« J’ai lutté contre toutes les formes de gouvernement autoritaire et de droit divin, voulant que l’homme se gouverne lui-même selon ses besoins à son profit direct et suivant sa conception propre. » Courbet
Le musée Courbet à Ornans Autoportrait à la pipe 1848
"Courbet" par Valérie Bajou
Le Musée Gustave Courbet se trouve dans l’hôtel Hébert du XVIe siècle, maison natale du peintre à Ornans, dont la façade donne sur la rivière la Loue. L'essentiel de sa collection comprend quelque 75 œuvres de l’artiste, plus des toiles de ses amis et de disciples. C'est sa réouverture après une longue période de travaux qui ont permis d'offrir un nouveau parcours au visiteurs et l'Atelier Courbet a été étendu et largement réaménagé.
Dame à l'ombrelle 1865 Femme nue près d'un ruisseau 1845
Jeunes anglaises à la fenêtre 1865
L’œuvre de Courbet qui s’étend de 1840 jusqu’à sa mort en 1877, se trouve en France dans les grands musées nationaux, à Orsay avec L'Enterrement à Ornans et L'Atelier de l'artiste, au Petit Palais ou au musée Fabre à Montpellier mais aussi maintenant au musée d’Ornans dans le Doubs, son village natal. Et ce surtout depuis de récentes acquisitions comme Le Veau ou un superbe portrait de Juliette sa sœur cadette.
Juliette Courbet 1844 Juliette Courbet à 12 ans
Outre son intérêt pictural, son œuvre est marquée par son réalisme, est
complexe et fait écho à la réalité sociale et politique de son temps.
Les grandes scènes de chasse par exemple, que ce soit Le chevreuil mort,
La curée,
Chiens de chasse, sont de véritables peintures historiques, soulignant
les liens entre le peintre et la nature, vision symbolique de la
souffrance, aussi bien animale qu’humaine. [1]
Coucher de soleil sur le Léman 1874 Château de Chillon sur le Léman 1874
Le réalisme est alors confronté à l’essor de la photographie et Courbet n’échappe pas à cette évolution, ce qu’on voit très bien dans son rapport à Manet ou même à Whistler.
Les casseurs de pierre 1849 Bonjour monsieur Courbet 1854
En ce sens, le musée Courbet d’Ornans organise en cette année 2020 une exposition consacrée aux liens entre Courbet et Picasso.
Falaise d'Etretat après l'orage 1870 Autoportrait à Ste-Pélagie 1871 [2]
Gustave Courbet,
c’est peintre controversé du XIXe siècle, qui signe la fin de
l’académisme et la naissance de l’impressionnisme et fossoyeur de
l’académisme.
Zélie Courbet, sa sœur aînée L'enterrement à Ornans (détail) 1849
Pablo Picasso, c’est l’artiste symbole des évolutions du XXe siècle, initiateur du cubisme et de cet élan vital d’un retour vers l’instinct, clamant « Savoir pour pouvoir, telle fut ma pensée […] faire de l’art vivant, tel est mon but, » interrogeant l’œuvre de Courbet pour nourrir sa réflexion.
La fileuse endormie 1853 Les cribleuses de blé 1854
Le meilleur exemple de cette filiation entre les deux artistes est le tableau de Courbet intitulé Les Demoiselles des bords de la Seine et la réinterprétation qu'en fit Picasso en 1950.
Le saut du Doubs 1852 Papeterie à Ornans 1865
Malgré la différence entre le réalisme des corps de Courbet et la recomposition de Picasso, la composition est pratiquement la même avec la Seine, la barque amarrée au rivage, le contraste des deux robes et l'attitude générale des corps.
Le Veau 1872 Les demoiselles des bords de Seine 1856
La famille Courbet et Flagey
Situé à côté d’Ornans, le petit village de Flagey est le berceau de la famille Courbet qui a toujours été très attachée à ce lieu. Les gens, les paysages bucoliques qu'on retrouve dans plusieurs toiles, ont fortement inspiré le maître d’Ornans qui rendit ainsi célèbre son village.
Les 3 soeurs Courbet 1846 L'après-dîner à Ornans 1849
Son père Régis Courbet était un homme influent et respecté, peut-être maire du village comme l’affirme Gustave dans une lettre. Le cadastre du 19ème siècle qui énumère ses biens, le qualifie de « propriétaire aisé ». C’est après l’incendie de la maison que la famille s’installa pour un temps à Ornans, à l’hôtel Hébert, alors que Gustave avait une douzaine d’années.
Les paysans de Flagey revenant Le chêne de Flagey 1864
de la foire 1852
Une fois la maison reconstruite, la famille passera le plus souvent les beaux jours à Flagey et la mauvaise saison à Ornans.
Bouquet de fleurs 1862 Le chemineau 1848 Villageoise au chevreau 1860
On vivait au rythme des saisons, Gustave
participait avec ses sœurs aux travaux des champs, s’initiant aux
pratiques et aux usages, ce qui eut une grande influence sur son travail
de peintre.Il a d'ailleurs peint les paysages de Flagey et d'Ornans de nombreuses fois.
Le sommeil 1866 Femme couchée 1868
Ce fut pour lui une source d’inspiration, comme notamment Le Chêne de Flagey peint en 1864 du musée d’Ornans ou Les paysans de Flagey revenant de la foire peint vers 1852 au musée de Besançon.
