jeudi 9 décembre 2021

Cécile Coulon, Seule en sa demeure

 Référence : Cécile Coulon, Seule en sa demeure, Éditions de l'Iconoclaste, 333 pages, août 2021

           
Cécile Coulon en 2020             Avec Gaëlle Nohant

Voilà une écrivaine originale qui trace peu à peu sa route dans les chemins arides de la littérature.  Elle tient à rester dans son Auvergne natale loin des salons parisiens. De sa jeunesse, elle dit : « J’ai passé les dix-huit premières années de ma vie à Saint-Saturnin dans le Puy-de-Dôme, un village situé à 25 kilomètres de Clermont-Ferrand.Nous vivions avec mes deux grands frères dans une vieille maison retapée par mes parents, un cocon à 200 mètres de chez mes grands-parents. Je ne me suis jamais dit que je m’ennuyais ou que j’avais envie de partir. »
Elle a d’ailleurs précisé dans une interview : « Je tords le cou à l’idée qu’il faudrait quitter son lieu de naissance pour réussir. »


Cécile Coulon et Jonathan Coe     Cécile Coulon et Marie Brunel

Elle aime développer des univers typiques et camper des personnages au fort caractère et au destin compliqué. Pour elle, « écrire, c’est faire aimer des personnages totalement inadmissibles dans la vraie vie. » En matière de style, la grande sportive qu’elle est pense que « comme dans la course à pied, il y a un rythme dans l’écriture. »

J’avais déjà évoqué son parcours lors de la sortie de son précédent roman dans un texte intitulé simplement Cécile Coulon, le parcours de cette douée de l’écriture et son roman le plus connu intitulé "Une bête au paradis".

          
Seule en sa demeure            Trois saisons d’orage

Seule en sa demeure

Dans son dernier roman Seule en ma demeure, elle nous transporte au XIXe siècle, au temps des sociétés patriarcales, confinées et secrètes, difficiles à pénétrer. L’atmosphère que Cécile Coulon nous propose est très mystérieux, pleine de tabous et de non-dits, proches d’univers à la Émilie Brontë et à ses Hauts de Hurlevent ou à la Sarah Waters

                     
Cécile Coulon et la poésie           Cécile Coulon Les ronces

Le domaine Marchère apparaît à son héroïne «  comme un paysage après la brume. Jamais elle n'aurait vu un lieu pareil, jamais elle n'aurait pensé y vivre. »
Cécile Coulon se joue des codes du huis clos, des histoires policières ou du roman gothique anglais et de personnages qu’on a guère de mal à imaginer. Ses descriptions créent cette atmosphère inquiétante qui amorce le mystère des lieux : « Le château se fondait dans la végétation, comme s'il était né de la forêt… habillé par ses feuilles et ses plantes grimpantes et pourtant étincelant et propre comme les costumes de Candre. » Si certains secrets sont révélés, ce n’est pas ceux qu'on imaginait.

       
Une bête au paradis     


À dix-huit ans, Aimée son héroïne est mariée par sa famille à Candre,  un riche propriétaire du Jura, une terre aux épaisses forêts, un homme froid et distant. Un jour, elle apprend qu’il a déjà été marié et que très vite il s’est retrouvé veuf. Ce qui n’est pas fait pour la rassurer.

         
                           
Cécile Coulon à Clermont en 2019

La peur peu à peu l’envahit, les murs lui semblent hantés, la nuit elle entend d’étranges cris d’oiseaux, elle sent aussi l’emprise d’Henria la servante intrusive dont le fils Angelin apeuré, fuit dès qu’on veut l’approcher.
La situation se dégrade avec l’arrivée d’Émeline,  professeure de musique, où le climat est tendu et les silences lourds de sous-entendus. Le domaine devient un théâtre d’ombres où dit-elle, « les âmes enterrent leurs fautes sous les feuilles et les branches, dans la terre et les ronces, et cela pour des siècles. »

Seul son cousin Claude avec qui elle a été élevée et qui sont restés proches l’un de l’autre, va percevoir le malaise qui peu à peu la ronge.

 
Remise du prix des libraires

<< Christian Broussas, Coulon 02/10/2021 © cjb © >>

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