Référence : Jean-Paul Cointet, Hippolyte Taine, Un regard sur la France, éditions Perrin, 440 pages, 2012
« J'ai beaucoup étudié les philosophes et les chats. La sagesse des chats est infiniment supérieure. » Taine
Je profite de la réédition de cette biographie de Jean-Paul Cointet consacrée à Hippolyte Taine pour écrire cette fiche après celles que j’ai consacrées à ses contemporains Jules Michelet et Ernest Renan.
J’aurais tendance à écrire sur Taine (1828-1893) un peu la même chose que pour Renan.
Il a aussi joué un rôle considérable, eut beaucoup d’influence à son
époque sur la façon d’envisager l’histoire et malgré tout, il n’est plus
guère lu maintenant justement sans doute parce que ses idées ont si
bien été intégrées qu’elles paraissent maintenant tout à fait
naturelles.
Comme l’écrit l’auteur, « on a du mal aujourd’hui à se représenter l’importance, pour plusieurs générations, en France et dans le monde, de son œuvre. » Ce frondeur n’était pas en odeur de sainteté chez les autorités du Second Empire. Il a appliqué la méthode scientifique à l’étude de l’histoire, discutant le mythe révolutionnaire pour « remonter aux sources de notre modernité. »
Taine et Renan se connaissaient fort bien, ce dernier assista à son mariage avec Thérèse Denuelle en juin 1868 et ils furent voisins à Boringe, sur les bords du lac d’Annecy où Taine possédait une propriété. Mais les deux hommes, souvent en rivalité, ne s’appréciaient pas vraiment.
Il fut aussi un grand voyageur, critique d'art réputé, philosophe de l'histoire guidé par la passion de la vérité et un excellent écrivain. Il connut le succès avec des œuvres comme Voyage aux Pyrénées, Histoire de la littérature anglaise, De l'intelligence mais c’est surtout avec Les Origines de la France contemporaine, publiée entre 1875 et 1893, qu’il fut reconnu comme l'un des plus grands historiens français de son époque.
« Le moyen de s'ennuyer est de savoir où l'on va et par où l'on passe. » Taine
Taine s'intéresse beaucoup à l'histoire contemporaine même s’il répugne à tout engagement politique. Comme Guizot,
il admire le modèle politique anglais et serait plutôt pour une
monarchie constitutionnelle, ce qui n'arrange pas ses affaires avec les
autorités du Second Empire. Très marqué par l'épisode de la Commune qui l’oblige à fuir Paris, il se rallie à la République conservatrice de Thiers qui lui semble proche d'une monarchie modérée. [1]
Il collabore à plusieurs publications dont La Revue des Deux Mondes et le Journal des Débats, participant aussi à la création de l’École libre des sciences politiques (sciences po) fondée par son ami Émile Boutmy.
Il fut aussi un grand voyageur en France,en Angleterre où il fit trois séjours, dont il appréciait le régime et la culture libérales avec des auteurs comme John Stuart Mill, en Allemagne avec des philosophes comme Hegel qu’il lit en allemand ou encore Herder et également en Autriche et en Italie.
Sa liaison avec la romancière allemande Camille Selden dura près de dix ans avant son mariage avec Thérèse Dénuelle.
Son
image brouillée est sans doute le résultat du conservatisme de l'homme
comparée à la curiosité de l'historien et à la difficulté de cerner une
pensée complexe. Elle s'explique aussi par la diversité de son œuvre,
depuis son guide touristique Voyage aux eaux des Pyrénées (1855), sa thèse sur Les Fables de La Fontaine (1860), ses tableaux de mœurs dans Notes sur Paris, Vie et opinions de M. Frédéric-Thomas Graindorge (1867) ou des essais comme Les philosophes français du XIXe siècle (1857) et L’histoire de la littérature anglaise (1864).
Son malheur fut aussi que son image a été récupérée par des réactionnaires comme Maurice Barrès ou Charles Maurras.
Notes et références
[1] On pourrait lui reprocher de s’être opposé, à partir de 1870, au suffrage universel « par réelle peur sociale » écrit l'auteur.
À Voir aussi
► Jules Michelet -- Ernest Renan --
►Les écrivains et la Commune --
<< Christian Broussas, Cointet/Taine, 30/07/2021 © • cjb • © >>
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