Son ami Max Buchon 1855 Le désespéré 1844
Son ami Jules Castagnary, critique d’art, en séjour à la ferme de Flagey écrivit « qu’il s’en dégageait je ne sais quel parfum rustique, d’un charme tout à fait pénétrant. On s’y aimait beaucoup. »
Bouquet de fleurs 1865 Le treillis 1863
Juliette, sa sœur cadette, fut sa légataire universelle. Elle n’oublia jamais son frère ni son village, finançant par exemple le mécanisme d’horloge et de cadrans du clocher de l’église de Flagey, déclarant : « Les Flagey, je les aime de tout mon cœur… Et je veux qu’ils jouissent de la propriété de mon père qui les chérissait tant. »
Vieil homme buvant du vin 1872 Cerf courant dans la neige 1867
Dernière lettre de Courbet quelques jours avant sa mort, à son père et sa sœur, 23 décembre 1877 : « Soyez absolument sans inquiétude et restez bien tranquillement au chaud, si c’est possible à Flagey. »
Les amants dans la campagne 1865 Chasseur allemand 1855
La collection permanente du Musée Courbet
Elle compte quelque 400 œuvres dont une soixantaine de l’artiste et cette diversité permet d'avoir une idée précise de l’œuvre de Courbet.
Ornans Vue générale Le miroir d'Ornans 1872
Des œuvres de jeunesse (Le Pont de Nahin, 1837) à ses cercles de connaissances (Portrait de Lydie Joliclerc, 1869 ; Portrait d’Urbain Cuénot, 1847), la collection du musée privilégie les thèmes favoris du peintre.
Chasseurs dans la neige 1867
Parmi eux, on peut retenir les plus importants comme les animaux (Le Veau, 1873), les scènes de chasse (Le Renard pris au piège, 1860), les marines (les vues d'Étretat...), et les paysages de Franche-Comté (Le Chêne de Flagey, 1864).
La femme à la vague 1867 Son ami Proudhon et ses enfants 1865
Vieil homme buvant du vin 1872
Les œuvres de la dernière partie de sa vie sont aussi présentes à travers la Commune de Paris (Autoportrait à Sainte-Pélagie, vers 1872) et l’exil en Suisse (Château de Chillon, 1874).
Le parcours intègre aussi des lettres, des dessins, des gravures et des sculptures, permettant de mieux connaître l'homme.
La Loue près d'Ornans Le pont de Nahin à Ornans 1837
En complément : Le destin de deux de ses œuvres
Le retour de la conférence
Cette œuvre datée de 1862, a été jugée scandaleuse et détruite pour une question de morale religieuse.
Depuis
peu, on possède cependant une photo agrandie aux dimensions de
l'original (2,30 x 3,30 m) qui donne une idée de l'effet produit à
l'époque et des réactions suscitées. Ce tableau montre les penchants
républicain et anticlérical de son auteur. Il semble d'ailleurs que Courbet ait voulu, à travers cette toile éminemment provocatrice, tester comme il disait « le degré de liberté que nous accorde notre temps », sous le Second Empire.
Il n'a été déçu. Le tableau aurait en effet été acquis par un catholique rigoriste qui s'est empressé de le détruire.
Retour de la conférence 1863 Vue du lac Léman, 1876 [3]
Le Pêcheur de Chavots
Le Pêcheur de Chavots (poisson de rivière) est la première œuvre que sculpta Courbet en 1860, suite à un défi artistique. Courbet offre le tirage en bronze à Ornans,
sa ville natale. Dès son installation sur la place des Îles-Basses
(actuelle Place Courbet), c’est la polémique car elle représente, dans
sa première version, un enfant entièrement nu. Une pétition n’y change
rien. Mais, après sa participation à la Commune, la statue est mutilée, puis retirée de la fontaine de la place.
Courbet donne alors l’original en bronze à son ami Alexis Chopard. En 1882, Juliette la sœur cadette de Courbet en fait de nouveau don à Ornans. Et lors d’une commémoration, la statue est réinstallée sur la fontaine de la place Gustave Courbet.
Le pêcheur de chavots Vendange à Ornans 1864
(copie dans le hall de la mairie)
Notes et références
[1] Dans
ce genre, on peut noter : Biche morte et La curée (1857), Chiens de
chasse et le chevreuil mort (1858), Cerf courant sous bois (1865), Le
renard pris au piège (1860), Combat de cerfs (1861), Remise de chevreuil
en hiver (1866), L'hallali du cerf et chasseurs dans la neige (1867).
Voir aussi Courbet, Notes sur la chasse, BNF et Michèle Haddad, Courbet peintre et chasseur, catalogue exposition Ornans 2007
[2] Autoportrait à Sainte-Pélagie
(1871). En mai 1871, accusé d'avoir participé à la Commune, et jugé
complice de la destruction de la colonne Vendôme, Gustave Courbet est
condamné à 6 mois de prison à Sainte-Pélagie.
[3]
Ce tableau du musée de Granville fut longtemps considéré comme un faux
avant d'être "réhabilité" il y a quelques années. Il fait partie de ses
dernières toiles peintes pendant son exil en Suisse
Voir aussi
* Mon fichier Gustave Courbet, La Vague --
* Courbet, Autoportraits -- Courbet-Ornans --
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<< Christian Broussas, Courbet Ornans 07/07/2021 © • cjb • © >>
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