jeudi 30 juin 2022

JMG Le Clézio et la poésie Tang

 JMG Le Clézio : Le flot de la poésie continuera de couler

Écrivain voyageur, JMG Le Clezio nous entraîne dans la découverte de la poésie chinoise de l’époque Tang. Ce recueil de poésie est accompagné d’explications littéraires et historiques que nous apporte l’auteur.
Le titre choisi par Le Clézio « Le flot de la poésie continuera de couler » est l’épitaphe inscrit sur la tombe du poète Li Bai.

  

L’ouvrage est centré sur l’œuvre du grand poète classique chinois Li Bai, par exemple à travers un de ses poèmes les plus connus, un homme « assis devant le mont Jingting, un lieu d’immobilité et de majesté ».
C’est par ce poème que Le Clézio a découvert Li Bai et la poésie chinoise de l’époque Tang. Cette dynastie a régné sur l’empire chinois de 618 à 907, considérée comme une époque d’unité, de prospérité et de perfection de l’art. Mais elle a aussi connu une longue guerre civile entre 755 et 763.

          
Wang Wei                                   
L’empereur Sui Yangdi 643    

Outre Li Bai l’aventurier amoureux de liberté, héros romantique, Le Clézio présente en particulier son ami Du Fu qui subira l’influence combiné de Confucius et de Bouddha.
Sa poésie est tournée vers la vie, d’abord celle du peuple, et dénonce la guerre, cette guerre civile interminable, dénonçant son horreur comme dans son poème : « La troupe des recruteurs au village de la butte aux pierres ».

               
Du Fu                                                                Li Bai  

Les poètes de cette époque chantent d'abord les subtils tremblements d’une nature où l’homme se sent vraiment petit. Avec d'autres poètes comme Wang Wei ou Bai Juyi, Li Bai fut un poète du genre aventurier et contemplatif. Il est en exil lorsqu’il répond par un poème à son ami le poète Du Fu qui s’inquiète d’être séparé de lui.

Le Clézio présente la poésie de l’époque Tang à travers quelques thèmes qu’il a définis : l’errance qu’il lie à la liberté malgré les dangers que rencontre le voyageur et le vin. Li Bai se décrit comme un « immortel dans le vin », l’ivresse est une source d’inspiration et de démesure, comme chez certains primitifs, une voie vers l’immortalité. L’amour, « source des plus beaux poèmes jamais écrits » est célébré, surtout  l’amour conjugal qui peut être un contrepoids à la brutalité des mœurs de l’époque. Car la vie est fort difficile, une existence qui connaît trop souvent, outre la guerre, la faim, la peur et l’exil.

 
Grand Bouddha de Leshan

Il est en l’occurrence en avance sur les mœurs de son époque, d’autant plus qu’il parle aussi de la souffrance et  de la solitude des femmes et célèbre la nature comme dans un des poèmes les plus célèbres de ce temps, « Pluie bienfaisante par une nuit de printemps ».

          
Fresque murale, tombeau de Li Xian's

C’est un livre dont les illustrations et les calligraphies sont remarquables et qui exprime toute l’appétence ancienne de Le Clézio pour la poésie chinoise classique. Les poèmes choisis ont été traduits par l'un de ses amis chinois le professeur Donc Quang.

  
Femmes aux fleurs de Zhou Fang


C’est aussi une excellente occasion de s’initier à la poésie chinoise classique, ce qui n’est pas si fréquent, y compris d'autres auteurs fort intéressants, d’apprécier l’harmonie de la conception poétique. On y découvre aussi une civilisation chinoise à son apogée, curieusement mélange d’art et de violence où la nature joue un rôle dominant, une nature « qui console l’homme des avanies de l’histoire ».

 
L’ère Tang : un temps de prospérité

Selon JMG Le Clézio, « la poésie Tang est sans doute le moyen de garder ce contact avec le monde réel, elle nous invite au voyage hors de nous-mêmes... »

      
Statuettes du musée d’histoire de Shaanxi Xi’an  

"Au nord du rempart" de Li Bai (traduction JMG Le Clézio)

Au nord du rempart se dressent les montagnes vertes
La ville, à l’est, est ceinte par les eaux blanches
C’est ici même que nous allons nous séparer
Et commence pour chacun la longue marche solitaire
Les nuages flottants reflètent l’état d’âme du voyageur
Le soleil couchant comprend si bien les sentiments de l’amitié
Un geste de la main et à chacun sa route
Laissons les hennissements des montagnes chevaux entrer en résonance.

Li Bai


Sculptures des grottes de Longmen

Voir aussi
Document utilisé pour la rédaction de l’article * Li Bai, Trois poèmes -- Li Bai diplomate --
Document utilisé pour la rédaction de l’article * Mo Yan, Biographie et Le veau --
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<< Christian Broussas Le Clézio " la poésie Tang © CJB  °°° 00/00/2022  >>
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