Claire Castillon a rencontré assez rapidement un succès d’estime avec des romans comme Le Grenier et Insecte qui l’ont fait connaître au-delà de nos frontières. Depuis, son succès ne s’est guère démenti et lui a valu de recevoir plusieurs prix dont le Grand Prix Thyde Monnier en 2004 et le Prix Marie-Claire en 2015.
Mais qu’est-ce qui fait le charme de Claire Castillon qui vient de publier un dernier roman intitulé Son Empire ? Peut-être ses thèmes de prédilection centrés sur la famille et les rapports conjugaux. Plus sûrement sa façon incomparable de décortiquer les sentiments dans les tragi-comédies qu’ils s’ingénient à vivre. Avec certitude un style direct et même rugueux qui n'appartient qu'à elle.
« Lire un roman de Claire Castillon,
écrit une libraire, c’est accepter d’être bousculé, choqué. Derrière
une écriture féroce, se cache une vraie finesse psychologique, une
volonté de comprendre, de croire encore en l’humain. »
Pour en avoir une idée, on peut se référer aux trois fiches que j'ai consacrées à son recueil de nouvelles Les couplets ainsi qu'à ses deux romans Les Merveilles et Ma Grande.
Si elle s'intéresse beaucoup à l'actualité, ses thèmes favoris se structurent autour du couple et de la famille.
Sans revenir sur ces trois fiches prenons quelques exemples, dans Miss Crampon, elle parle entre autres de tolérance et de harcèlement scolaire, dans son recueil Rebelles, un peu, ce sont plutôt des tragi-comédies que vivent des adolescents, dans L’âge au fond des verres, c'est une chronique de la relation d’une ado avec des parents âgés et Insecte est centré sur la relation mère-fille.
Il en est de même pour des ouvrages comme La reine Claude qui n'a rien à voir avec une bio historique mais une révolte contre l’injustice de la maladie et des ouvrages plus récents sur lesquels je me propose de revenir, tels Marche blanche, basée sur la disparition mystérieuse d’une enfant ou Son emprise, histoire d’un homme pervers qui harcèle sa compagne.
Marche Blanche, Gallimard, 176 pages, 01/2020
Hortense, quatre ans, a subitement disparu. Dix ans ont passé, en vain. Enquêtes et marches blanches, rien n’a réussi. Le père Carl survit comme il peut mais sa femme voit peu à peu ses facultés mentales décroître.
Elle est persuadée qu’Hortense est toujours vivante, quelque part, surtout depuis l’installation de nouveaux voisins dont leur fille Hélène serait selon la femme de Carl, le portrait craché d’Hortense.
Elle vit dans son monde mais n’en est pas moins d’une lucidité
surprenante sur son entourage. Elle sait qu'il lui faut pourtant « Revenir au concret pour empêcher mon esprit de fabriquer des rêves indépendants qui échappent à la réalité. » (p.28)
Bien sûr, Hélène ne peut être que sa fille, sa folie lui tient lieu de réalité. Selon l’auteure, c'est déjà arrivé et « les miracles arrivent quand il n'y a plus d'espoir. »
Son Empire, Gallimard, 160 pages, 06/2021
Elle a sept ans et assiste impuissante à la lente descente aux enfers de sa mère. Les cadeaux qu’il offre à la fillette ne la rassurent pas. Sa mère est devenue comme un pantin, lui il en fait ce qu’il veut.
Ses
proches ont beau la mettre en garde, rien n’y fait. Il prétend pourtant
l’aimer mais il a de curieuses façons d’aimer. En fait, c’est un type
dangereux, un parano jaloux qui ment et la manipule sans limites. Un
homme qui va prendre le pouvoir, exercer son "empire" sur elle, annihiler sa volonté et la détruire peu à peu.
Dans cette insupportable intimité, Claire Castillon prend un malin plaisir à disséquer leur relation, à examine ce rapport sado maso destructeur.
Mes fichiers Claire Castillon
►Les couplets -- Les Merveilles --
► Ma Grande --
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