* 2021, année exceptionnelle pour François Mitterrand, marquant : *
- Le 105e anniversaire de sa naissance le 26 octobre 1916,
- Le 40e anniversaire de son accession à la présidence de la République et de l’abolition de la peine de mort en 1981,
- Le 25e anniversaire de sa mort le 8 janvier 1996,
- Le 50e anniversaire du Congrès d’Épinay, en juin 1971.
À la conquête de l’Élysée (1975-80)
Il y a déjà quarante ans, François Mitterrand était élu Président de la République. Son attachée de presse de l’époque nous parle de l’homme qui était alors le secrétaire général du PS. Elle nous livre ici un témoignage inédit que j'ai repris pour réaliser cette fiche.
Diplômée en droit, elle vient jouer les Rastignac à Paris en 1975 pour se lancer dans le journalisme et va trouver François Mitterrand qu’elle avait eu l'occasion de rencontré par l’intermédiaire de sa femme Danielle. Quelques jours après, il lui propose de s'occuper de la presse étrangère accréditée à Paris. A l'époque, François Mitterrand était très peu connu hors de France mais il avait aussi un certain don d'anticipation.
Sacré Mitterrand !
Voilà comment a débuté leur collaboration.
À la ZUP de St-Étienne 1987 Au Vieux-Morvan à Chateau-Chinon en mai 81
Elle débute son travail le 1er mai 1975, comme quoi au PS on bosse même pour la fête du travail. Elle découvre un Parti qui fonctionne comme « une grande famille. » Quelque peu décontenancée sans doute parce qu’elle s’aperçoit « qu’il n’y a pas de hiérarchie » entre les gens et les courants qui structurent le Parti. Les fameux courants dont on a tant parlé se parlaient, échangeaient, « on était vraiment des camarades ». Pas alors de « gauches irréconciliables. » Personne ne pensait à remettre en cause la prééminence du Secrétaire général, même s’il y eut plus tard quelques tentatives de Michel Rocard. « Mais c'était François Mitterrand ».
Un point c'est tout.
En tout cas, cet état d’esprit tenait d’abord à la personnalité de François Mitterrand : « Il décidait, on faisait. Ce n'était pas un patron classique. Il ne donnait pas d’ordres. Il ne nous disait pas : vous devez faire ceci, vous devez faire cela. Il n'était pas sur notre dos. Il disait simplement : je souhaiterais ou vous voulez bien… » Elle le suivit ainsi pendant cinq ans, croisant les grands dirigeants socio-démocrates de l’époque Willy Brandt, Felipe Gonzalez, Mario Soares, Shimon Peres... Elle avait l’impression de se trouver au cœur du pouvoir.
Au Vieux-Morvan, juste avant l'élection Juste après l'élection
Ceci signifie qu’elle l’a connu, côtoyé de très près, estimant qu’elle a travaillé avec un homme d’exception :
« Ses
premières qualités étaient son intelligence et sa grande culture.
J'étais subjuguée par ce qu'il racontait. Il avait tout vu, tout connu.
Il avait quasiment été partout dans le monde et pas comme ça en coup de
vent. S'il allait dans un pays, il s'intéressait à sa culture, sa
littérature et son Histoire. »
Elle parle aussi de ses qualités d’écoute : « Il vous prêtait attention. Quand il vous parlait, il vous parlait vraiment. »
C'est
sa qualité d'écoute qu'elle a particulièrement appréciée, le sentiment
qu'il vous donnait d'être totalement disponible pour établir un dialogue :
« Il
vous donnait l'impression que vous étiez son interlocuteur ou son
interlocutrice. Ce n'était pas juste parler en regardant ailleurs. Ce
n'était pas ça, François Mitterrand. Mais c'était une autre époque, une autre éducation, d'autres façons, d'autres rapports entre les êtres humains. »
Rêveuse, elle trouve que cette délicatesse et ce respect qu’elle aimait en lui ont largement disparu.
Les Mitterrand à Latche en 1974
Peu de temps avant l’élection présidentielle de 1981, elle quitte Paris pour des raisons familiales. Mitterrand est un peu déçu de perdre une fidèle collaboratrice, disant en plaisantant : « Je l'ai laissé au pied des marches du palais. » Il la regretta sans doute, lui pour qui la fidélité constituait une vertu cardinale.
Mitterrand à Foix en 1982
Elle reverra le Président en 1982 pendant une visite officielle et lors de ses passages à Paris jusqu'à une ultime rencontre à l'hiver 1995 à l’Élysée. Malgré la maladie, elle lui trouva une lucidité et une vivacité intellectuelle inaltérées.
Son affection, son admiration sont toujours là, intactes, car dit-elle, « quand vous aimez quelqu'un, il ne vous quitte jamais. »
Voir aussi mes fiches :
► François Mitterrand, 20 ans déjà --
► Hubert Védrine et François Mitterrand--
► Témoignage de Louis Mermaz -- Visite surprise à Saint-Etienne ---
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